Honnêtement vous n'avez pas un peu l'impression d'entretenir une caricature de débat ?
À la limite que vous ayez tenu de tels propos en 1940 eut été envisageable (et encore !), mais ressasser en 2013 tous les poncifs de cet argumentaire éculé à l'encontre des formes multiples de la musique atonale, je dois dire que ça me dépasse un peu.
Les belles réussites ainsi que les grands chefs d'oeuvre du patrimoine atonal, sériel, spectral (mais aussi modal en tous genre !) sont depuis longtemps passés à la postérité, à raison (!), compte tenu de la grande richesse de ces compositions, et de ce que cette richesse fut souvent appliquée à l'élaboration d'univers et de climats inouïs et fabuleux, bourrés de trouvailles, dans le langage ou l'orchestration.
La musique contemporaine, au XXème siècle, m'apparaît au contraire comme l'un des seuls arts anciens à avoir su proposer une expérience nouvelle sans pour autant tomber dans le piège de l'escroquerie intellectuelle. Pour faire très simple: dans le cours du XXème siècle, à l'heure où la peinture et la sculpture (ainsi que l'architecture d'ailleurs), tendent souvent à simplifier la forme, abusivement, et même jusqu'à l'extrême, au point qu'il soit devenu à la portée de n'importe quel quidam d'élaborer certaines formes de peinture abstraite,.. bref, le chemin de la facilité, une escroquerie par excellence,..
... et bien au même moment la musique et les recherches d'avant-garde en ce domaine choisissent d'emprunter le chemin parfaitement inverse, prenant l'initiative de complexifier la forme et le discours jusqu'à le rendre propice à l'élaboration d'univers esthétiques si délirants qu'ils nécessitent pour le mélomane de s'initier un minimum avant de se trouver en mesure d'y déceler les richesses et d'en apprécier les climats. C'est donc tout sauf le chemin de la facilité.
Après il est clair que la musique atonale est avant tout une musique d'ensembles et de dispositifs instrumentaux divers: on parle bien de la forme musicale par excellence propice à imaginer les univers et climats les plus mystérieux et improbables.
Moi qui n'ai jamais été très friand de musique pour piano solo, ni à l'ère romantique, ni même à l'ère impressionniste, et encore moins aux âges les précédant, ce n'est certainement pas les oeuvres atonales pour piano seul, souvent imbuvables, qui viendront me faire changer d'inclination

. Cet instrumentarium réduit à sa plus simple forme, la plus austère, ne sied absolument pas aux ambitions esthétiques de la musique atonale, qui n'est jamais aussi accomplie que lorsqu'elle propose au mélomane une profusion de couleurs et de trouvailles en tous genres.
Cela dit, maintenant que nous sommes entrés au XXIème siècle et que la forme musicale procède depuis plusieurs décennies déjà d'un syncrétisme des formes atonales avec les formes beaucoup moins atonales (comme déjà indiqué en début de message, nous ne sommes plus en 1945 et nous n'en sommes plus aux vieux débats éculés que vous participez à entretenir artificiellement), il me semble que nous sommes prêts à basculer vers un nouvel âge majeur dans l'histoire de la musique savante...
Et il n'est pas inenvisageable, à mon sens, que ceci ait à voir avec les applications, selon moi immenses et toujours inexploitées, relatives à une pleine et entière intégration de la micro-tonalité dans le langage musical (ce qui peut d'ailleurs paraître paradoxal puisque le sujet du micro-tonal repose sur la table depuis pas loin d'un siècle, mais à vrai dire les initiatives restent si marginales et timides dans ce domaine, que l'on peut considérer ce terrain comme toujours vierge).