Avec le soyeusement explosif (il te branche pas, l'oxymore du vieux Van Cleef ?) Wild Geese II, Budd offrait sans ambages au vaillant Caldera l'un de ses indispensables fleurons. Parviendra-t-il à propulser derechef l'éditeur en direction d'un tel pinacle ? C'est ce que votre serviteur aux arêtes tranchantes a l'intention résolue de découvrir dans les meilleurs délais.
Pour sa deuxième virée en compagnie de l'excellentissime Roy Budd, Caldera a radicalement changé son fusil d'épaule : après la virile déferlante d'un Wild Geese II jouissif de bout en bout, Man at the Top remise au placard les treillis et les pétoires messagères de la mort pour l'élégance jamais tape-à-l'oreille du cymbalum. Ce dernier donne presque en permanence le la, y compris lors des moments disséminés avec parcimonie où la musique s'emballe (un tout petit peu), et flatte doucement l'oreille jusqu'au terme de cette jolie oeuvrette, loin de compter parmi les indispensables de Budd, mais dont on ne saurait réfuter le charme discret autant que séducteur.
Si on m'avait dit qu'un jour une parution arborant l'estampille magique de Roy Budd ne me ferait ni chaud ni froid, et m'inciterait même plutôt à passer mon chemin sans véritable remords — j'aurais illico foré de l'estoc du katana une troisième narine au porteur d'une nouvelle à ce point maussade ! Et pourtant, gentlemen sidérés, et pourtant... À l'écran, les ruptures de ton crânement assumées par Ralph Nelson (boucheries sanglantes et marivaudage à tire-larigot s'y coudoient sans complexe) ne trouvaient jamais vraiment d'écho dans l'ouvrage du bleu-bite Roy Budd, dont la totale inexpérience en la matière le poussa à coup sûr à "faire du Bernstein" tant bien que mal, l'inspiration mélodique rabougrie n'aidant guère par surcroît.
Zeppelin fait partie de ces musiques à peu près miraculées, soustraites au vortex vorace de l'oubli grâce aux efforts conjugués de valeureux thuriféraires et d'astres présentant, une fois n'est pas coutume, leur plus favorable alignement. Les stigmates du sauvetage sont hélas audibles, entre une qualité sonore tout juste correcte et un certain nombre de pistes que les oubliettes ne recracheront vraisemblablement plus. En voici assez, néanmoins, pou jauger cette oeuvrette de jeunesse, l'une des premières qu'écrivit Roy Budd dans le registre martial qui allait devenir, à plus d'un titre, son pré carré. Et force m'est de reconnaître, à mon grand dam, qu'on n'y trouve rien de bien galvanisant. Le compositeur exécute ses gammes en rechignant presque, à la recherche d'un soubresaut d'inspiration qui ne viendra jamais — et ce ne sont pas les pauvres additifs jazzy, prélevés au hasard de son corpus pour épaissir un album sans cela un peu frugal, qui rendront attractive cette morne plaine. Comparé à l'explosif parfum de dynamite que dégageait à bouffées opulentes Wild Geese II, l'autre Budd en treillis honoré jadis par Caldera, Zeppelin n'embaume pas davantage qu'un banal flacon d'eau de Cologne.