opus réussi pour la comédienne / réalisatrice / scénariste / compositrice française...Comme elle le dit elle-même, après avoir gagné en crédibilité auprès des financiers grâce au succès de sa comédie romantique TWO DAYS IN PARIS, réalisée dans la continuité de BEFORE SUNRISE et BEFORE SUNSET (façon plus convaincante pour une réalisatrice de faire comprendre à un monde de phallocrates abrutis que, oui, une femme peut réaliser en commençant par ce genre de film), la voilà qui nous livre la part la plus sombre de sa personnalité : en s'inspirant de la légende et des faits avérés de la vie de la comtesse Elisabeth Bathory, elle tisse un conte macabre, héritier de la reconstitution historique classique et de Mario Bava

l'interprétation magistrale, un visuel soigné, un montage qui rend le récit captivant, et pour qui l'apprécie une musique envoûtante (produite par le père de son enfant Marc Streitenfeld ) http://www.underscores.fr/index.php/201 ... enfeld-vf/ ), Julie Delpy nous offre un spectacle visuellement beau, un récit terrifiant et une somme sur l'origine du mythe du vampirisme

Vu aujourd'hui. Captivant, franchement...

Bon il y a de bons points : radicalité du parti-pris (plutôt anti-spectaculaire), photo et musiques quasiment monochromes (dans le ton, j'entends), dialogues ciselés, excellent montage (ellipses, etc), William Hurt...

Il n'empêche que j'étais quand même pas loin de m'emmerder par moments. J'ai globalement trouvé la mise en scène assez pauvre. Non pas que je m'attendais à des effets, bien au contraire Delpy a fait le choix judicieux de ne mettre aucun effet dans son film, mais tandis que certaines scènes avaient sans nul doute un potentiel dramatique très fort, au contraire il ne se passe rien dans la mise en scène. Je pense à la scène du bal au début du film (sa rencontre avec Daniel Brühl), ils dansent, on s'attend à jeu de regards, à défaut un petit quelque chose sur le visage des acteurs qui trahit un sentiments, une gêne, peu importe, mais non : il ne se passe absolument rien. C'est d'autant plus frustrant que la scène dure bien 4 minutes. On est bien en droit de s'attendre à quelque chose, même un détail subtil.

Bon, j'ai vu (pour la première vois) ONCE UPON A TIME IN AMERICA du père Leone hier soir, peut-être que du coup, question mise en scène, je suis resté sur une impression de fossé, mais bon...

Plein de réalisateurs regorgent d'idées de mise en scène à chaque plan malgré un budget ridicule : mais ici, les idées manquent, je trouve. A la rigueur, l'histoire aurait été racontée en BD ou en littérature, ça aurait été tout aussi intéressant (voire plus si l'auteur de BD y avait eu des idées graphiques et/ou de mise en scène, ou l'écrivain du style). Tout ça manque donc vachement de personnalité et d'idées. Donc de cinéma.

Maintenant il faut reconnaître que l'entreprise est ambitieuse et sans concessions. Je suis content que Julie Delpy ait pu réaliser ce film et raconter cette histoire.

Il existe aussi une version tchèque, avec Anna Friel dans le rôle de la comtesse, qui a été réalisé juste avant le film de Delpy. Dommage qu'il n'ait pas été distribué en France.

J'ai pu voir ce film dans une des rares projos françaises, à mon avis. C'est assez éloigné du film de Delpy. C'est d'une sensibilité très slave, assez excessive, imparfait mais très attachant. C'était assez long, je crois, et découpés en plusieurs époques: le film était conçu plus conçu comme une grande saga épico-nationale que comme une variation sur le thème vampirique.
Le scénario part dans tous les sens, La photo est très chatoyante, pleine de couleurs primaires qui s'entrechoquent. On sent derrière la caméra un véritable cinéaste plasticien, qui chercher l'image marquante, et le film en regorge. Un exemple: On découvre à un moment qu 'ELizabeth Bathory garde dans un caveau de son chateau, le corps de son nouveau né mort, pris dans la glace. Elle demande à un peintre qu'elle a recueilli (en fait Géricault, je crois, mais il est en exil et tout jeune ) d'en faire un portrait. Il dispose de très peu de temps: une nuit doit lui suffire à réaliser l'oeuvre. Il s'installe pour peindre, mais la lumière des bougies qu'il a fixé sur le pourtour de son chapeau à larges bords accélère le processus de fonte de la glace, Le peintre s'énerve et finit par mettre le feu à sa toile. Et des scènes comme ça, ils en quelques unes dans ce film porté par un souffle fou, complètement fièvreux et qui dépasse largement la stricte illustration des nombreux assasinats reprochés à la comtesse. Le film est assez proche, sur beaucoup de points, au Capitaine Allatriste sorti il y a quelques années et assez mal distribué aussi. Honnêtement, je ne vois pas bien ce qu'un distibuteur pourrait faire de ce Bathory là. Je l'ai vu pendant un festival, et le public n'a vraiment pas accroché. Pour vous donner une idée, le même public a applaudi Moon, qui a eu le prix du Jury.

Effectivement je pense que le film n'aurait pas marché. Mais déjà une superproduction réalisé par un tchèque issu de la nouvelle vague, qui n'est plus tout jeune en plus, c'était peut-être un peu risqué... J'ai un peu commencé à le regarder d'ailleurs mais j'ai pas encore terminé. En fait j'ai difficilement supporté la musique de Simon Boswell, que l'on trouve sur la version anglaise. Par contre j'aurais bien aimé visionné la version tchèque qui comprend une musique de Jan Jirásek. D'habitude c'est pas trop mauvais ce qu'il fait.