aïe aïe aïe, ça va demander de la pédagogie tout ça, car à mon avis tu passes vraiment à côté de ton sujet pour le coup, ce qui t'amènes à formuler des observations souvent dans l'erreur et même un peu surréalistes (plus encore que ce que tu déduis parfois de la musique de Tiomkin

).
Walden a écrit :Y a t-il une cohérence musicale entre toutes ces partitions ?
Sarde est quelqu'un qui aime ne pas se répéter esthétiquement, qui aime créer pour chaque projet un travail toujours inédit, c'est ce qui le stimule et le pousse à éviter le plus possible la routine de composer toujours la même oeuvre (qui a dit John Barry

).
Pour autant, il demeure malgré cela un compositeur à l'identité tellement prononcée qu'il est impossible, pour peu qu'on connaisse un peu son oeuvre, de le confondre avec un autre (normal, c'est le cas d'à peu près tous les compositeurs de cinéma ayant développé une sensibilité propre).
La manière sardienne est notamment terriblement manifeste dans l'harmonie et la richesse qu'il met à la façonner (à mon humble avis, c'est l'un des grands génies de l'harmonie dans toute l'histoire la musique de cinéma): quel que soit le type de langage général qu'il fait adopter à sa partition, qu'il s'agisse de formules baroques, classiques, romantiques, post-romantiques, modernes ou hyper atonales et contemporaines, il ne pourra s'empêcher d'y greffer ici ou là (quand il ne s'agit pas purement et simplement d'en imprégner l'intégralité de l'oeuvre

! ) des références à l'harmonie modale et à l'impressionnisme. C'est souvent sous ce paradigme que Sarde aborde son rapport à la dissonance d'ailleurs (c'est également un peu le cas de Williams selon moi, du moins c'est le cas des oeuvres que je préfère de tonton John), même s'il eut, en de nombreux cas, à user des langages les plus modernes avec plus d'extrémisme encore (une approche alors comparable aux recherches savantes des années 50-60-70).
C'est également sous ce paradigme que Sarde aborde souvent son rapport à l'étape d'orchestration. Un mélomane qui connaît un peu la musique de Sarde (marquée au fer rouge par Debussy, Ravel, Messiaen et les extensions de cet héritage, comme je viens de le sous-entendre 3-4 lignes plus haut donc), n'aura pas manqué de constater qu'au cours des innombrables changements de collaborateurs qui parsèment sa carrière, le compositeur a toujours su conserver une couleur d'orchestration qui lui est propre, et ce à travers les formations les plus diverses et variées avec lesquelles il eut à traiter (orchestres chambristes sur certains scores, énormes effectifs symphoniques sur d'autres, simples solistes sur d'autres projets encore), notamment en ce qui concerne sa façon d'aborder les bois et les cordes (l'archétype sardien

!) ainsi que l'écriture pour ces instruments... Ceci témoignant avec une évidence confondante (pour peu qu'on connaisse un peu son oeuvre encore une fois), à quel point il possède ses propres exigences dans les directives instrumentales, précises et personnelles.
Sans compter le piano !
Je conclurais par un bilan de ce qui constitue le socle de la personnalité musicale puissante et brillante, tellement manifeste, de Philippe Sarde:
- invention esthétique quasi-systématique (un bouillonnement artistique explosif ayant parfois conduit à l'iconoclasme le plus vertigineux et improbable, véritables tours de force en puissance façon
Coup de Torchon,
Le Sucre,
Une Étrange Affaire et tant d'autres bizarreries encore

!)
- orfèvrerie prodigieuse dans l'écriture modale, l'impressionnisme ainsi que le raffinement de la dissonance... une richesse et une opulence incroyable dans les couleurs abordées avec une sensibilité qui lui est propre (arf,
7 Morts sur Ordonnance, arf
Le Choix des Armes, arf tellement d'autres encore,...)
- perfectionnisme formel hallucinant
et évidemment ce sens de la mélodie qui lui est si typique
J'ajouterais pour finir que sans l'harmonie héritée des travaux de Debussy, Stravinsky, Ravel, Bartok et Messiaen (ainsi que parfois les plus modernes façon Ligeti), la musique d'un Williams, d'un Sarde ou d'un Goldsmith (et la manière individuelle que les trois loustics ont eu de s'approprier et retravailler à leur sauce ces héritages divers afin d'inventer à leur tour, et d'en tirer chacun un style profondément personnel, une patte identifiable dès les premières mesures... quand on connait un peu leurs oeuvres respectives du moins) perd 90% de leur intérêt selon moi. En tous cas, personnellement, ce sont ces éléments qui, en priorité, m'intéressent chez eux.