Voilà un nom dont je conviens qu'il risque fort d'éveiller plus de curiosité que de familiarité. Pourtant, sans que son nom n'apparut jamais au générique, il a contribué à l'identité sonore d'un cinéma de genre dont certains exemples font aujourd'hui figure de classiques, après avoir essuyé le dédain hier.

Sous la houlette du chef d'orchestre Joseph Gershenson - dont le nom seul figurait au générique -, Irving Gertz appartint à cette équipe de compositeurs, à laquelle le studio Universal confiait la tâche d'illustrer sa production de séries B. Dans les années cinquante, il cotoya ainsi Henry Mancini et Herman Stein, contribuant à l'élaboration d'un véritable paysage musical sur le fond duquel toute une filmographie de genre a pris vie.

Irving Gertz a inauguré sa carrière à la fin des années trente sous la bannière de la Columbia, pour l'achever à la fin des années soixante sous celle de la 20th Century Fox. Au fiI des décennies il a indifféremment assumé des fonctions de directeur musical ou de compositeur, et son nom est semble-t'il associé à pas moins de deux cents titres.

Le chef d'orchestre David Schecter a rapporté l'annonce de sa disparition sur le forum de FSM, et l'on ne peut que renvoyer à sa formidable série d'enregistrements sur sur propre label, pour retrouver notamment tout les charmes d'un certain imaginaire cinéphile et rendre justice à un artisanat qu'habitait avant tout l'amour de la belle ouvrage.

On trouvera au bas de cette page, des extraits de la partition écrite par Irving Gertz pour The Alligator People.


Irving Gertz et Herman Stein

Moi qui pensais battre le record de réponses.

Gertz que tu dis ?

Emissary a écrit : On trouvera au bas de cette page, des extraits de la partition écrite par Irving Gertz pour The Alligator People.

C'est particulièrement inspiré. Et ça me fait penser un peu aux musiques de Dominic Frontiere pour la série The Outer Limits. Notamment l'extrait Dark Memories. C'est la même ambiance sinistre. (Si K Figaro était là, il nous détaillerait un peu mieux ça...) En revanche, je ne sais pas comment il a fait pour garder son sérieux parce que quand on voit les photos du film :



En tout cas c'est intéressant. Dans l'écriture, ça me parait même supérieur à ce que fait Albert Glasser. C'est plus subtil et moins lourd dans l'orchestration.