Ken Thorne

[Lee Van Cleef]

C'est entendu, elles sont loin de jouir de la même cote vintage que les années 80, qu'Hollywood n'en finit plus de pressurer comme le plus juteux et rebondi des agrumes. Les imbitables pantalons à pattes d"éléphant, s'évasant en corolles ramasse-poussière, les rouflaquettes aussi drues qu'un paillasson, les papiers-peints hurlant leurs motifs peinturlurés... Autant de prétextes, auprès du commun des mortels, à ne pas concevoir l'ombre d'une nostalgie à l'égard des défuntes seventies. En revanche, pour peu que l'on épouse le point de vue d'un béophile un minimum briscard, le sentiment d'une irréparable perte se fait cruel. J'en ai moi-même éprouvé une nouvelle fois l'amertume à l'écoute de The Ken Thorne Collection : Volume 1 (à propos, y'avait pas déjà chez je ne sais plus trop quel label une collection nommée de la sorte ?), dont on espère en croisant de concert doigts et orteils que BSX n'omettra pas de lui donner, comme promis, un petit frère.

Si je me donnais pour mission de vous faire avaler que ce disque représente une exhumation d'un calibre incomparablement spectaculaire, une acquisition future primant sur toutes les autres haut la main, ce serait mentir avec autant de roublardise qu'un arracheur de canines en train de fourbir ses instruments de torture. N'empêche que le vieux Van Cleef a pris son panard ! Et d'entrée de jeu encore, grâce au thème groovy en diable d'Assault on Agathon, serment franchement honoré de suspense et de péripéties agitées, qui se révèle par surcroît assez malléable pour déboucher sur une épaisseur dramatique bienvenue. Power Play semble, en comparaison, plus uniformément "sérieux", mais brasse cependant des qualités d'écriture égales en faisant montre d'un brio toujours aussi savoureux. Bref, voici un tandem de choc pour donner corps à un disque divertissant de bout en bout. Nom d'un katana sapé d'une veste en daim à franges ! Qu'est-ce que c'était chouette, quand même, les seventies !

[Rork]

Moi j'aime bien les seventies. Et pour ce CD que je ne connais pas, si petit frère il y a, j'espère surtout y voir figurer les musiques d'Amicalement vôtre!

[Misquamacus]

De l'ami Ken j'adore, mais vraiment j'adore son arrangement du thème de Williams pour Superman 2. Je lui ai toujours trouvé une pêche d'enfer !

[Mortimer]

BSX n'est pas à son coup d'essai avec Ken Thorne puisqu'ils avaient dégoté la musique de ce film avec Jackie Chan de 1985.



Sinon il y a déjà quelques années Prometheus avait produit 3 promos du compositeur dont Hannie Caulder, un mélange Bernstein/Barry pas déplaisant du tout



Ken Thorne est peu édité et le dernier en date, avant ce "The Ken Thorne Collection", était Sinful Davey chez Quartet.

[Dadid]

Autant de prétextes, auprès du commun des mortels, à ne pas concevoir l'ombre d'une nostalgie à l'égard des défuntes seventies.

Lee, je suis un peu surpris par cette remarque. Les 70's recueillent sans doute moins de suffrages chez les amateurs de BO errant dans les parages que les 80's - ces dernières marquées par le retour du romantisme orchestral -, mais le groove de cette période a de nombreux aficionados et une énorme influence, sur une assiette bien plus large d'auditeurs et compositeurs de musique pop ou rock, sans parler du rap, des musiques dites "urbaines" en général (Tarantino et d'autres n'y sont pas pour rien, côté cinéphiles). On y trouve une tendance volontiers expérimentale et "dure", virant atonal, psychédélique, free Jazz, et une plus traditionnelle, funk, jazz/pop plus commercial... celle qu'on retrouve à l'occasion recyclée de nos jours. Alors c'est vrai, pour un QJ ou un Schifrin qui se vend décemment, on aura un Fielding qui fait moins recette, ou un Oliver Nelson... qui n'est même pas édité.

Ceci dit ton exemple de Ken Thorne est parlant : Seules ses adaptations/suites de Superman sont arrivées jusqu'à ma discothèque (avec Arabian Adventures qui est orchestral), au mépris des œuvres écoutables plus haut et qui pourtant me paraissent largement dignes d'intérêt (rafraîchissantes, même). Comme quoi...

[Patrick59]

Je n'ai jamais compris pourquoi John Barry ne s'est pas occupé de toute la BO de Amicalement vôtre, ne faisant que le mémorable générique. Il prenait trop cher ? Notons que dans l'épisode "Un ami d'enfance", on entend un thème de musique de danse lorsque Danny Wilde et son ami d'enfance vont danser que l'on croit écrit pour l'épisode, or en revisionnant l'intégrale du Saint avec Roger Moore (qui est bien antérieur), j'ai entendu ce thème. J'ai aussi entendu dans le film "Double jeu" (Crossplot) d'Alvin Rakoff avec Roger Moore des thèmes entendus aussi dans des épisodes des Persuaders, or ce n'est pas Ken Thorne mais Stanley Black qui a composé "Double jeu".

Oliver Nelson, je le connais surtout pour "L'homme qui valait trois milliards". Je ne sais pas ce qu'il a fait d'autre.

[Lee Van Cleef]

Autant de prétextes, auprès du commun des mortels, à ne pas concevoir l'ombre d'une nostalgie à l'égard des défuntes seventies.

Lee, je suis un peu surpris par cette remarque. Les 70's recueillent sans doute moins de suffrages chez les amateurs de BO errant dans les parages que les 80's - ces dernières marquées par le retour du romantisme orchestral -, mais le groove de cette période a de nombreux aficionados et une énorme influence

Vois-tu, je souscris au moindre des mots qui forment ton analyse. Et tu auras besoin, mon roublard ami, de bien plus qu'une citation fallacieusement tronquée pour prouver que je me vautre à contre-courant de la démonstration ! Car, dans le viseur de ma maussaderie, ne s'inscrivaient que deux choses bien particulières : le mauvais goût inhérent aux années 70, qui déploya une inventivité parfois phénoménale afin d'extorquer aux globes oculaires innocents des baquets de sang (ce n'est pas sans accablantes raisons que d'aucuns surnomment cette période "the decade that taste forgot"), et l'avidité pseudo-nostalgique avec laquelle Hollywood, depuis pas mal d'années maintenant, a fait des eighties son quatre heures — une frénésie de récupération où nos chères seventies n'ont guère leur place, hormis quelques tentatives éparses.

[Dadid]

Si je te suis bien, à tordre ainsi ta pensée, je suis mûr pour être journaliste ! Sinon, derrière un assortiment de fringues moulantes et papiers-peints criards, il est vrai que les seventies se sont signalées par des excès divers (dont la multiplication en place publique du porno pas du tout soft) qui ne font plus référence dans le mainstream, inévitablement repoussés par des eighties plus proprettes portant au nues réussite sociale, cristaux liquides et glamour en sky.

[Mortimer]

Les années 70 sont les plus belles années de ma vie. J'y ai tout connu de ce qu"on peut vivre dans une vie. et j'ai vécu tellement intensément ces années là que je m'étonne moi même d'en être sorti indemne.

[Dadid]

Tu m'en diras tant ! Tout en 10 ans, tu n'as pas perdu ton temps. Étant né en 66 je suis plutôt eighties, mais gamin je nageais dans l'architecture et les fringues seventies, dont de somptueux pantalons en velours côtelé et sous-pulls à col roulé.

[Mortimer]

Forcement les fringues c'était quelque chose. Mais avec nos pattes d’éléphants multicolores et nos chemises à fleurs, on avait une certaine classe. Enfin bon je vais arrêter de parler de ça, car non seulement je suis totalement hors sujet mais ça me fait mal. Car en y pensant je revois toute la bande de copains et copines du quartier de mon adolescence, je ne peux m’empêcher de penser que je suis le dernier à être encore en vie. La dernière à être partie c’était il y a 4 ans à quelques jours de ses 61 ans. Vieillir c'est aussi ça, voir partir des personnes qu'on aimait.

Un petit Ken Thorne pour me changer les idées. Kritzerland l'avait édité en CD il y a déjà quelques années.

[Edern]

Merci pour ton message concernant l'album couplant Assault on Agathon et Power Play, Lee. J'ai profité des prix réduits chez Buysoundtrax pour récupérer celui-là et l'écoute en a été un réel plaisir ! Le thème groovy du premier est en effet particulièrement bien fichu (mais les deux scores sont vraiment appréciables).

[Lee Van Cleef]

Aurait-il pu en être autrement ? Le vieux Van Cleef, qu'on se le tienne pour dit, est toujours dans le vrai. À plus forte raison quand il a tort.