Intéressant topic qui fait suite également à mes questions existentielles initiées sur le topic de Varèse il y a quelques semaines...
Je pense aussi que CD est en train de mourir sérieusement... et je suis pas mal placé pour le savoir étant disquaire à mi-temps à la Fnac ! Heureusement que c'est qu'un job d'ailleurs car si j'étais disquaire à temps plein depuis 10 ans comme certains de mes collègues, je déprimerait. Il va falloir sérieusement penser à la reconversion du métier de disquaire (je vois pas trop comment) mais bon je suis HS, là...
Je me répète mais pour moi le combo idéal c'est vinyle + digital download, malheureusement encore trop rare. Evidemment le vinyle prends de la place mais si on veut écouter la musique chez soi tranquillement avec une haute qualité sonore, y'a pas mieux. Et puis il y a encore ce rapport à l'objet comme le décris Richard Kraft, qu'il n'y a pas avec le CD (ou en tout cas beaucoup moins). Je peux passer des heures à regarder mes pochettes de vinyle ; pour les pochettes de CD, faut vraiment que les liners notes m'intéressent pour que je scotche dessus (cas exceptionnel : le digipack de ENCOUNTERS OF THE THIRD KIND qui est vraiment magnifique avec de belles photos et d'excellentes interviews à l'intérieur). Pour tout le reste (sur l'ordi, dans la rue, en voiture, sur la plage), le numérique / iPod reste le meilleur ami du musicophage, avec une qualité de son tout à fait suffisante dans l'immense majorité des cas (mp3 à 256 ou plus, ou format m4a), et malgré tout la possibilité (dans le cas de l'iPod Classic ou Touch) de garder un lien avec le visuel de la pochette grâce à cover flow. C'est d'ailleurs un détail qui peut paraître anodin mais je trouve que c'est un atout énorme qui me donne l'impression d'avoir réellement mes disques en main, de disposer de ma discothèque complète y compris les covers.
Déjà, le vynil n'a pas été enterré complètement, on voit certaines éditions d'albums metal dans le catalogue trimestriel de Nuclear Blast !
On vient d'agrandir le rayon vinyle dans ma Fnac ! Et je crois même savoir que Gordon Pym a commandé quelques bandes originales en vinyle pour le rayon des Champs (il confirmera)... Et je suis passé au Virgin des Champs il y a quelques jours : le rayon vinyle est immense !! C'est un énorme revival ! Les rééditions d'albums cultes (Beatles, Cure, Stones, Bowie, Jackson et j'en passe) fourmillent littéralement, pour le plus grand bonheur des amateurs de musique, et c'est fou également le nombre de nouveautés qui paraissent également en vinyle. D'ailleurs j'ai moi-même acheté le dernier Arcade Fire en LP car je trouvait le CD ridicule... Vraiment, l'offre s'étend considérablement et on peut aujourd'hui se faire une vraie discothèque en vinyle, avec autant de nouveautés que d'anciennetés. Bien sûr, y'a pas encore la même offre qu'en CD ou en téléchargement, mais bon qui sait, ça viendra peut-être si cette tendance s'affirme. J'avoue que j'ai quelques doutes car la majorité des gens sont fondamentalement feignants et donc j'imagine que retourner un disque après avoir écouté une face est un défaut du support, ainsi que sa grande taille, et/ou sa relative fragilité... Mais pour les amateurs de musique, j'espère que le vinyle sera toujours là et bien vivant.
Quant au téléchargement payant, en ce qui me concerne je trouve ça plutôt attractif pour tous les avantages suivants (bien plus nombreux que le seul contre-argument de la soit-disant régression sonore) :
- offre plus riche, a priori (c'est pas encore totalement le cas mais à terme, les plate-formes se multipliant, on pourra trouver de vraies perles introuvables et en ce qui me concerne, autant en BO qu'en rock, cela me ravit, car mes coups de coeur musicaux sont souvent les plus difficiles à trouver en CD)
- modèle économique beaucoup plus souple, on le voit déjà avec la musique de film (particulièrement en France) : une petite BO d'un petit film aura au moins sa chance d'être achetée et écoutée, chance inexistante avec le modèle économique du disque qui est ultra-lourd (pressage physique + transport et distribution + marge du revendeur, etc)... On peut donc s'attendre à avoir davantage d'offre !
- plus d'éditions limitées à la noix qui font que les retardataires se font enfler pendant que d'autres revendent des Cds au double du prix sur eBay... (j'avoue que j'ai été concerné par les 2 cas !)
- plus (ou en tout cas moins) de diktat des grosses majors qui envahissent le marché avec de la musique de masse, au profit d'une part plus importante d'indépendants (privilégiant variété, richesse, découverte)
- rééditions de trucs rares à la pelle... Que demande le peuple ?
Bien sûr tout cela est aussi une mise à mort des disquaires et de tout un tas d'intermédiaires de la chaîne du disque, et même en digital download il y aura sans doute des gagnants et des perdants (j'espère qu'Apple fera pas trop le patron), mais il n'est pas impossible de voir aussi se développer des plates-formes spécialisées et/ou des labels indépendants proposant leur propre contenu sans passer par les grandes plate-formes...
Donc que Varèse ou d'autres se mettent au digital pour les nouveautés, je n'y vois que des avantages. Ce qui risque de poser un réel problème au final, c'est le budget qu'on va allouer à cela au quotidien. Pour l'instant je trouve globalement les vinyles trop chers (quasiment rien à moins de 18-20 euros) et le prix d'un album numérique encore excessif : 9,99 euros ça reste une somme. Je pencherais plus vers quelque chose comme 5 ou 6 euros, qui est d'ailleurs le prix de la version numérique de THE SOCIAL NETWORK de Trent Reznor & Atticus Ross (je vérifie : 6,99 sur iTunes et 4,99 sur Amazon !)... Il y a aussi potentiellement les abonnements : ça marche déjà pas mal avec le cinéma, pourquoi pas avec la musique ? Là c'est clair que n'étant pas du tout au courant des modèles économiques je peux rien argumenter, mais bon l'idée fera peut-être son chemin... On pourra aussi débattre de la même chose qui titille les actuels collectionneurs de BO : trop d'offre tue la musique ! On n'a plus le temps d'écouter ! L'illimité ou la gratuité ne sont donc peut-être pas la meilleure solution, en tout cas qualitativement. Mais à mon avis, il y a encore des choses à faire, quitte à révolutionner toute la chaîne, de la source jusqu'à l'auditeur en passant par les intermédiaires, faut que les moeurs changents, que ça évolue. Pour l'instant c'est encore très flou car personne ne sait où tout cela va nous mener et à cause de la crise, personne n'a envie de prendre de risques, mais il faudra bien pour que ça bouge...