Skyfall

[Lee Van Cleef]

Sur la foi d'un trailer bourré de pains dans les gencives, de destruction à grande échelle et de dandysme goguenard, tout le monde semble vouer une confiance aveugle au prochain chapitre des aventures de 007. Aux antipodes de l'enthousiasme général, le vieux Van Cleef voit plutôt moult raisons de conserver sa garde haute. Rien que l'inévitable retour de M suffirait à m'inciter au plus noir pessimisme. Pourtant excellente comédienne, Judi Dench n'en finit plus de me faire grincer des chicots dans son rôle de marâtre castratrice qui fait rien qu'à souffler dans les bronches du malheureux Bond. "Mommy was very bad", nous confie d'ailleurs Javier Bardem, des fois que certains candides n'auraient pas encore compris, depuis GoldenEye, qui manie la cravache.

Et puisqu'on parle de Javier, tiens ! Avec son cuir mode et sa tignasse blond platine que doit déjà jalouser Nicolas Cage, ce méchant-là ne réussira peut-être même pas à faire oublier l'apathie chronique de son prédécesseur Matthieu Amalric. Faut dire que, non content d'être affublé d'un look "autre" dont je ne le vois pas cette fois se dépêtrer avec autant de panache que dans No Country for Old Men, l'acteur doit croiser le fer avec des scénaristes retors qui ont manifestement imposé à l'ensemble du casting des dialogues pas piqués des vers. Franchement, la moindre des répliques que compile le trailer me turlupine à force de jouer la désinvolture affectée et l'ironie boursouflée. On se demande bien, au milieu de toutes ces tronches de biais et de ces tristes éclairages monochromatiques, où diantre peut être planquée la coolitude réjouissante que vantent les premiers échos.

[Wyatt Earp]

Le film est nettement plus réussi que Quantum of Solace, mais moins que Casino Royale. On sent une grosse influence Dark Knight dans le script et dans des scènes de dialogue à rallonge qui plombent la première partie du film, après un pré-générique formidable en termes d'ampleur et d'action. On reconnaît très bien la patte de Sam Mendes : très belle lumière, plusieurs plans magnifiques, forte tension dans les échanges entre les personnages (la rencontre avec Bardem, excellent, est mémorable), jusqu'à un dernier acte en forme d'hommage aux Chiens de paille dans la lande Ecossaise. Il manque une grosse scène d'action au milieu : on n'a droit qu'à une bagarre très brutale en ombres chinoises et à l'exécution efficace mais rapide de quelques bad guys, dont une lors d'un combat dans une fosse à (gros) reptiles que n'auraient pas renié les 007 de la période Roger Moore.

[Bmcready]

Le film est nettement plus réussi que Quantum of Solace, mais moins que Casino Royale. On sent une grosse influence Dark Knight dans le script et dans des scènes de dialogue à rallonge qui plombent la première partie du film, après un pré-générique formidable en termes d'ampleur et d'action. On reconnaît très bien la patte de Sam Mendes : très belle lumière, plusieurs plans magnifiques, forte tension dans les échanges entre les personnages (la rencontre avec Bardem, excellent, est mémorable), jusqu'à un dernier acte en forme d'hommage aux Chiens de paille dans la lande Ecossaise. Il manque une grosse scène d'action au milieu : on n'a droit qu'à une bagarre très brutale en ombres chinoises et à l'exécution efficace mais rapide de quelques bad guys, dont une lors d'un combat dans une fosse à (gros) reptiles que n'auraient pas renié les 007 de la période Roger Moore.

Tu donnes envie en tout cas

[Wyatt Earp]

En tout cas j'ai hâte de le revoir, ce qui n'avait pas été le cas avec QoS.

[BarryTheBest]

En tout cas j'ai hâte de le revoir, ce qui n'avait pas été le cas avec QoS.

est ce que ce film est "différent" dans la série des 007 ? tout comme OHMSS l'était à son époque...par son très bon réalisateur monteur Peter Hunt.

[Wyatt Earp]

Oui, en quelque sorte, même si c'est très loin de valoir OHMSS et d'être aussi romantique.

[BarryTheBest]

Oui, en quelque sorte, même si c'est très loin de valoir OHMSS et d'être aussi romantique.

c'est tout ce que j'attendais...espérons qu'un jour Nolan puisse en réaliser un !

[Wyatt Earp]

Pas la peine, Skyfall, c'est déjà du Nolan !

[Malastrana]

Pas la peine, Skyfall, c'est déjà du Nolan !

Ah mince, donc après s'être fait couper les couilles dans les années 90, être devenu pleurnichard à partir 2006, voilà que Bond est désormais asexué. Bon 50e anniversaire 7 ! (non, y a plus le 00 de son insigne, jugé sexiste. On coupe tout ce qui dépasse je vous dis...).

Prochaine étape: des James Bond Boys ?

[Wyatt Earp]

Je ne vois pas en quoi Casino Royale a rendu 007 pleurnichard. A ce moment-là, on peut dire la même chose de OHMSS, voire de Tuer n'est pas jouer. C'est d'ailleurs dans ces trois films qu'il est le plus proche du personnage tel que Ian Fleming l'avait pensé. James Bond n'est pas un flic de chez Olivier Marchal, non plus.

[Lee Van Cleef]

Ah mince, donc après s'être fait couper les couilles dans les années 90, être devenu pleurnichard à partir 2006, voilà que Bond est désormais asexué. Bon 50e anniversaire 7 ! (non, y a plus le 00 de son insigne, jugé sexiste. On coupe tout ce qui dépasse je vous dis...).

Tu ôtes littéralement les mots assassins qui couvaient au fond de ma bouche parcheminée. A en juger tout ce que l'on a déjà pu entendre de dangereusement enthousiaste au sujet du film (jusqu'au track listing de l'album, dont l'avant-dernière piste s'intitule en toute simplicité... Mother !), c'est à tous les coups un affrontement fratricide du plus mauvais aloi qui nous attend au tournant, avec M observant d'un air réprobateur ses deux garnements de rejetons (OO7, le bon sujet, et Bardem, la mauvaise graine) se foutre sur le portrait. J'espère de tout coeur me fourvoyer, car ce Bond-là, "sensible", "fragile", "humain" et Dieu sait quelles autres billevesées, j'en ai sincèrement soupé ! Je veux que le gaillard retrouve enfin sa morgue, son insolence et sa misogynie disparues. Je veux qu'il use à satiété de son permis de tuer sans que l'on ne vienne dans la foulée lui faire une putain de leçon de morale, je veux le voir fumer et boire avec un rictus ironique disant aux ligues de vertu d'aller se faire empapaouter, et je veux qu'il baise tout ce qui porte un jupon sans qu'aucune saillie pseudo-romanesque ne gâte aussitôt son plaisir égoïste. Mais le monde a changé, me souffle-t-on au creux de l'oreille, et mille fois hélas, James Bond avec lui.

[Malastrana]

Je veux que le gaillard retrouve enfin sa morgue, son insolence et sa misogynie disparues. Je veux qu'il use à satiété de son permis de tuer sans que l'on ne vienne dans la foulée lui faire une putain de leçon de morale, je veux le voir fumer et boire avec un rictus ironique disant aux ligues de vertu d'aller se faire empapaouter, et je veux qu'il baise tout ce qui porte un jupon sans qu'aucune saillie pseudo-romanesque ne gâte aussitôt son plaisir égoïste.

Pour sur que moi j'me serais pas laissé latter les couilles comme l'autre endive dans Casino Royale. Question de savoir vivre.

[Wyatt Earp]

Si ça peut vous rassurer, dans Skyfall, 007 n'est pas romantique, mais alors pas du tout ! Et justement, la " trilogie " Craig construit le personnage tel qu'on le connaissait avant, à savoir identique à la description qu'en donne Lee.

[Homer]

Pas la peine, Skyfall, c'est déjà du Nolan !

Aïe.

[Malastrana]

Si ça peut vous rassurer, dans Skyfall, 007 n'est pas romantique, mais alors pas du tout ! Et justement, la " trilogie " Craig construit le personnage tel qu'on le connaissait avant, à savoir identique à la description qu'en donne Lee.

J'attends de voir, mais moi Bond j'aurais souhaité l'admirer dans toute sa gloire dès Casino Royale. 3 films pour construire un personnage qui existe depuis 50 ans au cinéma, c'est d'un vain (et au final ça fait 3 films sans Bond). Un peu comme si quelqu'un faisait 3 films métaphoriques sur Batman qui se construit (donc 3 films sans Batman).

[Nesquik]

Un peu comme si quelqu'un faisait 3 films métaphoriques sur Batman qui se construit (donc 3 films sans Batman).

Là on voit pas du tout de quoi tu veux parler

[Misquamacus]

C'est bizarre, vous parlez comme si le personnage de Bond vous appartenez... Je trouve justement intéressant plusieurs lectures et plusieurs visions.

[Soundtrackman]

Vu et Lee a mit dans le 1000....
Javier Bardem est top dans son interprétation de la Castafiore... Ou de Dalida.... On va l'appeler Dalifiore dans le doute...

[Pierrebrrr]

J'en sors.
Bardem, c'est la catastrophe totale. Son monologue de folle, filmé en plan séquence, il faut le voir pour le croire. On dirait une scène coupée d'Austin Powers, j'exagère à peine.
Sinon, une fois n'est pas coutume, je ne vais pas spoiler partout. Le film n'est pas bon, mais ce n'est pas non plus la catastrophe. Après avoir fait le Bond à la Bourne, on a le Bond à la Nolan, mais version simplifiée. donc pour tous ceux qui rigolent doucement quand ils lisent que les scénarios de Nolan sont "cérébraux", "vertigineux" "complexes", attendez de voir Skyfall, là pas de soucis on ne perd personne en route. C'est très mou, mais en même temps, on nous épargne le filmage à l'épaule, et les faux morceaux de bravoure, ce qui n'est pas plus mal. le gros souci du film, c'est qu'il est construit suivant une pente impeccablement descendante: on commence avec un bonne scène d'action, qui à l'air d'avoir été shootée une fois le film fini pour avoir des plans à mettre dans le trailer, mais qui est tout de même un sacré morceau, on enchaîne avec un générique à tomber de son fauteuil, un des sommets de la saga, et ensuite, les premières scènes nous promettent effectivement un scénario plein de ramifications et de retournements de situation. Que nenni ! ça s'étire en longueur en évitant de moins en moins le ridicule, et l'histoire aboutit finalement à un conflit vraiment très très peu élaboré. Personnellement, quand Bardem arrive dans le film, j'ai décroché.
Dommage,pendant une demi heure, sans trouver ça exceptionnel, je trouvais que tout se passait bien, j'appréciais le spectacle, me félicitant, tout du même, de la solidité du savoir-faire hollywoodien et du charisme inentamé de l'univers bondien. Et pan voilà Renatto. Tant pis.
Ah oui, Craig est parfait, et on nous évite tout de même les pleurnichades dans le wagon-bar de l'abominable Quantum of Solace, que ce Skyfall dépasse tout de même d'une demi-mèche. Blonde.

[Pierrebrrr]

(la rencontre avec Bardem, excellent, est mémorable)

Mémorable, c'est sûr.

[Lee Van Cleef]

Ah oui, Craig est parfait, et on nous évite tout de même les pleurnichades dans la wagon-bar de l'abominable Quantum of Solace, que ce Skyfall dépasse tout de même d'un demi-mèche. Blonde.

Au rayon mélo odieusement lacrymal, les remugles freudiens du climax final, où Bond traîne dans les vestiges du manoir familial son "traumatisme infantile non résolu", ne sont pas mals non plus (et bon sang, Wyatt, si tu persistes à oser jeter à cette scène autant de fleurs qu'au Straw Dogs de Peckinpah ou au Vieux Fusil, je ne répondrai plus de mon katana !). Mais puisque le jargon du cinéphile moderne appelle "blockbuster intelligent" ce genre de fatras simili-introspectif, incrusté vaille que vaille au menu du cahier des charges hollywoodien, je dois fatalement filer un très mauvais coton pour pinaille encore et toujours au lieu de me prosterner de bonne grâce. Heureusement pour la justice et le bon goût, Sam Mendes, lui, n'ignore rien du nectar dont le public d'aujourd'hui aime à s'abreuver. Et il le prouve en transformant Skyfall à mi-parcours en remake même pas déguisé de The Dark Knight, avec en guise de Joker un Javier Bardem hors des rails, loin, si loin du méchant terrifiant qui devait soi-disant mener la vie dure à Daniel Craig.

Au passage, ce dernier, peut-être plus encore que sur les épisodes précédents, révèle les limites de son interprétation monolithique. Toujours à son aise dans le registre bien à lui de la violence latente, qui ne demande qu'à exploser derrière l'écran glacé de son regard, il marque sévèrement le pas dès qu'il s'agit de se frotter à la sophistication classieuse restant indissociable de 007. Et le "grand" retour des petites vannes ironiques, mises à l'index jusqu'ici, n'arrange pas le tableau. Déjà sapées par un second degré trop référentiel, lesdites vannes n'ont vraiment plus rien de drôle après qu'elles aient dû se frayer un chemin au travers des mâchoires constamment serrées de l'acteur... Au bout du compte, le seul à tirer son épingle du jeu est Roger Deakins. Quoique honnêtement mis en scène par Mendes (après le découpage non-sensique d'un Quantum of Solace sous LSD, ça ne se refuse pas), c'est bien au talentueux chef-opérateur des frères Coen que Skyfall doit presque toute son opulence visuelle.

[Wyatt Earp]

Je n'ai jamais jeté autant de fleurs à la scène finale de Skyfall qu'à Straw Dogs, je me suis contenté de dire qu'elle y faisait référence. Et je n'ai jamais parlé du Vieux fusil.
Par ailleurs, il semble bon de rappeler que le chef-op, sur un film, fait ce que lui indique le réalisateur.
Mais en fait, tu n'aimes ni les films, ni les scores faits aujourd'hui, c'est ça ? J'ai souvent l'impression que tu les condamnes quoiqu'il arrive.

[Lee Van Cleef]

C'est un peu comme lors de tout banquet de mariage qui se respecte, en vérité. Tandis que tout le monde s'esclaffe et chante dans un climat de bonne humeur générale, il y a immanquablement, isolé dans la pénombre d'un coin de table, un trouble-fête à la mine patibulaire qui foudroie les convives du regard et souhaite in petto aux nouveaux mariés de laisser jusqu'à leurs derniers sesterces dans un divorce apocalyptique. Tel est le rôle ingrat que j'occupe parmi les spectateurs comblés du présent millénaire, qui se félicitent à tout bout de champ de ne plus être pris pour des veaux par les Dark Knight, Inception, Rise of the Planet of the Apes, Prometheus et autres glorieux concentrés d'intelligence faisant la vanité de Hollywood. Un job de persifleur invétéré que je pratique avec d'autant plus de sombre alacrité que la plupart de mes genres et courants préférés (le western, la comédie burlesque, le chambara, le wu xia pian, le cinéma de kung-fu, la satire italienne, l'horreur baroque, le réalisme poétique bien d'chez nous) ont disparu de la circulation ou, au mieux, ne survivent plus que sous assistance respiratoire.

[Pierrebrrr]

Lee, quand tu radotes comme ça, on a juste envie d'appeler l'infirmière pour qu'elle ramène tout fauteuil. Il n'y a pas d'un côté les pauvres masses incultes qui s'abrutissent devant- sans disctinction- Prometheus, Dark knight ou Tranformers- comme si tout cela pouvait être mis dans le même sac autremetn que par le millésime, et de l'autre côté, les esthètes éclairés qui se régaleraient des merveilles du Chambara ou du western italien-genre comme chacun sait ou 2 films sur 3 sont des chef d'oeuvres, bien sûr. Je pesne que les westerns italiens sont mis en avant comme jamais grâce aux éditions DVD, et, au risque de te peiner, à mon avais, pas mal de fans de Prometheus doivent en acheter. Pour aussi foireux que soit Skyfall, c'est un film bine au dessus de tous les Brosnan réunis.
Ta manière de botter en touche Lee, c'est aussi une façon d'éviter le débat, vieux.

[Wyatt Earp]

Lee, c'est sûr que si tu te limites aux blockbusters que tu cites... Cette année, il y a aussi eu The Grey, War Horse, The Woman in Black, The Descendants, John Carter, Take Shelter, Jane Eyre, Martha Marcy May Marlene, 13 Assassins, Hatfields & McCoys, Homeland... Tous des films ou des séries réussis et intelligents, liste à laquelle je rajouterai le remake de Straw Dogs.
Quant au bis italien, j'adore ça, mais c'est quand même à 80% des produits très médiocres et très cons.