Edern a écrit :Y aurait moyen que tu retrouves cette interview?
J'ai fouillé sur le net, mais je ne la retrouve pas. Je vais la scanner et te l'envoyer si tu le souhaites.
Faut voir si j'ai le droit de la poster sur le forum...
Sinon je cite le passage où Goldsmith parle de JUDGE DREDD :
"DTD) Pourquoi n'avez-vous pas terminé JUDGE DREDD ? Le thème de la bande-annonce était tellement excitant..."
JG) Parce qu'il y a eu une bataille de producteurs entre ceux qui voulaient Jerry Goldsmith et ceux qui voulaient Elliot Goldenthal.
J'ai fini par claquer la porte car cette situation était très désagréable, étant donné que j'avais déjà commencé à travailler sur le projet.
Cela m'ennuyait beaucoup. C'est finalement Alan Silvestri qui a écrit la musique. Ce qui n'a arrangé personne ! Vous savez, je n'avais pas
écrit plus de dix minutes. Ce qui est dommage, ce n'est pas tant ces dix minutes mais plutôt ce qui aurait dû en être fait. JUDGE DREDD
se prêtait parfaitement à mon style sci-fi futuriste, un mélange entre le bellicisme de TOTAL RECALL et l'ironie de SMALL SOLDIERS. Un regret."
Cet interview est très intéressante, hormis quelques questions casse-couilles et stupides que l'intervieweur a parfois posé au compositeur, genre quand il le titille
absolument sur ses inspirations dans POLTERGEIST ou INNERSPACE, juste parce qu'à l'époque il y avait la guéguerre entre Goldsmith et James Horner !
J'adore le moment où Goldsmith parle de ses partitions d'action très critiquées des années 90 :
"DTD) Dans mes critiques, j'ai souvent utilisé le terme "médiocre" pour qualifier des partitions comme EXECUTIVE DECISION (ULTIME DECISION),
CHAIN REACTION (POURSUITE), DEEP RISING (UN CRI DANS L'OCEAN)...
JG) Les musiques pour le cinéma sont presque toujours médiocres d'un point de vue musical. Que ce soit pour moi ou pour les autres, y compris
James Horner. Il y a cinq grandes partitions par an et cinq chef-d'oeuvres par décennie. Le reste demeure assez creux...
Si certaines croient faire du Bartok, du Berlioz ou du Debussy avec leurs partitions pour le cinéma, tant mieux et tant pis pour eux. J'ai l'expérience
pour être réaliste et avoir le recul nécessaire. On travaille pour le cinéma, pas pour la musique. Un grand scénariste ne sera jamais comparé à Victor
Hugo ou Shakespeare, un grand directeur de la photographie ne sera jamais comparé à Helmut Newton. Pourquoi voudriez-vous que CHAIN REACTION
soit comparé à telle ou telle oeuvre classique. Il ne faut jamais faire de la musique de films ce qu'elle ne doit pas être. CHAIN REACTION est une musique
faite spécialement selon un concept entre la production et moi-même. Il n'y a aucune médiocrité là-dedans. Pas plus que dans n'importe quelle autre musique
de films."
Plus loin, Goldsmith parle même de ses déconvenues avec Bernard Herrmann, qu'il n'épargne guère :
"DTD) Comment expliquez-vous que vous vous sentiez si proche de la musique d'Alex North, et non de Bernard Herrmann pour ne citer
qu'une des références des années 50-60 ?"
JG) Alex North, c'est le monde musical dans lequel j'aime vivre ! C'est très différent en ce qui concerne Bernard Herrmann. A divers degrés, j'ai toujours
apprécié ses travaux. C'est lui qui ne pouvait pas me voir, et je n'ai jamais su pourquoi. Alex North m'a raconté que Bernard Herrmann lui a dit un jour :
"Tu perds ton temps avec ce Goldsmith, il n'ira pas loin". C'était quelqu'un d'humainement assez spécial et heureusement il s'est trompé sur mon avenir !"
"DTD) Votre Oscar pour THE OMEN en 1976 a sonné comme une revanche.
JG) Non, car je me fichais royalement de son avis. Certes, il était nominé deux fois dans la même catégorie que moi pour OBSESSION et TAXI DRIVER.
Mais cela n'avait aucune importance à mes yeux. Ma vraie vengeance fut sur PSYCHOSE 2. S'il avait su que c'est moi qui ait pris sa succession, il en serait
devenu plus aigri qu'il ne l'était déjà. Il y a dans ce métier des gens détestables dont il est encore aujourd'hui la figure emblématique. Et il faisait tout pour
convaincre les autres du contraire. Alex, lui est un grand homme aussi bien musicalement qu'humainement."
Goldsmith parle aussi de MULAN, des regrets sur SMALL SOLDIERS - gâché par la production qui n'a pas laissé Joe Dante faire le film qu'il voulait faire - de THE BURBS
dont il est très fier, de sa collaboration avec Schaffner, et cite même le travail de son fils Joel sur KULL THE CONQUEROR et son détournement de la guitare électrique.
L'interview est parue dans le magasine "Dreams to Dreams" 1998/99 N°12.