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Les B.O. Introuvables

Publié : jeu. 21 nov. 2024 23:26
par Lee Van Cleef
Le perfide Zimmeroïde, émissaire de Méphistophélès, et ses chiens de guerre écumants ont leur topic privilégié ; Chuck l'inqualifiable, le compositeur venu d'ailleurs, qui est l'exact opposé du gibier de potence suscité, dispose du sien propre ; nom d'un katana rétractable, même les minauderies extrême-orientales dont le chat du Cheshire subit l'influence corrosive possèdent un antre dédié (ô toi, béophile candide qui pénètre étourdiment en ces lieux, fais ton deuil de tout espoir) ! Et Les B.O. Introuvables, ces somptueuses cavernes aux merveilles dont Music Box seul détient les codes d'accès, n'auraient pas droit à leur zinc briqué de frais et semé de bols de cacahuètes sur lequel s'accouder ? Foi de Van Cleef, cela ne durera pas davantage !

Voici donc l'endroit sacré, où l'on ne s'introduira bien sûr qu'à la condition de se fendre de la plus respectueuse des génuflexions. C'est bien le moins que l'on puisse témoigner à cet éventail chamarré (limite rococo) de merveilleux coffrets, devenus en l'espace de quelques années d'incontournables mets de choix et l'orgueil des étagères périlleusement sevrées de leurs rations naguère pléthoriques de disques. Ayant fait une infidélité de passage à mon sabre létal pour un plumeau bien enrobé, j'ai soulagé les archives de la poussière les embaumant afin de compiler nos anciens échanges sur le sujet. Un préalable archéologique qui m'apparaissait indispensable avant que nous ne discourions tous, dans l'allégresse et l'humeur riante, des prochaines aventures de la collection.

Re: Les B.O. Introuvables

Publié : jeu. 21 nov. 2024 23:27
par Lee Van Cleef
On attaque en toute logique avec le numéro un, le vénérable pionnier, autour duquel, d'emblée, s'agglutina une petite foule de curieux alléchés :
Sgt Rigby a écrit :Enfin! Quel casting! Je ne savais pas que Dutronc s'était accoquiné avec la musique de film. Très heureux pour Le Battant malgré un score répétitif. Pile ou face est un film très sombre et bien dégueulasse dialogué par Audiard, donc obligé. L'intrépide sera une totale découverte. Et pour finir, un superbe Goraguer !
Tout cela tenait sur 2 cd's...mais qu'importe!
A quand le volume 2?
Kevin95 a écrit :Wooo punaise, c'est exactement ce que j'attendais de Lerouge fut un temps, une version compacte de titres obscures peu (ou pas) vendeurs à coté des titres plus costauds. Du coup, c'est Noël avant l'heure. Bravo messieurs. :shock: 8-)
Lee Van Cleef a écrit : Y'en a un petit peu plus, je vous le mets quand même ? Allons, au diable l'avarice ! Ce sont donc trois disques que les gens de Music Box, authentiques bienfaiteurs de l'humanité, ont peuplés d'outsiders bouillant d'en découdre enfin. Des synthés la main sur le coeur, de l'accordéon sympathiquement pop, des vagues franchement décomplexées d'action pour rire... Les extraits, que je déguste en même temps que mes doigts osseux cliquètent sur le clavier, ont d'ores et déjà conquis le coeur tendre dissimulé avec soin derrière mon rébarbatif faciès. Two thumbs up, comme ils disent dans je ne sais plus quelle région lointaine et inexplorée du globe.
PatrickB a écrit :Oui, belle réussite que ce coffret, bien joué, Music Box !
Le battant, particulièrement, ce thème me trotte dans la tête depuis sa sortie ! Celui-ci, on peut dire qu'il était attendu.
Delon a sans doute voulu faire faire aussi bien que Belmondo sur la musique, et le thème accrocheur y a réussi.
Faudrait peut-être revoir le film, si ça se trouve c'est pas aussi mauvais que ça semblait à sa sortie ...

Mais bon sang qui est ce Christian Dorisse ?! Sur discogs, peu de choses, il a l’air d’être surtout pianiste.
A mon avis, les saveurs et l’essentiel de cette musique sont dues à Colombier, vu son efficacité sur L’alpagueur et autres et ses capacités d’arrangeur.
Sam Lowry a écrit :Je déguste seulement maintenant le coffret des B.O. Introuvables (volume 1). Il faut dire qu'il était bien au chaud dans ma pile de 300 titres non décélophanés et ça faisait un moment qu'il me faisait de l'oeil... Bon, bref. Pour l'instant je n'ai écouté que le premier cd du BATTANT. 32 min (et rien d'autre sur le cd, étrange...) un peu répétitives mais les thèmes sont très sympas. Piano et synthés presqu'exclusivement. La musique de Christian DORISSE, supervisée par Michel COLOMBIER (gage de qualité), possède une atmosphère très 80's certes mais aussi un peu de mélancolie. Dommage que le cd ne soit pas accompagné d'une autre musique de film pour Delon (par exemple) ou du catalogue EMI dont Music Box Records a vraisemblablement mis la main dessus.

Re: Les B.O. Introuvables

Publié : jeu. 21 nov. 2024 23:27
par Lee Van Cleef
Le grand frère avait laissé aux palais happés par la tentation un délicieux goût de revenons-y. Haro donc sur le petit nouveau !
Jibé a écrit :Je suis très intrigué par le nom de Jean Morlier.
Je l'ai côtoyé ces dernières années et nous n'avons jamais abordé ce sujet.
Une personne modeste et très engagée dans la musique (professionnelle puis amateur une fois à la retraite).
Je savais qu'il avait dirigé et arrangé pour des orchestres de variétés à l'époque de l'ORTF.
Mais très discret sur sa carrière, il ne m'avait jamais parlé de ces compositions pour musique de film.

Je suis donc plutôt ému de voir son nom apparaître chez Music Box :|
Lee Van Cleef a écrit :C'est une pochette surprise aux formes adorablement biscornues que nous "offrent" (moyennant moult espèces tintinnabulantes et trébuchantes, c'est entendu. Ô ! monde odieusement matérialiste, pourquoi ne témoignes-tu pas davantage d'amour à ta populace désargentée ?) les sympathiques diables de Music Box. Grandiloquentes embardées où musarde l'ironie, pop rigolote, suspense qui ondule d'un air revêche, synthés lymphatiques en plein trip à l'eucalyptus, action fumasse passée au filtre d'une variété pailletée, kitschouillerie aux airs de bonbon dur qu'on ôte de son emballage craquant, vocalises d'angéliques femelles... Les nombreux extraits en promettent pour tous les goûts, ou pas loin !
Odelay a écrit :Certains ont l'air très sympa et bien plus variés que qq scores du volume 1 (Le Battant avait été pour moi une énorme déception, presque toujours le même thème avec exactement le même arrangement à une ou deux exceptions près, on avait l'impression que le disque était sur repeat). Je vais attendre que Starfe nous indique sa disponibilité chez Gibert.
PJ30 a écrit :très content du volume 2 des introuvables,BRAVO MBR! je ne m'attendais pas a si bien accrocher d'un bout à l'autre, bien qu'il n'y a rien à jeter ma préférence va pour le second CD et les BO's de Didier Vasseur, à certains moments il y a de la morriconnité façon "Sans mobile apparent" et même un air de la série Les envahisseurs avec Roy thinnes. ceci dit le plus dur maintenant est d'attendre 1 ans pour le Volume 3. :(
Au fait... je ne savais pas que Didier Vasseur est mort suite à une agression d'une ou plusieurs sales racailles(connaissant le courage de ces ordures)en voulant retirer de l'argent à un distributeur.
Lee Van Cleef a écrit :Grâce à Music Box, les petites mains travailleuses de la profession, les hommes de l'ombre tenus pour denrée négligeable, les "sans dents" pour paraphraser le Père François, tiennent une éclatante revanche ! C'est une constellation entière d'orchestrateurs, d'arrangeurs, de stakhanovistes de la variétoche et de la petite lucarne, qui bourgeonne à l'intérieur du second volume des B.O. Introuvables, tous fermement résolus à prouver leur capacité à briller sur le devant de la scène. Contrat, dans l'ensemble, largement tenu, en tout cas mieux qu'à l'occasion du numéro un, qui, maraudant lui aussi sur les vieilles voies de chemin de fer envahies par les ronces, s'était révélé excitant mais plutôt inégal. L'éclectisme, ça va de soi, demeure règle d'or : il y a loin entre la prestance surannée de Je Hais les Acteurs et le port décontracté du super-chouette Docteur Justice, entre l'atmosphère pas banale, pleine de petites curiosités électroniques, d'Un Escargot dans la Tête et l'agréable pochade Le Mariage du Siècle. Cette carte noyée sous les bigarrures en tous genres fait évidemment le charme d'un melting-pot dont le vieux Van Cleef, jamais rassasié, espère déjà que bien d'autres encore lui succèderont.

Re: Les B.O. Introuvables

Publié : jeu. 21 nov. 2024 23:28
par Lee Van Cleef
Rétrospectivement, le troisième volet fait pas mal figure de totem fédérateur. C'est l'instant féérique entre tous où Les B.O. Introuvables assoient, tant sur un plan commercial qu'auprès du petit monde positivement ravi de la musique de film, une pérennité cruciale :
Scorebob a écrit :Le Retour de Martin Guerre , depuis le temps ! Une belle et rare composition.
L'Argent des autres et son score contemporain qui donne au film son atmosphère quasi fantastique alors que nous sommes dans un pamphlet contre les banques. Un petit côté Danton même.
Julien a écrit : Nuit d'or de Jansen est une rareté intéressante aussi. Par contre j'ai pas souvenir d'une musique très présente dans l'Argent des Autres, mais peut-être qu'elle est mieux mise en valeur sur le disque.
Lee Van Cleef a écrit :Nuit d'Or de Jansen ! Incroyable ! Je n'osais plus espérer le voir apparaître un jour, celui-là... Et le voici déboulant soudain dans un nouvel opus des Introuvables, où ses lancinantes exigences risquent de chahuter sévère une charte éditoriale ayant jusqu'à présent toujours fait la part belle au fun et à la gouleyante gaudriole (que l'inénarrable Parole de Flic, l'un des chefs-d'oeuvre bis de Delon, flanqué d'une partoche ad hoc, se fait fort de représenter en laissant onduler ses abdominaux huileux). Plus seulement introuvable, mais définitivement incontournable !
Dadid a écrit ::shock: Après On a volé la cuisse de Jupiter, ça fait un choc ! On passe de la gaudriole à 2001 ou Danton... J'adore ! :D
Odelay a écrit :Patrice Mestral il le semble que c’est lui qui avait dirigé les musique de Jaubert que Truffaut avait fait enregistrer pour ses 4 films durant les 70s.

Sinon je suis ravi de ces nouveaux introuvables. On a quand même un César de la meilleure musique avec Martin Guerre de Portal que j’adore et que j’avais dans son édition raccourcie. Content aussi pour la cuisse de Jupiter qui va me rappeler pas mal souvenir car j’ai vu le film de nombreuses fois. Etonnant que Delerue n’ait pas écrit ce score. Sinon je me souviens m’être dit que la musique de L’argent des autres était intéressante quand j’ai revu le (formidable) film il y a deux ans. Par contre j’ai un peu peur que Parole de flic soit très marqué par son époque (je n’ai pas encore écouté les extraits). La chanson passit souvent à la radio durant l’été 85 (oui comme le film de Ozon)
Odelay a écrit :Sinon je me souviens que durant l'été 85 quand j'étais ado et que je commençais à m'intéresser aux BO, je devenais familier avec les noms de Sarde, Delerue, Bolling, même Yared, mais je dois dire que j'avais été très perplexe devant ce compositeur Pino Marchese quand j'avais vu le LP dans les bacs. 35 ans plus tard, ça n'a pas changé mais comme il y a internet on peut en savoir un peu plus. Il doit être un pote à Delon (ou de Pinheiro le réalisateur, mais je ne pense pas qu'il avait beaucoup son mot à dire) car sur les 3 films qu'il a mis en musique, il y a aussi le Pinheiro/ Delon suivant, "Ne réveillez pas un flic qui dort". On peut rajouter un Giovani pas frais, les loups entre eux et on a l'étendu de ses oeuvres pour le ciné. Mais il se trouve qu'il s'agit aussi d'un chanteur Italien roucoulant dont on peut trouver des titres sur YT. Est il vraiment célèbre là bas ou juste une étoile d'une autre époque ? Aucune idée
Starfe a écrit :Alors non !! J'adore Parole d'un flic, qui est dispo en digital depuis quelques temps, et surtout la chanson I don't know que j'ai écouté je ne sais pas combien de fois. Donc super content qu'il sorte enfin en CD. je ne connais pas les autres excepté le Martin Guerre mais j'ai assez hâte de les découvrir.

Et aussi les 2 Krishna Levy, compositeur que l'on aimerait entendre plus souvent, que je ne connais pas du tout.
Dadid a écrit :Eeeet oui les amis, les années 80 n'avaient pas que du bon. On risquait les nappes bourrines de Yamaha et les flonflons urticants de saxo à chaque tournant. Fort heureusement, si votre nostalgie n'est pas assez perverse pour vous faire aimer ça (quoi que, à petite dose, et puis j'attends de tout écouter) - EDIT : déjà il y a Starfe, je garde espoir ! :D - , l'alchimiste MBR nous a inventé la compil qui change le plomb en or... Enfin je l'espère pour eux (qu'elle soit au moins rentable). Mais elle peut rassembler des intérêts assez divers, c'est sûr, un ou deux titres recherchés deux-trois autres inattendus... Je suis partant !
Odelay a écrit :Par contre j'ai écouté la cuisse de Jupiter dans les extraits et là tout de suite j'ai revu le film et je me suis même mis à chantonner le thème.


Sinon, en parlant de Delon dans sa période DELONESQUE, j'avais été très content que MBR sorte Le Battant pour assez vite déchanter au final. Rarement je n'avais écouté un album aussi répétitif. Ce n'était pas la faute à MBR, mais c'était dingue de voir un thème plutôt fort et arrangé avec l'efficacité 80s par Colombier n'avoir absolument aucun autre arrangement. Durant tout l'album c'est la même musique avec exactement le même arrangement où seule la durée change. D'habitude un thème est décliné pour d'autres instruments, mais là pas du tout. C'était au final étonnant. Heureusement qu'il y avait deux autres thèmes qui eux aussi avaient ce même recyclage.
Kevin95 a écrit :De mémoire, Delon utilise avec parcimonie le thème principal du Battant, certes bien présent mais sans sombrer dans le trop plein (façon Pour la peau d'un flic). Il mélange d’ailleurs le score de Christian Dorisse avec du tango, du Mozart ou Samouraï (+ un clin d’œil sadique avec le retour du Bensonhurst Blues).

Sinon, très très heureux de ce nouveau coffret (encore une fois jouissif). Du méconnu Ce cher Victor au nostalgique On a volé la cuisse de Jupiter en passant par l’exigeant Retour de Martin Guerre, tout y est... même le cancre du fond Parole de flic (ahhh cette chanson de Delon & Phyllis Nelson ou le foufou Get Outta Town).

Concernant Pino Marchese, Ne réveillez pas un flic qui dort est un poil plus cheap que Parole de flic (les arrangements font très Navarro ]première période) mais un morceau surnage : La Mort de Peret (merci Toots Thielemans).
Sgt Rigby a écrit :Idem. Je suis tellement heureux de retrouver le score de Nuit d'or de Jansen que j'ai usé en vinyle. Il n'y a vraiment rien à jeter dans cette sélection aussi large qu'éclectique. Et pour Parole de flic, je sens que MBR vient d'ouvrir un boulevard afin que Ne réveillez pas un flic qui dort soit au menu du vol 4 des introuvables en 2021 !
Mortimer a écrit :Si je devais sortir un cd du lot, ou plutôt du coffret c'est le deux. Dépaysement total avec des musiques que l'on entend trop peu au cinéma, surtout en ce moment. Et si je devait décerner une palme ce serait pour Nuit d'Or. Rien que ce CD vaut l’achat du coffret.
Le premier cd est plaisant à écouter grâce à quelques jolies mélodies et son sirtaki. Quant au 3 bon ben il est là. C'est pas vraiment ma tasse de thé mais comme dirait l'autre, il en faut pour tous les gouts.
En tout cas vivement un volume 4 8-)
Odelay a écrit :J'aime beaucoup Ce cher Victor qui se marie bien avec La cuisse de Jupiter.
Le CD 2 est très exigeant. Je connaissais bien une bonne moitié de Martin Guerre que j'appréciais énormément. Les autres sont étonnants, mais versent dans une certaine atonalité qui peut dérouter. Quant au CD3, c'est toute une époque, mais même si j'ai vraiment eu du mal à aller au bout de certains morceaux il y a eu 3-4 plages qui n'étaient pas si désagréables. Sinon on peut écouter ce que nous dit le titre du film "Ne réveillez pas un flic qui dort" si jamais il était envisagé pour plus tard. On peut le laisser dormir en effet.
Dadid a écrit :Très bon résumé, Mortimer et Odelay, le programme a été intelligemment préparé et bien décrit dans le livret. Pour ma part, en gros, le CD 1 nous fait baigner dans une légèreté à la Cosma, le second dans une étrangeté glaçante, le dernier dans les ruelles des eighties à la française, pas forcément reluisantes, mais ma foi l'aventure c'est aussi cela.
PJ30 a écrit :Ayant reçu mon Coffret "Les B.O.Introuvables" la semaine dernière je viens tout juste de le finir.
Un ensemble très agréables pour les oreilles, pour les miennes en tout cas! encore une fois MBR fait des merveilles! Le Top pour moi est le second CD.
Mention spéciale pour Patrice Mestral avec "L'argent des autres", n'ayant jamais le vu le Film je ne m'attendais vraiment pas à cette ambiance là! elle me rappelle fortement le Climat de la BO de Vittorio Gelmetti "Sotto il segno dello scorpione".
Merci MBR pour ces découvertes sublimes. :)
Lee Van Cleef a écrit :
Jofrenge a écrit :Bonne nouvelle : il y aura un 4ème puis un 5ème coffret des "B.O. Introuvables" :)
Ô viril Priape, daigne accepter l'oblongue offrande du vieux et euphorique Van Cleef ! Mais ne commençons pas comme nous en avons le réflexe mécanique à tirer moult plans, et prédictions éditoriales au petit bonheur, sur la malheureuse comète qui n'a rien demandé. Profitez donc de l'instant présent, gentlemen, à l'image du vieux Van Cleef, qui s'apprête justement à se repaître du numéro 3 apparu dans son insalubre masure juste avant que le gouvernement bourreau ne déroule des kilomètres de cordon de sécurité.
Lee Van Cleef a écrit :Vous avez dit l'âge de raison ? C'est assez tentant d'y croire, à la seule vue des poches d'ombre affublant de cernes bistres le disque où Nuit d'Or et L'Argent des Autres, formidables tous deux, psalmodient dans un lugubre ensemble. Mais si Les B.O. Introuvables se sont finalement décidées à faire sauter de leur trogne quelques vilains comédons, pour rien au monde elles ne renonceraient aux petits plaisirs diantrement peu coupables qui ont assis leur réputation dégingandée. Les hors-d'oeuvre distillent des joies simples et ensoleillées, méditerranéennes même, auxquelles la morosité qui fait ployer nos épaules comme sous de pesants parpaings confère bien sûr un vernis d'autant plus précieux. Mais le morceau de choix bis, celui qui assaille les glandes salivaires d'un incoercible émoi, est haut la main Parole de Flic, qui s'impose, en osmose absolue avec la démonstration dans-ta-face de l'égo mastodonte de Delon, comme un chef-d'oeuvre de ringardise apte à annihiler les réticences malvenues. Chansons imbitables gangrenées par le pire (et donc le meilleur. Obligé) des eighties et synthés qui serrent deux rangées de crocs étincelants, rien ne manque à la déliquescence ravie de cette chose d'un autre âge. Deux ans plus tard, John Woo et son acolyte fidèle David Wu, ensorcelés par tant de grâce, firent main basse sur quelques tortillons de suspense et remous simili-rock pour vêtir les coups de flingue de Ying Hong Boon Sik II (Le Syndicat du Crime 2). C'est dire si Parole de Flic, c'est du jouissif !
DarkCat a écrit :Euh, je viens de finir l'écoute du troisième coffret des Introuvables et celle-ci est en demi... que dis-je en tiers teinte.
Le premier CD est vraiment très bon. [love]
Le deuxième CD est pas loin d'être inécoutable. Je n'ai rien contre des "partitions contemporaines à l’approche à priori plus rudes", mais encore faut-il qu'on les entende. :? Après deux écoutes, je suis certain que ce disque ne reviendra plus jamais dans mon lecteur. [dead]
Le troisième CD est loin d'être transcendant, mais après le CD 2, c'est presque du caviar. :lol:

En fait, ce CD 2 aurait eu sa place dans une nouvelle collection : "LES B.O. INECOUTABLES (BEURK SOUNDTRACKS) - VOLUME 1".

Re: Les B.O. Introuvables

Publié : jeu. 21 nov. 2024 23:29
par Lee Van Cleef
Puisque la chose n'a rien d'une foucade sans lendemain, allons-y gaiement pour une quatrième fournée ! Celle-ci n'est pas exactement ma favorite, mais après tout, il peut arriver même aux plus braves de subir une légère dépressurisation...
Lee Van Cleef a écrit :Nom d'un katana graissé à l'huile d'ornithorynque ! Ils ont carrément été déterrer le Mesrines zédouillard des années 80, avec ses trémolos artistement dramatiques (rires gras) et ses synthés post-Midnight Express qui cancanent à en griller tous leurs circuits ! Après un Parole de Flic jouissif comme pas un lors du précédent volume, le bis qui aimerait faire oublier qu'il en est continue à taper le carton à la table des B.O. Introuvables, pour le plus grand bonheur serti de borborygmes ravis du vieux Van Cleef. Mais que le chat du Cheshire lisse bien vite son poil déjà tout ébouriffé par la perspective de ce kitschissime festival ! D'autres régalades plus traditionnellement "écoutables" seront de la partie, comme Légitime Violence et son thème des plus séduisants, probablement la grande attraction mélodique de ce coffret.
DarkCat a écrit :Perso, c'est évidemment le nom de Jean Wiener qui a attiré ma féline attention.
Lee Van Cleef a écrit :Me concernant, c'est bien la première fois qu'un volume des B.O. Introuvables, fer de lance et arme d'ordinaire carrément fatale des valeureux gaillards de Music Box, ne prend pas ses aises au sein du topic touffu "Vos coups de coeur du moment"... Tout avait pourtant démarré sous les plus favorables augures avec Légitime Violence, qui jouit d'un thème à l'instrumentarium délicieusement hétéroclite (magnétique flûte de pan), et la décalcomanie pas vu pas pris j't'embrouille (enfin, presque) de la mythique rengaine de Midnight Express dont Mesrine se paye le luxe. Mais dès le second disque, ça se gâte — violemment. Les chansons qui le (dé)composent presque entièrement possèdent pour la plupart leur petit capital sympathie, mais à les voir alignées ainsi en rang d'oignon, oscillant entre gentille couillonnade et ringardise irréfragable, une certaine lassitude pointe le bout de son groin. Laquelle se mue, apocalypse et pestilentielle putrescence, en un ennui d'au moins dix tonnes à l'occasion du dernier CD, redoutable mouroir qui nous vaut le déplaisir d'entendre Chabrol fils tenter de faire oublier le génie de Pierre Jansen, et Jean Wiener en train de succomber à une crise de catalepsie devant son piano expirant. En comparaison, même le bandonéon pas forcément très inspiré de Karl-Heinz Schäfer, qui clôt ces réjouissances bien mal nommées, revêtirait des allures explosives de grenade dégoupillée et joyeusement lancée.
Odelay a écrit : Alors, je suis d'accord avec la très bonne surprise du disque 1 (Légitime Violence est vraiment bon), avec le disque 2 qui a pris un énorme coup de vieux, pourtant j'aime beaucoup ces deux Poiré, mais pour une chanson très sympa chantée par Soral en Russe, il faut s'en taper de nombreuses autres qui testent vraiment notre patience et celles pour Mes meilleures copains ne relèvent pas trop la barre non plus (d'ailleurs Daroussin dans le film parle de soupe à propos de certaines de ces chansons, donc forcément ça ne s'est pas arrangé), par contre pas du tout, mais alors pas du tout, d'accord avec le disque 3 et notamment la partition de Wiener pour le film de Guy Gilles qui est simple et belle. Chabrol junior faisait ses débuts et on ne peut pas dire qu'il choisissait la facilité avec ses atonalités, je trouve ça assez envoutant, même si je suis plus sensible à ce qu'il a fait dans d'autres films suivants du papa où il avait une écriture plus maîtrisée. Et oui, Kral Heinz Shaëfer clos de belle manière le disque.
Lee Van Cleef a écrit :
Odelay a écrit :par contre pas du tout, mais alors pas du tout, d'accord avec le disque 3 et notamment la partition de Wiener pour le film de Guy Gilles qui est simple et belle.
Un joli thème s'esquisse, je te l'accorde bien bas, mais les gammes lymphatiques de Wiener ne tricotent à peu près rien dans son pourtour. Ma magnanimité réputée m'incite néanmoins à sauver de ces eaux dormantes la version très agréablement chantée par Macha Méril.
Lee Van Cleef a écrit :
DarkCat a écrit :Au lieu des coffrets "Inédits", qui commencent à sentir le faisandé (c'est grosso-modo ce qu'un ami vient encore de me dire)
Tu te complais décidément dans l'épaisse vase de fréquentations par trop douteuses, le chat du Cheshire... C'est entendu, le quatrième et dernier volume en date des B.O. Introuvables marque une sorte de ventre mou — lequel, tout bien considéré, devait finir tôt ou tard par advenir, au désarroi de nos oreilles que cette collection de bric et de broc avait accoutumées à l'excellence. Mais je ne doute pas une seconde qu'un prochain épisode saura prouver, avec fougue et iconoclasme, que ces menus errements n'étaient rien d'autre que temporaires vacillements.
Mortimer a écrit :Les mauvaises ventes de ce volume 4 peuvent très bien sonner le glas de cette collection des "introuvables". Ce serait dommage, car se donner toute cette peine a exhumer des trucs aussi rares, pour un résultat médiocre, il y a de quoi vouloir jeter l'éponge. Puis-je avoir tort !
Odelay a écrit :En ce qui me concerne c'était le premier volume qui m'avait assez déçu car il était très répétitif, les autres m'ont plus que ravi.
Je ne pense pas qu'une mauvaise vente dans ce cas là pourrait remettre en cause cette collection. Ils ont dû prévoir que ça pouvait arriver une fois de temps en temps. Par contre il ne faudrait pas que ça se reproduise trop souvent évidemment

Re: Les B.O. Introuvables

Publié : jeu. 21 nov. 2024 23:29
par Lee Van Cleef
Avec sa ligne directrice plutôt homogène, le volume 5 aurait presque l'air d'une anomalie collet-monté parmi les joyeux pandémoniums habituellement fournis par Music Box. Une façon qui en vaut maintes autres de se distinguer du reste de la horde :
Scorebob a écrit : DEUX SCORES DE FRANÇOIS VALÉRY!!!!! Rahhhhhhhhhhhh !!!! dans les introuvables!
Mathilias a écrit : Le Coffret des Introuvables doit être très chouette mais je n'ai pas les précédant donc je laisse tomber.
Dadid a écrit :Ne pas prendre un coffret parce que tu n'as pas les précédents est un drôle de principe, mais je devine trois possibles tenants : soit tu n’aimes pas des masses le contenu stylistiquement et qualitativement variable de cette série de coffrets (bonne raison), soit tu dois faire des choix (autre bonne raison), soit un peu des deux ! :mrgreen: Perso je vais faire claquer les extraits, mais vu de loin le charme opère.
Sam Lowry a écrit :Comme d'habitude, dans ses Introuvables, il y a à boire et à manger. Très content pour les Alessandrini. Les François Valery m'intéressent peu. Le reste.... mouais....
Mortimer a écrit :A part les "Joy" voilà un coffret intéressant. Une belle palette éclectique des productions françaises, en commençant par Raymond Alessandrini. J'avais complétement oublié que Piovani était sur La trace. Un film que j'avais bien aimé à l'époque mais jamais revu depuis. Le scenario est en partie de Bertrand Tavernier et le film nominé aux Césars, comme première œuvre je crois.
Odelay a écrit :C’est vraiment marrant, il y a un mois je repense à la partition d’Au revoir à lundi de Lewis Furey et je la réécoute sur YT et je me dis que ce serait un excellent candidat pour les Introuvables. Et Bingo!! Je suis content.
Et doublement content car il y a la trace. Le thème principal de Piovani et Perrone est superbe.
Sinon ce sera la première fois que j’achèterai du François Valery. Si on m’avait dit ça…
DarkCat a écrit :L'amant ? Lolita ? Joy ? Joy & Joan ? Bigre, cette fournée m'a l'air un tantinet polissonne. ;)
Si seulement la prochaine pouvait être carrément cochonne, avec des musiques porno das 70's et 80's. :lol:
Dadid a écrit :C'est pourtant vrai ! Même La vie en rose, en poussant un peu le bouchon... :roll: Bon, à l'écoute, certains extraits de la nouvelle salve d'incunables made-in MBR me plaisent bien voir plus (dont Imminence de la neige et Carnaval à Castelvecchio de La Trace), mais sur l'ensemble, je ne sais pas trop. Il faudrait déjà que je réécoute certains disques un peu délaissés des volumes précédemment achetés.
Lee Van Cleef a écrit :Et de cinq ! Chaque fois que Music Box déclare ouvertes à tous les curieux de passage les portes d'un nouveau caravansérail, le vieux Van Cleef se fait un quasi-sacerdoce d'applaudir dans le crissement sec de ses doigts étiques. D'autant que celui-ci semble tout aussi bondé que ses confrères en autochtones aux mille parures, tantôt soyeuses et coquettes (merci aux talents de mélodiste d'Alessandrini), tantôt dépenaillées sous le large croissant d'un rictus empli de morgue (les synthés bon chic bon genre qui lorgnent paresseusement les rotondités à couper la chique de l'ébouriffante Brigitte). Malgré la relative déception qu'occasionna le volume précédent, il va sans dire que ce succulent objet sera mien avant peu.
Starfe a écrit :Joy and Joan, piste 13 : I lov' sax and sex... Ma journée à bien commencée... :D [love] [cd]
Odelay a écrit :Le disque 3 des Introuvables est une merveille.
La Trace de Piovani et Perrone est un petit chef d'oeuvre, une de ces musiques qui vous emporte dans un autre temps, vers d'autres paysages. Il était temps que ce score qui avait été remarqué à la sortie du film soit enfin réédité.
Au revoir... à lundi, c'est une autre époque, celle des 70s, et franchement le plaisir est aussi au rendez vous. J'adore l'écriture de Lewis Furey durant cette période que ce soit dans ses propres albums ou au ciné. La chanson très enlevée de Carole Laure aux arrangements très riches retrouve le style de ce qu'il avait fait pour Fantastica. Elle reste dans la tête pour de bonnes raisons. Les autres musiques de Jean Daniel Mercier ont cette savoureuse saveur 70s (je conseille particulièrement le morceau La Floride).

Bon je m'en vais écouter le disque 1 qui m'a l'air aussi bien sympathique.

Pour notre François Valery préféré, ben... heu...je vais le garder pour plus tard... J'avoue que j'ai un peu peur.
Sinon, oui, je me souviens encore aujourd'hui de la chanson JOY qu'on entendait un peu à l'époque sur RTL. :mrgreen:
Lee Van Cleef a écrit :Pour la première fois en cinq volumes, l'impression plutôt grisante d'avoir à se frayer un passage dans les chaotiques méandres d'un dédale de broussailles m'est apparue un tantinet érodée. Comme si des mains zélées, faisant claquer les mandibules ointes de reflets liquides d'une cisaille, avaient ouvert dans le labyrinthe une voie suffisamment praticable pour que nul n'ait besoin de rentrer le ventre ou de serrer les fesses. Tel est pourtant le charme primordial des B.O. Introuvables, ces improbables patchworks morcelés façon puzzle, qui vous trimbalent de dos-d'âne en toboggans ondulants au gré de leurs caprices. Pour cette fois, la belle mélodie tient le rôle du fil conducteur serpentant en toute quiétude d'un disque à l'autre. Ça n'ébaubira pas spécialement de la part d'Alessandrini ou Piovani, tous deux experts ès-broderies versicolores, déjà un chouïa plus venant de François Valéry, à qui les ribauderies chichiteuses de Joy inspirèrent un thème étonnamment aguichant. Bref, qu'importe ma remarque liminaire ! Une nouvelle fois, les fameuses boîtes à confiserie de Music Box font dire au vieux Van Cleef qu'il n'y a pas que dans le cochon que tout est bon !
L'indispensable DarkCat a écrit :Dans la cochonne aussi !
DarkCat a écrit :Petit retour sur le coffret des "Introuvables VoL 5". Autant les autres coffrets ne m'avaient pas convaincu à 100 %, autant ce volume m'a ravi. Je n'y ai pas trouvé grand chose à jeter (voire, carrément rien ;) )... même les œuvres de Valéry s'écoutent vraiment bien, malgré un aspect parfois un brin kitschouille. Il reste à espérer que les prochains volumes seront du même acabit.
Lee Van Cleef a écrit : En mettant le holà sur les kitscheries synthétiques qui exigent du béophile en maraude un palais robuste et exercé, et en suggérant aux lugubres psalmodies de Patrice Mestral et Pierre Jansen d'aller se faire pendre ailleurs, ce dernier coffret avait toutes les chances de te séduire, mon vieux chat du Cheshire. Me concernant, quand bien même son mélodieux programme m'a assurément fait succomber, j'espère que la prochaine livraison (car il y en aura bien une, et comment ! Sinon ça va chier des bulles carrées) renouera avec cet hétéroclisme foutraque sans lequel Les B.O. Introuvables seraient peu de chose.

Re: Les B.O. Introuvables

Publié : jeu. 21 nov. 2024 23:30
par Lee Van Cleef
L'effervescence pleine de curiosité qui salua en fanfare le début des B.O. Introuvables finit évidemment, au fil des numéros, non point par se dissiper, mais par s'aplanir un tantinet, laissant se former un noyau dur d'irréductibles habitués quand d'autres préféraient renoncer à l'affaire. On le voit avec le matricule 6, autour duquel babillent surtout les fidèles de la première heure :
Lee Van Cleef a écrit :
Mortimer a écrit : Ca sera donc Les introuvables volume 6 (je vous laisse découvrir les titres)
Certes, ce ne sont pas exactement les titres que j'avais inscrits, quelques étages plus haut, à la litanie rauque de mes desiderata. Mais l'essentiel est sauf : ce nouveau parpaing, gonflé à l'instar des cinq précédents de ces parias dartreux dont le Grand Grimoire de la musique de film se cogne comme de colin-tampon, recèle bel et bien une solide portion de polars eighties qui n'aiment pas qu'on fouille leur sublime crinière gominée en quête de poux ! Le tout judicieusement aéré par le fourre-tout stylistique du très inégal (c'est rien de le dire) mais pas manchot pour autant Jean-Marie Sénia. Les acouphènes admirables qu'on va se payer, gentlemen !
Dadid a écrit :J'ai quand même pris le temps de parcourir les nouveaux Introuvables de MBR, ma foi l'ensemble est très bien comme d'habitude ; ça commence tranquille, plutôt classique/jazz, les titres s'enchainent, on attend le virage 80s avec ses percus et synthés grassouillets... et ça arrive, à tous les coups ! :D MBR a dû tester les dosages de ses pochettes-surprises en labo ! 8-) Je me laisserai tenter un de ces quatre.
Lee Van Cleef a écrit :D'accord, il y a la délicieuse et charmante mélodie d'Asphalte, ornementée à la manière d'une pièce d'ébénisterie gracile par un Laurent Petitgirard en verve de douceurs solistes. C'est entendu, si brève soit-elle, la partition de Balles Perdues n'en aime pas moins déconcerter son monde, donnant d'une piste à l'autre le drôle de sentiment de vagabonder lacets défaits et tee-shirt enfilé devant derrière, puis de surgir pimpante comme un sou neuf après s'être administrée deux ou trois méticuleux coups de peigne. Quant au disque dévolu entier à Jean-marie Sénia, il n'a rien d'une camelote négligeable, tant fascine une fois encore l'habituel grand écart "vandammesque" exécuté par le compositeur entre des talents d'écriture bien réels et des synthés va-nu-pieds, capables de faire passer même Joe Renzetti ou Paul Hertzog pour le nouveau propriétaire du Carnegie Hall. J'insiste, tout ceci est bel et bon.

Mais que peuvent les gentlemen suscités face à la puissance dévastatrice du polar français des eighties ? Bleu Comme l'Enfer et Les Fauves éclaboussent le dernier disque des B.O. Introuvables, sixième du nom, de leur classe frimeuse, condamnée par l'époque balafrée de scrofules qui les vit naître à un vieillissement accéléré. Et malgré tout, allez comprendre pourquoi, les oeillades voulues langoureuses que décochent Pierre Porte et Philippe Servain, avec l'élégance d'une péripatéticienne boudinée dans un harnachement de cuir trop échancré, touchent systématiquement au but. Impossible de résister à ce saxophone quintessentiel, dont on égara dès la décennie suivante la recette cloquée de grumeaux, à ces courses-poursuites où les percussions propulseraient en pleine zone rouge l'aiguille du sismographe, à ces débordements de romantisme qui préfèrent à la sereine beauté des cadres sylvestres les néons enlinceulés par d'épais fumigènes, à ces chansons "à l'américaine" ruisselant par tous les pores d'un musc épais ! Messieurs de Music Box, du fin fond de son coeur enseveli sous un millier de fibrilles noirâtres, le vieux Van Cleef vous dit merci.
Mortimer a écrit :C'est vrai que le troisième disque c'est un peu la cerise sur le gâteau.
Encore un beau et bon coffret concocté par MBR. Quelle belle collection ces "introuvables"
DarkCat a écrit :"Les B.O. Introuvables Vol. 6" - Une fort bonne fournée. Si les trois disques sont vraiment d'un bon niveau, j'avoue avoir eu un certain coup de cœur pour le CD 3. :D
Encore merci aux boys de Music Box. Continuez !! [love]
Mortimer a écrit :Idem, le 3 est mon préféré aussi. Mais les deux premiers sont de bonnes factures. Un indispensable ! Vivement la suite [cd]
Odelay a écrit :LE CD avec Bleu comme l'enfer??? :shock:
Pour moi c'est le CD 1 et de trèèèèès loin.

Re: Les B.O. Introuvables

Publié : jeu. 21 nov. 2024 23:31
par Lee Van Cleef
Bien malgré elle, la septième fournée donna à un Jean Musy bientôt trépassé une extrême-onction qui s'ignorait. Mais tout bien réfléchi, n'a-t-on pas coutume de dire qu'en Gaule, tout finit par des chansons ?
Odelay a écrit :La collection des Introuvables est ma préférée et celle que j’attends le plus avec impatience chaque début d’année. Super content pour les deux films de Coggio, que bizarrement j’ai réécouté sur YT il y a qq mois.
Lee Van Cleef a écrit :S'il existe un moyen plus revigorant de débuter l'an flambant neuf que de voir scintiller au firmament des étals esthètes le dernier volume des B.O. Introuvables, alors nom d'un katana à lame en bec d'aigle, qu'on le porte sur-le-champ à ma connaissance ! Fidèle à la ligne de conduite quelque peu zigzagante de ses prédécesseurs, entre thématiques ostentatoires et vide-grenier truffé d'imprévus, le numéro 7 offre à boire et à manger. Les pas frileux, dont le vieux Van Cleef se flatte de faire partie, s'empiffreront donc de fantaisies en costumes peut-être pas si bouffonnes qu'elles en ont l'air, d'un triptyque Jean Musy à l'humeur apparemment folâtre et, bien sûr, d'une paire des polars dorénavant incontournables que le cinéma français usinait à la pelle dans les merveilleuses années 80. Festivités rien de moins que priapiques en prévision !
Mortimer a écrit :J'ai reçu le coffret hier et en pleine écoute du premier CD. Très classique par moments, l'ensemble ne manque pas de charme.
A noter une "messe noire" dans le deuxième score du cd 1, pas piqué des hannetons :o . Et vas-y que je t'invoque Astaroth }-)
Mortimer a écrit :Les musiques de Karl-Heinz Schäfer du CD 2 sont juste magnifiques. Au début, le score s'oriente plus vers l'Argentine avec l'appui d'un bandonéon. Quand le saxophone prend le relais on entre plus dans un coté jazzy. La suite est entre musique mystérieuse, et une musique de polar parfois limite atonale. Beaucoup de cordes, avec de temps à autre un harmonica et toujours le saxophone. Et l'envoûtante voix féminine omniprésente. C'est étonnant, j'avais vu ces deux films à l'époque et pourtant, la musique ne m'avait pas spécialement marquée.
Odelay a écrit :Je vais écouter ça ce soir. Je l’ai trouvé chez Gibert. J’ai déjà mis Scapin entre les oreilles et la tarentelle que je connaissais m’a rappelé des souvenirs.
Lee Van Cleef a écrit :
Dadid a écrit :De mon coté, à part Papy... et les adagios de Noces blanches, je ne connais pas.
Feu Musy s'est pourtant invité à quelques reprises dans les colonnes de l'UnderScorama, où tu as toi-même tes habitudes, si je ne profère point de sornettes, ami Dadid ! La dernière fournée, composée des Fausses Confidences, du Coeur à l'Envers et du Bahut va Craquer, tous trois réunis dans l'indispensable entreprise de sauvegarde d'un patrimoine en péril que sont les B.O. Introuvables, a même été chroniquée pas plus tard que... le mois dernier ! C'est dire si ce sympathique aréopage de musiques joliment tournées, à défaut de chavirer les sens et la raison, t'a marqué au fer rouge... Mais peut-être était-ce là le talon d'Achille de celui qui fut en priorité un arrangeur stakhanoviste : un certain manque de marottes musicales bien trempées, de celles qui vous forgent un caractère entier.
Dadid a écrit ::shock: C'est pourtant vrai, un CD entier, j'ai honte ! Tu as bien résumé la situation. J'ai apprécié la facture de sa BO pour Les fausses confidences, mais il s'agit tellement d'un pastiche des compositeurs du 18ème (avec son chanteur haute contre), qu'on en oublie facilement le compositeur. Ses essais plus modernes n'ont pas eu la chance de croiser des films à succès comme ceux de Cosma par exemple (je pense à La Boum*), ou de comédies populaires de l'époque, peut-être aussi par manque de fantaisie, d'inventivité... ou ce n'était tout simplement pas sa tasse de thé.
Lee Van Cleef a écrit :Qu'importe la lugubre atmosphère de cimetière, où les chrysanthèmes déposent les tavelures glauques de leur décomposition, qui règne ici ! Nous y serons aussi bien qu'ailleurs pour évoquer le dernier cube des B.O. Introuvables, sur lequel je ne m'étais pas encore répandu de toute mon habituelle prose en biais alors que l'auguste objet est mien depuis quelques mois déjà. À tout seigneur trépassé tout honneur, j'attaque avec feu Musy, à qui revient le luxe d'un disque complet et, ma foi, digne d'intérêt. Les Fausses Confidences, livré en pâture à la glotte péristaltique d'une diva que le vieux Van Cleef jubile à imaginer décolletée au point de flirter avec l'attentat à la pudeur, dégage pour commencer une émotion certaine ; mais c'est l'admirable sentimentalisme du Coeur à l'Envers qui fait réellement mouche, nourri par un thème dont la beauté touche à l'évidence la plus limpide. À l'autre extrémité du spectre, le premier disque accorde asile aux carrousels en costumes qui sont l'un des délices mignons de la collection. On ne fera pas dudit programme un sommet d'anthologie, même si Le Fou du Roi marque des points grâce à une jolie louche d'adrénaline en fusion et, surtout, loin du baroquisme que rend bleu de suffocation une fraise aux godrons ballants, à des gargouillis électroniques modelant à la gloire des dieux rampants une sorte de messe noire azimutée !

Le disque "spécial polar des années 80", l'autre marotte de Music Box, frappe de son côté très fort en confiant la barre à Karl-Heinz Schäfer, qui nous mitonne là d'envoûtantes atmosphères de déréliction urbaine. Les néons clignotent faiblement, au bord de rendre l'âme, les HLM courtauds s'avachissent sur leurs fondations barbouillées de graffitis, et le compositeur, au lieu de renchérir dans l'étalage du sordide, donne à ces décors exsangues un cachet tout à fait singulier. En témoigne la superbe foire aux solistes qu'est Extérieur, Nuit, où l'accordéon, promu star, s'essouffle à suivre les pas titubants d'un tango accablé de spleen. Avec l'audace d'un Pierre Jansen se retroussant les manches pour une "chabrolerie" noire comme la nuit, Schäfer englue Polar dans un climat morbide. L'harmonica, dégraissé de tout son pittoresque, paraît chuchoter d'inquiétantes confidences, et l'on jurerait à propos des mélopées féminines qu'elles surgissent tout droit d'un giallo "morriconien" !

Re: Les B.O. Introuvables

Publié : jeu. 21 nov. 2024 23:32
par Lee Van Cleef
Petite forme générale en ce qui concerne le chapitre 8, qui n'aura drainé autour de ses munificences attendues que peu d'intervenants et une quantité famélique d'élogieux vocables... Faudra voir à mettre davantage de coeur à l'ouvrage, la prochaine fois, gentlemen !
Mortimer a écrit :Le coffret "les introuvables" est le seul qui m'intéresse. Avec Jean Claude Petit et Raymond Alessandrini, que j'affectionne particulièrement, dans la même boite moi je suis aux anges.
Lee Van Cleef a écrit :
Odelay a écrit : Vous connaissez la chanson de Bachelet quand on aura 20 ans en l’an 2001? Et ben c’est Gwendoline.
Exactement ! Inutile de brandir les faux-fuyants les plus éculés, gentlemen, et succombez sans qu'il soit besoin de vous en conjurer au glamour déliquescent de Gwendoline, challenger armuré de tôle luisante au titre convoité entre tous de bisserie fatale de l'année ! Nickel pour donner fort agréable compagnie au huitième des singuliers spécimens tricéphales en l'absence desquels les oriflammes de Music Box n'arboreraient pas si altière allure. Au menu, le disque déclaré propriété exclusive de Jean-Claude Petit paraît vomir de somptueuses étincelles.
Mortimer a écrit :Ah enfin un mot sur ce magnifique coffret Les introuvables de MBR. Je commençais à me poser des questions. Je l'ai écouté plusieurs fois. Je voulais écrire un petit truc, mais manque de temps, la fatigue et les mots qui n'arrivent pas toujours. Enfin bref, justice est rendue grâce à l'Underscorama.
DarkCat a écrit :Ce qui ne doit certainement pas t’empêcher de nous donner un avis plus développé, cher Morty. ;)
Dadid a écrit :Oui, tu devrais. Je n'ai pas eu le temps de m'y replonger plus ne détail, mais l'ensemble de ce coffret m'a paru particulièrement bon (ou disons à mon goût) dans la série.
Et maintenant que s'est achevé le récapitulatif fastidieux, le temps présent n'attend plus qu'une accolade fraternelle — voire un chest bump, suivant les inclinations culturelles de chacun. À titre personnel, je ferais bien profiter de la seconde option le huitième cube de Music Box, pour quémander en quelque sorte son pardon d'avoir tant tardé à l'inévitable achat. Comme l'ont ritualisé certaines habitudes, les papillotes surprises concoctées par nos gentils compatriotes ne sont pas sans exhaler de familières senteurs, que le premier disque donne d'entrée à humer. Le baroquisme goûté par le label y tient le haut du pavé, en témoigne la cour assidue qu'Alessandrini fait aux Dames Galantes, entre baise-main pudique et rodomontades nasillardes. Même Priez pour nous, malgré son contexte moderne, voit musarder un clavecin vieillot a priori mandé pour tourner en bourrique la petite bourgeoisie, aux prises avec la France d'en-bas. L'agréable badinerie de la chose se répercute par intermittence sur le troisième disque, semblable à l'une de ces fins de banquet pâteuses où les derniers rires ne fusent cahin-caha qu'au son de plaisanteries ventripotentes. C'est de la pop aux joues rubicondes qui produit feu de tous ustensiles, pour un résultat loin de faire figure de repoussoir, rendons-lui cette justice.

Mais "l'ambition artistique" a subi une sévère cure d'amincissement après le festival Jean-Claude Petit, en charge quant à lui des incontournables polars et thrillers estampillés eighties. Haut la main, il empoche le morceau grâce à une écriture bien plus savante qu'il n'y paraît, y compris lorsque les synthés, symptomatiques de cette période dissipée, s'en viennent ébouriffer le plan de bataille dramatico-rock de L'Addition, que ses bourrelets ne complexent en rien. Et que dire de l'épatant Tristesse et Beauté ? Me concernant, il s'agit là du sommet de ce coffret, véritable poème élégiaque dont les fréquents excès n'en finissent pas d'alimenter le pouvoir de fascination.

Re: Les B.O. Introuvables

Publié : jeu. 21 nov. 2024 23:42
par Odelay
Excellente idée de topic pour cette indispensables collection dont j'attends avec impatience chaque volume.
Je plussois pour Tristesse et beauté et les Dames galantes.

Re: Les B.O. Introuvables

Publié : ven. 22 nov. 2024 15:07
par Dadid
Merci Lee pour ce résumé ! J'y ajouterais juste le fait que la rareté de certains commentaires (je parle pour moi mais peut-être pas seulement) s'explique en partie par l'UnderScorama où quelques volumes ont été commentés. Tu me diras que l'un n’empêche pas l’autre, mais comme sa parution est tardive, on hésite à abattre ses cartes dans le forum...

Pour en revenir à la série, je constate que les anciens volumes sont épuisés, ce qui est bon signe : OK, 300 exemplaires c'est trois fois rien (trois fois cent plus exactement), mais il faut les trouver les clients qui à la fois achètent encore des CD, s’intéressent à la musique de film, ne se cantonnent pas aux grands scores post-romantiques ou "épiques" américains, et enfin, dans la catégorie cinéma français, sont prêts à débourser pour des titres souvent très obscurs. La présence d'un ou deux titres et/ou compositeurs plus "porteurs" dans chaque coffret aide un peu, mais bon, à relativiser car les compos français les plus porteurs (je pense surtout à Delerue, Sarde) sont logiquement mis de côté pour des CD dédiés. Ces joyeuses pochettes surprises s'adressent donc à une niche dans la niche dans la niche : presque exclusivement les vieux passionnés français, et les vieux à la fois comptent leurs sous (pas toujours mais...) et disparaissent plus vite que les impôts.

Bref, en plus de saluer l'effort éditorial massif de MBR, j'admets n'être pas un fidèle de la collection (j'en ai une petite moitié, pas plus), n'étant pas très friand à la base des scores de comédie / drame léger à la française. Le polar ou le film historique m'intéressent plus, mais bien que curieux au départ, j'y retourne rarement après les premières écoutes, sauf exception: ce n'est pas exclusif à cette série, c'est un effet d'accumulation. Pour comparer, la série "Les grandes musiques du petit écran" a plus souvent retenu mon attention et mes euros... peut-être parce qu'ils sont plus ciblés, les compositeurs, ou une qualité plus homogène ? Je reste pourtant attentif à chaque sortie, à la recherche d'un titre qui me séduirait plus que la moyenne. Et puis la diversité des styles de cette série fait aussi son charme. :D

Re: Les B.O. Introuvables

Publié : sam. 23 nov. 2024 15:29
par Haricolin
Très intéressant ce topic sur des disques que j'ai déjà vu passé mais que auxquels je n'ai jamais vraiment fait attention. De nouveaux sont-ils prévus ?

Re: Les B.O. Introuvables

Publié : sam. 23 nov. 2024 16:49
par Odelay
Normalement c’est un par an vers janvier mais cette année exceptionnellement on a eu deux volumes.

Re: Les B.O. Introuvables

Publié : lun. 25 nov. 2024 21:48
par Lee Van Cleef
Dadid a écrit : ven. 22 nov. 2024 15:07je constate que les anciens volumes sont épuisés, ce qui est bon signe : OK, 300 exemplaires c'est trois fois rien (trois fois cent plus exactement), mais il faut les trouver les clients qui à la fois achètent encore des CD, s’intéressent à la musique de film, ne se cantonnent pas aux grands scores post-romantiques ou "épiques" américains, et enfin, dans la catégorie cinéma français, sont prêts à débourser pour des titres souvent très obscurs [...] Ces joyeuses pochettes surprises s'adressent donc à une niche dans la niche dans la niche
Au départ, ça semblait effectivement être une folie, un coup de poker hardi — le pactole ou la déroute dans l'immensité du tapis vert. L'audace de Music Box a payé, mais qui parmi la concurrence peut, en cette ère tourmentée, se targuer d'une aussi bonne fortune ? Apparemment pas Quartet, dont le très ambitieux coffret Sounds of Cinecittà : The Silver Age of Italian Film Music, paru en septembre de l'an passé, s'ornait de la mention "Volume One", demeurée depuis lors lettre morte (et pourtant, la bête est en rupture de stock sur le site du label. Ce dernier aurait-il oublié jusqu'à son existence même ?)