Gerald Fried (né en 1928) peut s'enorgueillir d'avoir été le collaborateur musical le plus souvent sollicité par Stanley Kubrick, et sans doute aussi celui qui jouit de la plus grande proximité avec le cinéaste. Les deux hommes se côtoyèrent dans les années quarante, et lorsqu'il s'agit d'illustrer sa première réalisation (le documentaire
Day of the Fight), le metteur en scène se souvint que Fried avait usé les bancs de la Julliard School.
L'association se prolongera ensuite sur quatre films avant que Stanley Kubrick ne s'exile en Angleterre pour tourner
Spartacus.
Sa carrière ainsi lancée, le musicien va d'abord œuvrer sur des productions de genre à petit budget – notamment pour Roger Corman – dans lesquelles sont travail ne manquera pas d'attirer l'attention. A partir de la fin des années cinquante, il dédie l'essentiel de son activité à la télévision. Néanmoins, on soulignera qu'il assura le temps de quelques films l'intérim de Frank DeVol auprès de Robert Aldrich, après que le réalisateur se fut brouillé avec son compositeur fétiche.
Comme d'autres, Gerald Fried apporta sa pierre à l'édifice coloré de l'"exotica" en produisant l'album
Orienta (1955); une tentative sans lendemain couronnée par un succès ironique alors que l'enregistrement avait été conçu comme une parodie du genre.
A la lumière de cette anecdote, on mesure que Gerald Fried est doté d'une forte personnalité et de fait, il ne rechigne pas à marquer de son empreinte les œuvres auxquelles il collabore. Aimant à jouer des formes musicales et des combinaisons orchestrales, Fried est aussi adepte du second degré dès que les circonstances s'y prêtent.
A l'abri des clichés, il a développé un style incisif aux timbres aisément reconnaissables et qui se défie des facilités mélodiques.
Une époque où Stanley Kubrick ne craignait pas de s'en remettre à des compositions originales:
Killer's Kiss
The Killing
L'une des toutes premières réalisations d'Albert Band:
I Bury The Living
Gerald Fried revisite le célèbre
cabinet du dr. Caligari.
Le générique du film de Robert Aldrich,
The Killing of Sister George
Dans le même état d'esprit,
Whatever Happened to Aunt Alice?, pour lequel Aldrich s'est contenté cette fois-ci d'assurer la production.
A la télévison, Gerald Fried a, plus que tout autre, forgé l'identité musicale de la franchise
Star Trek. Nul ne saurait lui contester son titre de grand spécialiste de la musique vulcaine:
Amok Time
Le musicien s'en donne à coeur joie avec le thème de Jerry Goldsmith pour
The Man from U.N.C.L.E.
Il a aussi exercé ses talents sur la série
Mission: Impossible
L'ouverture du magnifique téléfilm,
I Will Fight No More Forever
Gerald Fried a aussi fréquenté l'univers d'Agatha Christie:
Murder is Easy
Bonus!
La collection TVlegends a mis en ligne sur YouTube
un entretien en plusieurs parties au fil duquel Gerald Fried retrace son parcours.
).
