2001 : North vs Kubrick
Publié : jeu. 18 sept. 2008 15:48
Je souhaitais avoir votre avis sur un mot que j'avais envoyé à Sophie Loubière sur son blog dédié à la musique de film. J'étais ravi qu'elle parle du score rejeté d'Alex NORTH pour 2001 - enregistré par Jerry ( http://loubiere.blog.toutlecine.com/302 ... egendaire/ )
Du coup j'ai réagit comme j'avais l'habitude de le faire sur les sujets qui m'intéressaient, en envoyant ces quelques mots qu'elle n'a jamais publiés.....Et je me demande toujours pourquoi, car je ne trouve pas ce texte là particulièrement polémique, qu'en pensez vous ? Quel est votre avis sur la question ?
Voici le texte :
Un grand MERCI chère Sophie pour ce coup de coeur pour le très beau score (inachevé) d'Alex North. N'oublions pas surtout que le label INTRADA a édité les enregistrements originaux !!!
http://store.intrada.com/s.nl/it.A/id.5228/.f
Je n'ai jamais trouvé les réenregistrements de Goldsmith très réussis quant au choix de la direction d'orchestre, ça me paraît flagrant dans la scène finale de VIVA ZAPATA...Anecdote amusante : je crois me souvenir que le dernier morceau de l'album Goldsmith est en fait le thème principal du documentaire AFRICA, également composé par NORTH, mais dont la partition se trouvait mélangée par erreur avec celles de 2001 !!!
L'utilisation de la musique chez Kubrick n'est-elle pas à l'image de son cinéma, froide et aristocratique, ce snobisme qui lui faisait dire que, quoique l'on fasse, un compositeur contemporain "de cinéma" ne vaut rien fasse à la librairie musicale du répertoire que colle le cinéaste sur ses films, ou que l'on arrange pour lui. Certes, toujours avec beaucoup d'ironie mais avec un bric a brac stylistique qui sonne comme une auberge espagnole ! Et il a été suivi par nombre de cinéastes sur cette voie, (Ridley Scott, Friedkin, etc). La dernière catastrophe en date étant le plaquage de Wagner et Mozart sur Le Nouveau Monde de Terrence Malick, mélangé aux bribes de score de James Horner, alors que le cinéaste ne savait que faire de son film (qui fut monté, remonté, reremonté dans un ordre souvent illogique) et de la partition de James Horner, totalement cohérente sur disque, qu'il était incapable d'exploiter dans le cadre d'une histoire d'amour entre Pocahontas et le Capitaine Smith (car c'est bien de cela qu'il s'agit tout de même !). Nombre de critiques en France s'extasient de trouver de la musique "sérieuse" dans le dernier Malick, mais pour les professionnels qui travaillaient sur son film aux Etats-Unis, on avait surtout conscience que Malick ne savait pas comment se dépatouiller avec son long métrage superbement photographié (multiples montages incohérents, calage des musiques originales inconsistants) et était incapable de l'envisager comme une épopée romantique avec un arc musical dramatique qui permet l'unité de l'ensemble. Caler le prologue de l'Or du Rhin de Wagner et un concerto pour piano de Mozart ressemble à du pure dilettantisme...
On trouve chez Kubrick la froideur et la défiance par rapport au score "romantique", au symphonisme et à l'épanchement émotionnel. De grands cinéastes préfèreront toujours les bruitages glacés, Kubrick dans Full Metal Jacket, Soderbergh dans Sex, Lies & Videotape (que je trouve paradoxalement plus intéressants é découvrir en disque que dans les films !), Traffic ou Solaris, qui demandait souvent à Cliff Martinez d'amaigrir la consistance de sa musique jusqu'à l'absurde jusqu'à devenir un bourdonnement de fond....Les lois de la musique ne sont pas toujours celles du cinéma, mais tant de cinéastes ne savent pas quoi en faire ou s'en méfient ! Je ne dis pas que tout film mérite une musique, absolument pas, il arrive souvent que le silence et la discrétion soient d'or, mais pour un mélomane, sensible au rôle du compositeur de cinéma, il existe une infinité de maladresses et de blessures, que ce soit dans les choix stylistiques, la pertinence dramatique, le dosage entre silence, retenue ou épanchement, le mixage,...
On peut arguer que le score de North aurait sans doute dater le film. Le grand mérite de la bande originale existante reste tout de même la révélation pour le grand public d'un grand compositeur contemporain: Ligeti.
Du coup j'ai réagit comme j'avais l'habitude de le faire sur les sujets qui m'intéressaient, en envoyant ces quelques mots qu'elle n'a jamais publiés.....Et je me demande toujours pourquoi, car je ne trouve pas ce texte là particulièrement polémique, qu'en pensez vous ? Quel est votre avis sur la question ?
Voici le texte :
Un grand MERCI chère Sophie pour ce coup de coeur pour le très beau score (inachevé) d'Alex North. N'oublions pas surtout que le label INTRADA a édité les enregistrements originaux !!!
http://store.intrada.com/s.nl/it.A/id.5228/.f
Je n'ai jamais trouvé les réenregistrements de Goldsmith très réussis quant au choix de la direction d'orchestre, ça me paraît flagrant dans la scène finale de VIVA ZAPATA...Anecdote amusante : je crois me souvenir que le dernier morceau de l'album Goldsmith est en fait le thème principal du documentaire AFRICA, également composé par NORTH, mais dont la partition se trouvait mélangée par erreur avec celles de 2001 !!!
L'utilisation de la musique chez Kubrick n'est-elle pas à l'image de son cinéma, froide et aristocratique, ce snobisme qui lui faisait dire que, quoique l'on fasse, un compositeur contemporain "de cinéma" ne vaut rien fasse à la librairie musicale du répertoire que colle le cinéaste sur ses films, ou que l'on arrange pour lui. Certes, toujours avec beaucoup d'ironie mais avec un bric a brac stylistique qui sonne comme une auberge espagnole ! Et il a été suivi par nombre de cinéastes sur cette voie, (Ridley Scott, Friedkin, etc). La dernière catastrophe en date étant le plaquage de Wagner et Mozart sur Le Nouveau Monde de Terrence Malick, mélangé aux bribes de score de James Horner, alors que le cinéaste ne savait que faire de son film (qui fut monté, remonté, reremonté dans un ordre souvent illogique) et de la partition de James Horner, totalement cohérente sur disque, qu'il était incapable d'exploiter dans le cadre d'une histoire d'amour entre Pocahontas et le Capitaine Smith (car c'est bien de cela qu'il s'agit tout de même !). Nombre de critiques en France s'extasient de trouver de la musique "sérieuse" dans le dernier Malick, mais pour les professionnels qui travaillaient sur son film aux Etats-Unis, on avait surtout conscience que Malick ne savait pas comment se dépatouiller avec son long métrage superbement photographié (multiples montages incohérents, calage des musiques originales inconsistants) et était incapable de l'envisager comme une épopée romantique avec un arc musical dramatique qui permet l'unité de l'ensemble. Caler le prologue de l'Or du Rhin de Wagner et un concerto pour piano de Mozart ressemble à du pure dilettantisme...
On trouve chez Kubrick la froideur et la défiance par rapport au score "romantique", au symphonisme et à l'épanchement émotionnel. De grands cinéastes préfèreront toujours les bruitages glacés, Kubrick dans Full Metal Jacket, Soderbergh dans Sex, Lies & Videotape (que je trouve paradoxalement plus intéressants é découvrir en disque que dans les films !), Traffic ou Solaris, qui demandait souvent à Cliff Martinez d'amaigrir la consistance de sa musique jusqu'à l'absurde jusqu'à devenir un bourdonnement de fond....Les lois de la musique ne sont pas toujours celles du cinéma, mais tant de cinéastes ne savent pas quoi en faire ou s'en méfient ! Je ne dis pas que tout film mérite une musique, absolument pas, il arrive souvent que le silence et la discrétion soient d'or, mais pour un mélomane, sensible au rôle du compositeur de cinéma, il existe une infinité de maladresses et de blessures, que ce soit dans les choix stylistiques, la pertinence dramatique, le dosage entre silence, retenue ou épanchement, le mixage,...
On peut arguer que le score de North aurait sans doute dater le film. Le grand mérite de la bande originale existante reste tout de même la révélation pour le grand public d'un grand compositeur contemporain: Ligeti.