Desplat chez Karl Zero
Publié : sam. 14 févr. 2009 01:44
https://www.underscores.fr/forum/
beaucoup de bonnes choses ont été dites, du moins publiquement cette fois, sur ce que nous connaissons de la lamentable idéologie française et de ses chapelles culturelo-snobinardes : sur le rôle marginal de la musique de film, sur l'anathème des compositeurs demandés à l'étranger (du monde du concert aussi car AD a eu l'excellente idée de citer Dusapin), etc?wr·?? a écrit :Vu ce soir sur BFM TV :
http://www.bfmtv.fr/podcast_video_bfmtv.php?id=10
(émission du 13/02)
A mon avis il n'était pas question que de ça, loin de là même. J'y vois aussi une observation extrêmement clairvoyante sur le public français, dont les béophiles français font partie bien entendu !Walden a écrit :beaucoup de bonnes choses ont été dites, du moins publiquement cette fois, sur ce que nous connaissons de la lamentable idéologie française et de ses chapelles culturelo-snobinardes
Tu sais, le contraire est aussi vrai. Certains artistes boudés aux USA sont considérés à leur juste valeur en France. Woody Allen par exemple....Tiens ce sujet me rappelle un peu, dans les années 60, le cas Tati, élevé (à juste titre) au rang de génie culte, par les étrangers, et gentiment ignoré dans son propre pays (autant par les critiques que le public), ce qui lui a valu une fin de carrière particulièrement laborieuse pour financer ses projets.
Je comprends ton propos, mais je suis assez d'accord avec Marek.Taboulez a écrit :démontrant à quel point les amateurs français, parfois ne savent pas profiter du talent objectif de leur compositeurs nationaux et préfèrent zieuter vers l'étranger (même chez des gens moins doués quelquefois: comme récemment un Giacchino qui, aussi sympa qu'il soit, a encore des tas et des tas de choses à apprendre avant d'être quelqu'un de solide), alors même que ces compositeurs français reçoivent des pluies de louanges de la part des étrangers.
Effectivement. Lorsqu'il y a maintenant en France un budget musique très important c'est généralement pour avoir des partitions "à la manière de..." Des gens comme Talgorn ou Azaria sont un peu devenus les spécialistes du genre en ce moment. Pendant ce temps, des types très talentueux comme Olivier Lliboutry, Pierre Adenot, Krishna Lévy et Nicolas Errera galèrent pour se faire reconnaître, à des degrés divers.André Marek a écrit :Je ne vois pas en quoi, sous prétexte qu'on est français, on est obligés de s'intéresser aux compositeurs français. Car si en effet, il y en a des bons, il faudrait peut-être leur offrir des sujets pour exprimer tout leur talent; Par ailleurs, tradition symphonique ou pas, le récent TIMPLEBACH de Talgorn reste du (très bon) sous-Williams (un peu comme William Ross aux USA). De toute façon, on sait que les compositeurs français ne "décollent" vraiment que lorsqu'ils partent bosser aux USA, cf. récemment Desplat... En France, actuellement, je ne vois guère que Rombi qui se détache, mais voilà, ce qu'on lui propose, c'est Un Homme et son Chien...
Non, je maintiens ce que je dis: Sarde a été formidable et bouillonnant d'idées dès ses tous débuts: Les Choses de la Vie, Liza, Le Chat, Le Train, Deux Hommes dans la Ville, Les Seins de Glace, Barocco, La Grande Bouffe, Max et les Ferrailleurs, Le Juge Fayard, 7 morts sur ordonnance, Le Juge et l'Assassin, Le Locataire, Des Enfants Gâtés, La Vie devant soi...Taboulez a écrit :
Quand à Sarde, associer sa grande période aux années 70 c'est pas tout à fait exact non plus(et ça me fait toujours tiquer de le lire
). En réalité il faudrait plutôt préciser la décennie fin 70/1ère moitié 80, avec sans doute la plus grande année de toute sa carrière en 81 (La Guerre du Feu ! Le Choix des Armes ! Coup de Torchon ! Ghost Story ! ).
En fait pour lui c'est un peu comme chez Williams: le début des années 70 marque une période où il se cherche en partant un peu dans toutes les directions, et la seconde moitié de la décennie commence à voir le compositeur rentrer en pleine possession de ses moyens, prêt à faire feu de tout bois pour nous délivrer chefs d'oeuvres et grandes partitions fignolées les unes après les autres pendant plus de 10 ans !
Gordon Pym a écrit :D'ailleurs, passé 81, j'aime un peu moins sa production (à part le sublime Fort Saganne) en raison des décès de Hubert Rostaing et Peter Knight. J'aime moins la patte qu'a amené Hubert Bougis à ses orchestrations
Et tu ne crois pas qu'il faudrait que tu vois le film avant de juger cette BO?Au moment où je tape cette réponse, j'écoute la B.O. de Cliff Martinez pour Espions(s) dans l'émission Le chant des toiles: je peux te le confirmer: on est pas sortis de l'auberge. C'est vraiment tout ce qui m'ennuie en matière de musique de film contemporaine. Aller chercher un Américain pour faire ça...
L'inverse est-il vrai?YuHirà a écrit : Et tu ne crois pas qu'il faudrait que tu vois le film avant de juger cette BO?
Une grande musique de film doit pouvoir s'écouter sans les images, comme n'importe quelle autre musique.YuHirà a écrit :Et tu ne crois pas qu'il faudrait que tu vois le film avant de juger cette BO?Au moment où je tape cette réponse, j'écoute la B.O. de Cliff Martinez pour Espions(s) dans l'émission Le chant des toiles: je peux te le confirmer: on est pas sortis de l'auberge. C'est vraiment tout ce qui m'ennuie en matière de musique de film contemporaine. Aller chercher un Américain pour faire ça...
Alors disons que j'aime moins la suite de sa carrière après Fort Saganne. Ceci dit, même si Sarde a été derrière ses orchestrateurs, le style de Peter Knight était très reconnaissable, notamment sa façon d'orchestrer pour les cordes. The Dark Crystal lui doit beaucoup: jamais Trevor Jones n'a réécrit depuis une partition aussi finement arrangée et orchestrée: le love theme ressemble pas mal à celui de La Guerre du Feu.Taboulez a écrit :Gordon Pym a écrit :D'ailleurs, passé 81, j'aime un peu moins sa production (à part le sublime Fort Saganne) en raison des décès de Hubert Rostaing et Peter Knight. J'aime moins la patte qu'a amené Hubert Bougis à ses orchestrations
Ha, bah tu vois , pour ma part, je trouve que Sarde, en passant d'une oeuvre à l'autre, avait su conserver une couleur d'orchestrations forte et assez typique (notamment sur les cordes et les bois, si caractéristiques de ses travaux), le tout malgré les changements de collaborateurs... Ce qui prouve bien à quel point il possède ses propres exigences dans les directives instrumentales, précises et personnelles... et le dédouane, par ailleurs, des reproches formulés par les mauvaises langues de l'époque qui le soupçonnaient de ne pas être derrière sa musique(ce qui d'ailleurs devient absurde si l'on rentre dans l'analyse du langage et de l'écriture pure et dure, domaines dans lesquels Philou possède une personnalité impossible à confondre avec un autre) .
Franchement on m'aurait dit que L'Ours, The Manhattan Project ou Music Box datent de la période Knight ou Rostaing (celui de Mort d'un Pourri) qu'à bien des égards, ça m'aurait pas fait tiquer plus que ça.
Odelay a écrit :Dans le cinéma français, les années 60 ont été dominées par Magne, les années 70-85 par Sarde-Delerue-Cosma.
Les Besson et Cie n'ont pas engagé ces musiciens qui représentaient un cinéma dont ils voulaient se détacher. Soit ils ont apporté leur propres compositeurs (comme Serra), soit ils ont pris une orientation plus "moderne" via des musiciens de la scène variété-pop française ou par des compiles. Sarde et Cosma ont été moins demandés ou n'ont plus eu à disposition les moyens d'antant à qq exceptions près.
Tu as le droit de ne pas aimer cette musique, bien sûr!Une grande musique de film doit pouvoir s'écouter sans les images, comme n'importe quelle autre musique.Sinon, c'est juste du sound design, AMHA.
ca change...En France, une fois qu'on avait dépensé pour des droits ou choisi une orientation musicale plsu "moderne", on n'allait certainement pas chercher un compositeur de renom pour faire de la musique additive.
La première partie de la phrase ne me semble pas vraie. A mon échelle, je vois le phénomène inverse (notamment parce qu'il y a une vraie pédagogie qui s'est opérée. les écoles de cinéma exigent désormais des musiques originales). Mais c'est au prix d'une autre réalité, qui est celle que tu décris dans la seconde partie de la phrase: les budgets de production ont fondu comme neige au soleil et on demande aujourd'hui aux compositeurs de tout faire eux même, de la compo au mixage, sans aucun musicien, et en un temps record.à qq exception près, le cinéma Français ne veut plus investir dans la musique non existante, et quand certains choisissent de le faire néanmoins, ça reste plus ou moins la dernière roue du carosse.
je ne fais pas la même analyse. Si Rombi ne travaille pas beaucoup après les Ch'tis c'est sans doute aussi parce qu'il ne veut pas se faire coller une étiquette et qu'il peut se permettre de devenir exigeant... Et qu'il est certainement devenu plus cher, tout simplementOn verra comment évoluera la carrière de Rombi après les "Ch'tis", mais quand on constaste qu'après les qq succès auxquels il a été liés, il n'a pas énormément travaillé (pas énormement à côté du Sarde des grandes années qui avait au moins 2 films qui sortaient par mois, ou du Desplat US-France d'aujourd'hui), on se demande si lui aussi ne va pas choisir l'exil s'il en a l'opportunité.
Merci !Tu as le droit de ne pas aimer cette musique, bien sûr!![]()
Oui, mais un grand béophile (cette expression rime un peu avec hémophile, je trouve) qui dit à l'antenne que Bruno Nicolai a été l'orchestrateur d'Ennio Morricone, ça le fait moyen.Si tu avais vu le film - ce qui me semble un préalable avant de critiquer implicitement la décision de ce grand béophile qu'est Nicolas Saada tu n'aurais certainement pas la même opinion.
Bien sûr que c'est pas forcément obligé d'être orchestral, là n'est pas le problème, et ce n'est pas ce que je reprochais. Nous sommes nombreux à avoir fait le deuil d'une certaine forme d'écriture qui n'est plus pour l'instant à l'ordre du jour dans les mentalités. J'attendais peut-être davantage de la part d'un réalisateur qui est considéré comme un très grand béophile comme tu précises. Je trouve simplement que les textures de cette musique ne sont pas très intéressantes, c'est tout. L'orchestre est aussi capable de tellement de sonorités supérieures aux simples samples et approche "minimalo-électronique."Je ne comprends pas qu'on puisse critiquer systématiquement une musique de film parce qu'elle s'apparente à du sound-design. Si le film le demande, que cela apporte quelque chose au film, la musique remplit son office et tant pis pour l'écoute isolée. Tous les films ne nécessitent pas une approche thématique et orchestralement travaillée... En l'occurrence dans le film de Saada, l'approche est totalement justifiée...