Taboulez a écrit :
Mais parce que ce sont la plupart du temps les influences les plus notables d'une majorité de gens qui ont fait le golden age (Korngold, Waxman & co + les compositeurs de comédies musicales: le langage post-romantique luxuriant, les orchestrations clinquantes et perfectionnistes straussiennes etc,... le tout avec l'arrivée croissante de l'influence du jazz, ne serait-ce que dans la pulsation), mais dans mon énumération j'avais bien pris soin d'également ajouter "avec parfois des saupoudrages d'écriture française ou russe" (ou slave plus généralement si ça te convient mieux), même si Debussy, Ravel, Prokofiev, Bartok, Stravinski ont finalement bien davantage influencé la génération des Goldsmith, Schifrin, Williams, Sarde et compagnie qu'ils n'ont influencé la génération des compositeurs de l'age d'or (mais un peu quand même surtout chez Auric, Misraki, North, Walton, voir Herrmann).
Dans le golden age y a aussi parfois du Wagner comme tu dis, mais en plus luxuriant en fait, donc ça donne du Strauss

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Bon, cette dernière remarque je te la laisse, hein

Dans le Vertigo de Herrmann, j'entends plutôt le Wagner de Tristan et Iseult qu'autre chose, mais, ça c'est pas le fond du débat. Sinon,c'est tout à fait, ça, on est d'accord, Faudrait juste s'étendre jusqu'où tu restes dans le "Golden Age", là ça va presque nous amener aux années 80 avec North ou Herrmann...
Taboulez a écrit :Une oeuvre de Moussorgski, de Dukas, de Strauss, ou de Gershwin (et donc par extension Victor Young, Korngold, Raksin, Friedhofer...) on peut la découvrir et en apprécier l'esthétique et le contenu encore aujourd'hui sans qu'elle soit périmée pour autant.
Je suis certain que je peux trouver des interprétations des un et des autres parfaitement inaudibles aujourd'hui. Si on remonte encore plus loin (genre J.S Bach, célèbre compositeur de B.O...), les variations Goldberg sur pianoforte, moi j'ai jamais pu...
Taboulez a écrit :
Mais si tu me dis qu'au même titre que du Moroder, du Cirino ou du Jeanne Mas on ne peut plus écouter Debussy, Schmitt ou De Falla sans que ça ne vienne piquer les oreilles au point de nous faire dire "arf le méchant coup de vieux !"
Si je relis tes exemples, on a d'un côté de la musique orchestrale qui veillirait bien, et en face, de la musique pop qui se démoderait très vite. ça c'est un autre débat, entre musique savante ou écrite et musique populaire ou traditionnelle ou folklorique, appelle ça comme tu veux... Je suis sûr qu'on pourrait trouver une reprise d'une chanson de Jeanne Mas parfaitement émouvante et interprétée avec musicalité et sensibilité.
Au fond je pense que je suis d'accord avec toi. Bien sûr tout ne se vaut pas, il y a eu à chaque époque des inventeurs et de simples faiseurs, en général, les seconds sont voués à l'oubli lorsque leur époque s'éloigne. Mais il y a aussi un "air du temps", contre lequel il ne sert à rien de vouloir lutter, à mon sens, sauf à vouloir se lancer dans des positionnements stériles.
Par exemple quand on reproche à un Hans Zimmer la faiblesse de ses inventions mélodiques, harmoniques, orchestrales, son incapacité au fond, à imaginer de la musique pour plus de 3 instruments en même temps, et qu'en face, on lui assène la qualité d'un Goldsmith, d'un Williams, d'un Rosza, d'un Holst ( Gladiator...), ça ne rime à rien. Le temps de Newmann, de Rosza, de Steiner, est révolu. D'autant plus qu'on parle de musique de film, et que le cinéma de cette époque est révolu lui aussi. quelqu'un comme Zimmer (je le prend comme exemple parce que je crois qu'il représente bien ce qu'on appelle de la musique de film "d'aujourd'hui" ) est épouvantable, je trouve quand il regarde en arrière (Gladiator, Pirates des Caraïbes ...) et singe la musique "pas datée" du passé, et il devient très interessant quand il regarde vers l'avant et tente des choses plus personnelles, et sûrement datées dans 10 ou 15 ans, comme Inception ou Nixon/Frost. Mais en attendant, autant essayer de trouver des qualités à ce qu'il fait.
Finalement, dans cet échange on associe souvent qualité musicale et citation de références à des compositeurs du passé, appartenant souvent à ce qu'on appelle maintenant la musique classique.
Je ne sais pas si je me trompe, mais les amateurs de musique de films, ne sont pas toujours de grands consommateurs de musique classique, même ceux pour qui Goldsmith, Tiomkin ou Williams sont une sainte trinité. Est-ce que ça a à voir avec le fait que la musique de film soit plus directement représentative ? on lui associe des images et un rythme qui est celui du film qu'elles accompagnent. Le fait que John Williams aie écrit de splendides marches ne m'a jamais poussé à m'interesser à ce type de musique. Par contre, ça m'a fait acheter des posters d'Indiana Jones, et des livres d'aventures écrits pour les années 30. On est tributaire du moment où notre oeil s'est formé, est-ce que le fait qu'il me soit difficile d'écouter d'une oreille légère, disons par exemple "The Hunchback of Notre Dame", d'Alfred Newman, n'est pas dû, comme je l'écrivais plus haut, au fait que la forme cinématographique qui l'accompagne m'est très étrangère ? Par contre, je "rentre" très facilement dans Ottman, ou Giacchino... qui sont deux compositeurs, je crois, qui essaient de continuer à faire de la musique pour grand orchestre .
Pour revenir à "A New Hope", ce qui peut paraitre "daté", c'est peut-être ce qui est le plus directement lié à ce qu'était le cinéma d'action en 77, à la manière dont les scènes d'action étaient découpées, la durée des scènes...
Ce qui fait qu'un Conan vieillit très bien, c'est que très souvent la musique s'affranchit complètement de ce qui se passe à l'écran, pour évoquer de son côté ce qui se passe à l'écran , plutôt que pour l'illustrer.