Dadid a écrit :Parlant d'hommage, rendons justice à Julien pour ce long article consacré ici-même au Maestro, pour lequel le bougre a dû suer sang et eau

Bigre ! Sacré turbin, en effet ! S'il m'avait incombé de remplir personnellement les offices nécrologiques, il y a fort à parier que la perspective d'opérer un tri nécessaire mais ô ! combien cornélien dans une oeuvre aussi gargantuesque, aussi tentaculaire que celle du regretté Maestro, aurait suffi amplement à liquéfier mes capacités cognitives.

En écoute de plusieurs partitions du regretté Maestro et toujours aussi stupéfait de la finesse de son écriture, une sensibilité hors norme et un sens de la mélodie rarement entendue chez d'autres compositeurs contemporains. What Dreams May Comes qui n'a pas encore connu les honneurs d'une édition officielle car Ennio Morricone n'avait pas vraiment apprécié que sa très belle composition fut rejetée au profit de celle du non moins regretté Michael Kamen fait partie de ces pièces majeures toute en délicatesse ; Le film parle du deuil, imagine le Paradis et L'enfer , la musique vous traverse généreuse et non sans rappeler la structure du thème d'Orca .

Scorebob a écrit :En écoute de plusieurs partitions du regretté Maestro et toujours aussi stupéfait de la finesse de son écriture, une sensibilité hors norme et un sens de la mélodie rarement entendue chez d'autres compositeurs contemporains.

Pour moi c'est un peu ça Morricone, la rencontre de la mélodie italienne (des chants napolitains à la variété en passant par l'opéra) et des recherches musicales du 20ème siècle, de l'orchestre symphonique aux expérimentations techniques (multipistes, électronique), le tout si personnel et en même temps inscrit dans une esthétique commune à pas mal de ses confrères, si bien qu'il est parfois difficile de déterminer s'il en fut l'origine ou la conséquence. Un peu des deux, certainement. Il fut quoi qu'il en soit, par sa durée, son influence, son succès sans cesse renouvelé, un des rares génies - ou au moins artiste majeur, si on n'aime pas ce mot - de la BO (puisqu'en dépit de compositions pour le concert l'essentiel de son travail s'est finalement concentré sur ce domaine).

Alexandre Desplat: He Invented His Own Language

A chime, a crying harmonica, a voice, a whistle, a long melody unfolding on a single low tone…

For the music in Western movies, there is a before and an after: aside from a few, like Rio Bravo (Dimitri Tiomkin) and The Magnificent Seven (Elmer Bernstein), Ennio Morricone erased from memory every previous score. His voice was so strong that any composer who would try to imitate him would fall under its spell.





His genius was to invent his own language of film music. It was a language of his time, the 1960s and ‘70s, but built on a strong classical background. His scores, shamelessly melodic, used an unknown and sophisticated combination of instruments and sounds to create something absolutely unique that would immediately open your imagination beyond the movie. In a time when directors did not fear composers with a strong voice, Morricone wrote scores like operas or symphonies, with passion, scope, bravura and intelligence. The way he could capture emotions, humor, suspense and nostalgia showed his extraordinary sense of narrative, which fascinated filmmakers like Pier Paolo Pasolini, Bernardo Bertolucci or Sergio Leone—and made him one of the finest Italian composers of the 20th century.

A chime, a crying harmonica, a voice, a whistle, a long melody unfolding on a single low tone… We will always hear the vibrations of Ennio’s music and feel it in our hearts.

A portion of this article appears in the July 20-27, 2020, issue of TIME

Vous ne pensiez tout de même pas qu'UnderScores avait déjà agité son dernier Kleenex tout jaunâtre de morve dans la direction du regretté Maestro ? C'eût été bien mal connaître la joyeuse bande du diablotin écarlate, qui n'a cessé depuis la nouvelle funeste de fourbir ses armes à l'instar d'un Chuck Norris revanchard. Bref ! En attendant plus gros, c'est au tour du vieux Van Cleef de dégainer son katana, à la pointe effilée duquel se balance une chronique dévolue à un morceau pour le moins radical de la titanesque filmographie du monsieur. C'est Janus qui aurait été fier de bibi !

Mais je le suis mon cher Lee!

Eh bien, ça alors ! Ce vieux Janus, qui a séché ses larmes intarissables pour venir serrer la main (que le Corona-trocité aille se faire pendre par le scrotum !) du très humble et plus vieux encore Van Cleef ! Aurais-je finalement le pouvoir de ramener les UnderScoriens perdus d'entre les morts ?

Sait-on jamais, tu as peut-être ce pouvoir. Je viens lire les différents portraits que certains d'entre vous dressent avec passion et talent sur les compositeurs et cueillir d'éventuelles nouveautés ou rééditions.

Au débotté, ami Janus, je ne saurais trop te préconiser l'écoute religieuse de ce qui demeure l'un de mes plus spectaculaires coups de coeur de récente mémoire, le sublimissime El Hombre y la Tierra d'Anton Garcia Abril. Si le Krullito passe dans le coin, il fera nécessairement chorus à mon exaltation, dont j'aimerais beaucoup qu'elle devienne également tienne ! Mais s'il s'avérait que le temps que tu as passé loin d'UnderScores t'ait converti à une forme de modernité grumeleuse, alors prends patience : le James Bond nouveau, revu, violenté et passé au shaker par le Zimmeroïde finira bien par sortir un jour de l'ombre.

Lee Van Cleef a écrit : je ne saurais trop te préconiser l'écoute religieuse de ce qui demeure l'un de mes plus spectaculaires coups de coeur de récente mémoire, le sublimissime El Hombre y la Tierra d'Anton Garcia Abril.

Ô que oui ! Masterpiece.

Toute la dream team d'UnderScores, en 2015, était sur le pied de guerre pour chanter à James Horner les adieux solennels qui lui revenaient de droit. Cinq ans plus tard, les effectifs ont fondu comme peau de chagrin et les voix, ébranlées par la mort du Maestro, apparaissent dans cet autre éloge funèbre bien clairsemées... Mais la sincérité et l'intense passion, elles, n'ont pas changé d'un iota. Du moins, le vieux Van Cleef a la faiblesse de le croire.

Quelle tristesse de constater que seuls 4 d'entre nous (les 4 cavaliers de l'apocalypse, sans doute) ont répondu à l'appel de l'hommage, en quelques lignes, à ce géant au talent incommensurable.
Boah, c'est comme ça. Il n'en reste pas moins que nous continuerons à chérir sa musique.

Bah oui ! Je n'ai jamais acheté autant de Morricone que ces derniers jours. Et je constate qu'un seul a nommé le titre Exorcist II: The Heretic que je trouve énorme.

C'est une BOF un peu folle à l'image du film de John BOORMAN complètement renié par l'auteur du bouquin, il faut dire que le réalisateur a abordé le sujet avec son onirisme personnel et une direction très différente du premier opus en ce concentrant sur les origines du démon et le type de personnes qu'il cherche a affecter; Morricone livre une partition démesurée entre lyrisme et musique tribale azimutée.
Stanley Black a fait une excellente reprise du thème par la suite.

Mortimer a écrit :Et je constate qu'un seul a nommé le titre Exorcist II: The Heretic

Un homme apte à s'enorgueillir d'un goût souverainement sûr, je gage.

Mortimer a écrit :Bah oui ! Je n'ai jamais acheté autant de Morricone que ces derniers jours. Et je constate qu'un seul a nommé le titre Exorcist II: The Heretic que je trouve énorme.

Pareil, j'ai commencé avec le coffret 18Cd de Stephane Lerouge, puis enchainé avec des films des années 60/70 qui me manquait comme Matchless, scusi, facciamo l'amore, agent 505 - todefalle beirut / il sucesso ou encore la cosa buffa

Que du bonheur !

Bonjour,
Des oreilles averties auraient elles détectées des problèmes de sons, voire de mixages sur certains albums contenus dans le coffret DECCA 18 Cds produit par S. Lerouge?
J'ai été surpris par la qualité parfois médiocre de certains titres. Je pense notamment aux cds de la partie italienne (cd10 et 11 de mémoire).

Je n'ai pas noté ça. Mais j'essaie de réécouter, au cas où...

Gizmo a écrit :....ou encore la cosa buffa!

Quel chef-d'oeuvre ! Où l'art Morriconien de décliner à l'infini un seul et magnifique thème

Bon vous allez rire (ou pas) mais on ne peut pas tout connaître d'Ennio. Impossible. Ainsi j'ai découvert le thème génial de "Allonsanfan - Rabbia E Tarantella". Pas fini d'en faire le tour du Morricone...

Pour mémoire auditive :

C'est un Morricone assez connu (et même repris par Tarantino je crois), mais comme tu le dis on ne peut pas tout connaitre, et tant mieux, ça donne l'occasion de découvrir de belles choses !

A vous lire ici, Dadid, Misqua et les autres, je suis étonné que vous n'ayez pas pris la plume pour, en quelques lignes, venir raconter ce que le maestro évoquait pour vous dans l'article-hommage mis en ligne dernièrement...

Opus 21 de Leitmotiv, hommage du vivant du Mestro. Avec un travail énormissime de Christophe Lemaire sur ce coup-là. De mémoire je crois qu'il y a 200 BO chroniquées. Pour ma part je ne me sens pas encore le courage de réagir devant l'ampleur du travail.