Morricone vu par...

[Bearmugs]

d'autres compositeurs comme Christopher Young, Marco beltrami, Lalo Schifrin, Brian Tyler, John Debney, etc.
sur le site du L.A. Weekly

[Stringer Bell]

Intéressant, surtout au lendemain de l'annulation de son concert au Hollywood Bowl le 25 octobre ...
En espérant que la santé du maestro n'est pas trop préoccupante ...

http://www.hollywoodbowl.com/tickets/pe ... fm?id=4207

[Shardar]

Morricone est quand même habitué à annuler ses concerts au dernier moment, sans motif officiel (remember Paris...). Bien sûr, je préfère une saute d'humeur (ou une session d'enregistrement) à un problème de santé. Le stakhanovitste de la musique de film va quand même avoir 81 ans !

[DarkCat]

Le stakhanovitste de la musique de film va quand même avoir 81 ans !

Tiens, j'en parlais justement, il y a 3 jours, avec un pote. A l'heure actuelle, combien a t'il composé de musiques pour l'image (incluant films/doc/séries) ?
Est-ce lui le recordman, et si non, quels sont les compositeurs le devançant dans cet exercice ?

[Janus]

Il y a beaucoup d'erreurs dans les filmographies faites sur ce compositeur qui sont souvent exagérées,amplifiées. Des
films comme EL CHUNCHO,QUIEN SABE lui sont crédités alors qu'il n'a signé pour ces westerns qu'une supervision bidon et rien d'autre. l'anecdote qui m'a été rapportée à propos de QUIEN SABE est qu'il refusa de musicaliser ce WESTERN et proposa au réalisateur son ami LUIS BACALOV. Le réalisateur ou les producteurs ont accepté si toute fois il en signait la supervision afin que son nom figure au générique. Au dos du boitier du DVD d' EL CHUNCHO,on y évoque une musique envoûtante supervisée par ENNIO MORRICONE alors que le nom du compositeur n'y est pas mentionné. Il existe aussi un certain nombre de westerns,de films et téléfilms qui emploient des thèmes préexistants du maître romain sans que celui-ci ne soit intervenu personnellement. Pour certains téléfilms et films,il n'a composé qu'un ou deux thèmes,le générique-début,par exemple. Figure dans ces filmographies un titre comme AGENTE O77 MISSIONE BLOODY MARY,alors qu'il n'a composé que le thème principal,toute la B.O. étant signée LAVAGNINO. ALLI ORIGINI DELLA MAFIA lui est parfois crédité alors qu'il n'est l'arrangeur et l'orchestrateur que de 4 thèmes,la partition étant de NINO ROTA. ETC... Sans compter un même film cité plusieurs fois sous des titres différents. Si on fait le tri de tout ça,on dépaissit déjà pas mal sa musico-filmographie.

Il faut aussi tenir compte d'un point important,c'est que beaucoup des films italiens et européens qu'il illustra lui ont exigé beaucoup moins de musiques qu'un film hollywoodien standard. Un film comme LE TRIO INFERNAL n'a exigé du compositeur
que quatre thèmes distincts et comme beaucoup d'autres,il aurait été saugrenu d'en écrire davantage. Je sais que MIKLOS
ROZSA s'était étonné de la grande prolixité de MORRICONE dans les années 70,prétendant qu'il avait composé en une seule année (en nombre de films) ce que lui composa en toute une vie.
Le propos est quand même exagéré et le grand compositeur hongrois a omis un détail d'importance: des films comme
ENQUÊTE SUR UN CITOYEN,LE CLAN DES SICILIENS,SACCO ET VANZETTI,mais beaucoup d'autres,demandent bien moins de
musiques que des films comme EL CID,SPARTACUS,BEN-HUR,JULES CESAR. Rares sont les bandes originales de MORRICONE
dont on pourrait tirer des triples CD ni même des doubles. Et si il n'avait musicalisé que des grandes fresques télévisuelles
telles que MARCO POLO,MOÏSE et LA PIOVRA,sa filmographie serait bien moins épaisse. Maintenant,je ne fais aucune
comparaison de valeur entre ENQUÊTE SUR UN CITOYEN et EL CID,ce qui serait saugrenu vu qu'il s'agit d'approches très
différentes qui n'ont pas à être comparées sous aucun prétexte. De toute façon,ce n'est pas la durée d'une oeuvre ni son nombre de thèmes qui fait la grandeur d'une musique de film. ENQUÊTE SUR UN CITOYEN s'articule autour de deux thèmes
géniaux et le film ne serait pas exactement ce qu'il est sans cette partition de référence. Pour moi,cette musique m'est aussi
importante (d'un point de vue artistique) que sa partition épique et fastidieuse pour MARCO POLO. C'est une émotion différente,voilà tout.
Pour en revenir à la question de Darkcat,je ne suis pas sûr que MORRICONE ait été plus prolifique que CARLO RUSTICHELLI,
ni plus que LAVAGNINO en Italie. Il n'en demeure pas moins un compositeur prolifique surtout qu'en dehors des opus pour le
cinéma,il a pas mal composé aussi pour le concert. Mais,lookez un peu la production de VILLA-LOBOS et vous allez voir!
Seulement ce qui fait la différence avec beaucoup d'autres compositeurs c'est qu'il est beaucoup édité en CD pour ne pas dire
sur-édité,voire beaucoup de B.O. déjà éditées qui sont rééditées avec,la plupart du temps,des pseudos inédits,ce qui donne
une impression de surabondance. Ce qui n'est pas la même chose.
En conclusion,la prolixité de MORRICONE n'est pas aussi exceptionnelle que l'on voudrait nous le faire croire.

Alors comment définir un record sur ce point en sachant qu'un compositeur hollywoodien ayant signé 300 B.O. n'a pas forcément moins composé de musique qu'un compositeur européen qui en aurait signé 400 ?

[DarkCat]

Merci pour toutes ces intéressantes précisions, Janus.
Mais si je comprends bien, tu veux simplement dire que ma question était débile.

Effectivement, cela semble délicat d'arriver à établir des critères précis, valables pour tous les compositeurs, afin de comptabiliser leurs BO. Tant pis !
Mais peut-être quelqu'un a-t-il déjà tenté l'expérience ?

[Janus]

Mais si je comprends bien, tu veux simplement dire que ma question était débile.

En tout cas,elle m'a permis d'écrire quelque chose qui me tient à coeur. C'est plus le terme "record" qui me gêne,en fait.
Beaucoup s'étonnent de la grande prolixité morriconienne,se servent souvent de cet état de fait pour dénoncer un "maître"
inconstant dans la création. Ce qui est une évidence à mes yeux et surtout à mes oreilles,c'est que les grandes réussites de
MORRICONE (mettons-y les titres de notre choix) découlent directement de cette prolixité dans la création. Si MORRICONE
s'était imposé un rythme de composition à la "DUTILLEUX",je suis convaincu qu'il se serait très vite asséché. MORRICONE a
très probablement composé certaines de ses meilleures musiques de film sous pression et dans l'urgence,les contraintes
notamment de temps ayant plus souvent été un excitant qu'un obstacle. Maintenant,c'est peut-être le propre des grands
musiciens du Septième Art comme DELERUE,JARRE,GOLDSMITH,WILLIAMS,LALO SCHIFRIN,qui,eux aussi,sont à ranger dans
la catégorie des compositeurs très prolifiques. MORRICONE fut d'un tempérament boulimique qui,toute fois,c'est refusé à
l'enseignement et la direction d'orchestre. Tout son temps fut donc consacré à la composition et à rien d'autre.

[Lee Van Cleef]

Une fois encore, je ne peux que mettre un genou à terre face aux très pertinentes analyses de Janus, le Grand Théoricien et Exégète des Arts Musicaux, même si j'aurais cité Nicolai en premier lieu plutôt que Bacalov ou Lavagnino dans le rôle peu enviable du compositeur déprécié, étiquetté, en dépit de tout son talent, comme le vulgaire faire-valoir du Maestro. Une croix que l'excellent Bruno aura dû porter tant bien que mal, tout du long de sa collaboration pourtant fructueuse avec son illustre confrère.

Il faut aussi tenir compte d'un point important,c'est que beaucoup des films italiens et européens qu'il illustra lui ont exigé beaucoup moins de musiques qu'un film hollywoodien standard. Un film comme LE TRIO INFERNAL n'a exigé du compositeur
que quatre thèmes distincts et comme beaucoup d'autres,il aurait été saugrenu d'en écrire davantage. Je sais que MIKLOS
ROZSA s'était étonné de la grande prolixité de MORRICONE dans les années 70,prétendant qu'il avait composé en une seule année (en nombre de films) ce que lui composa en toute une vie.
Le propos est quand même exagéré et le grand compositeur hongrois a omis un détail d'importance: des films comme
ENQUÊTE SUR UN CITOYEN,LE CLAN DES SICILIENS,SACCO ET VANZETTI,mais beaucoup d'autres,demandent bien moins de
musiques que des films comme EL CID,SPARTACUS,BEN-HUR,JULES CESAR. Rares sont les bandes originales de MORRICONE
dont on pourrait tirer des triples CD ni même des doubles. Et si il n'avait musicalisé que des grandes fresques télévisuelles
telles que MARCO POLO,MOÏSE et LA PIOVRA,sa filmographie serait bien moins épaisse.

Voilà qui me rappelle mon profond soulagement au sortir de l'écoute du double album de Giu' la Testa, paru chez Cinevox. Une bonne heure quarante au cours de laquelle les quatre ou cinq thèmes (magnifiques) de Morricone ont tourné ad nauseam, comme pris dans un infernal ruban de Möbius. Ceci étant, un tel constat n'est pas l'apanage du compositeur, qui partage cette notable spécificité avec beaucoup d'autres noms de la musique de film italienne. A ce niveau-là, on serait presque tenté de voir dans la brièveté récurrente des oeuvres locales un trait de caractère latin.

[Janus]

Franchement,est-ce qu'à propos de GIU LA TESTA,il était raisonnable d'en faire un double CD? Personnellement,je ne l'ai pas pris car j'ai senti le coup venir bien qu'il s'agisse d'une musique que j'adore.
Pour LE TRIO INFERNAL,par exemple,il y a bien une version inédite du thème principal (celui qui porte le titre du film) qui est
excellente,mais ils ont abusé de la "Rag Nuziale" certes jubilatoire mais qui,à l'écoute complète du CD,revient tellement de fois dans des versions quasi-identiques qu'il finit par me sortir par le nez,et tout ça pour obtenir une durée totale acceptable de plus de 40 minutes!
Il existe heureusement de très bons contre-exemples comme EL GRECO,une B.O. qui s'est enrichie avec le rajout de véritables
inédits et j'aime bien ce qu'ils ont fait sur SUMARIO SANGRIENTO DE LA PEQUENA STEFANIA,en rajoutant juste ce qu'il fallait.
Je trouve cette musique de giallo particulièrement soignée et inspirée...Ethérée,mystérieuse,obsessionnelle,avec cette mélodie-berceuse dans un contexte harmonique atonal et chiadé...j'adhère!
En fonction de ce que j'ai développé au début de ce commentaire-ci,certains aficionados estiment au contraire qu'ils ont
raison de faire des cd à rallonge quitte à ce qu'ils soient répétitifs,dans la mesure où l'auditeur peut ainsi personnaliser son
écoute en programmant les thèmes ou extraits de son choix,constituant ainsi sa propre idée d'album.