Ô fortune, sur toi combien firent main basse ?

[Lee Van Cleef]

Ç'aurait pu être la 1ère symphonie de Rachmaninov, mieux connue dans notre contrée bien mal fréquentée sous le nom de code de "Thème de la Mort", le pêché loin d'être toujours mignon auquel James Horner céda environ cinq cent trente-neuf fois ; il aurait pu s'agir du Sacre du Printemps, source d'inspiration impossible à tarir auprès de moult compositeurs se rêvant suffisamment véloces pour transpercer les murs ; au bout du compte, j'ai adopté un autre classique du noble répertoire, maintes fois tombé entre les mains grandes ou petites de la musique de film. Par admiration ? Par défi ? Par la faute d'un temp-track tyrannique ? Pour étaler sa science à même l'écran géant ? Aux grosses têtes d'UnderScores d'en discourir.

Il est vrai que le légendaire Carmina Burana, point culminant dans le prestige de Carl Orff, a quelque chose d'irrésistible pour qui veut faire souffler la tempête des armées en marche ou donner chair à l'opératique tragédie du destin. On l'a constaté avec Shunsuke Kikuchi, dont le décalque assez scrupuleux, plutôt éloigné de son propre style, servit initialement à illustrer une cérémonie infernale dans les entrailles d'un de ces châteaux dont Dragon Ball première manière est friand. Par la suite, ladite musique revint à quelques reprises encore, accompagnant chaque fois la mort brutale et dramatique d'un des protagonistes principaux — effet garanti, reconnaissons-le. Maurice Jarre, pour sa part, conçut à l'occasion de Solar Crisis quelque chose de plus personnel, faisant fusionner la grandiloquence "orffienne" avec une écriture tantôt dépouillée, tantôt pleine à craquer, et le goût funambulesque qui le caractérisait alors pour des bricolages électroniques cahin-caha.

Maintenant que j'ai braconné un peu à l'écart des autoroutes où tout le monde s'agglutine pare-choc contre pare-choc, je laisse à mes frères le soin de mettre sur le devant de la scène d'autres musiques "ofortunaesques", autrement courues et fameuses, cette fois-ci. Allons, gentlemen, point n'est besoin d'apocryphe modestie, vous avez les titres sur le bout de la langue...

[Ratatouille]

RXRA...


Glory...


Ici c'est assumé... je l'espère...


Et une grande Escaflowne...


Et ici une version concert...


Dans l'extrait de Dragon Ball on peut entendre quelques mesures de Paint in black...
L'introduction percussive du morceau de Maurice Jarre me rappelle une autre partition mais là en musique de film... je dirai du Goldsmith... mais j'arrive pas à remettre un titre dessus... époque Rent A Cop... et les choeurs font plus Basil Poledouris...

[Denshaotoko]

On peut citer aussi le Ramhetep de Broughton dans Young Sherlock Holmes

[Scorebob]

Pour moi le main title de Stargate est une superbe variation de cette fortune sans trop y toucher.

[Dadid]

Là je suis confus. On peut toujours trouver dans Stargate des échos de Ô Fortuna (comme d'autres œuvres chorales massives), mais sans le caractère rythmique et cette scansion musclée qui le rendent si notable et en ont fait le chouchou des rock addicts, des déviants de "l'épique" écrase-tout, des organisateurs sportifs, mais aussi d'un large public des concerts classiques, y compris de nombreux mélomanes "sérieux" en dépit de leurs pincements de nez officiels dus à l'intérêt souvent aveugle des catégories précitées et honnies par eux, plus le lien supposé de Orff avec les nazis, et pire, la propension des hifistes à l'utiliser pour faire trembler les murs durant leurs démos dominicales. Il faut rappeler pour leur défense (des "mélomanes sérieux") que le Carmina Burana de Orff (inspiré donc du codex de chants profanes du moyen âge du même nom) est une œuvre autrement plus subtile et variée que cette intro (qui au passage rappelle le Dies Irae), avec un caractère parodique, qui se doit d'être découverte en entier... mais je n'apprends rien à personne ici. Il n'empêche : Orff est un des rares compositeurs dits "classiques" (moderne, en réalité) a avoir placé son tube interplanétaire en intro ET en reprise finale ! Ce que Richard Strauss avait omis, une erreur commerciale magistralement corrigée par Kubrick.

Pour ce qui est du cinoche, il me semble que les cas flagrants ont été répertoriés... On pourrait citer The Omen et ses suites, même si le profane glorieux et moqueur s'y fait franchement diabolique !



Après, on doit doit pouvoir trouver pas mal d'émules de ce Omen qui, du coup, se trouvent dans le sillage d'Ô Fortuna...

[Ratatouille]

Allez, je le remets ici... bien que je trouve que cela ne fait pas Orff mais plutôt Conan...



Et encore meilleur que Conan...

[Rork]

Je ne sais pas si c'est meilleur que Conan, mais c'est très très bien

[Scorebob]

C'est plus une variante de Conan qu'autre chose avec un côté plus Grèce antique mais bien bien en dessous de Conan le Barabare question inspiration, il n'a jamais écrit plus grandiose et pourtant ce n'est pas une oeuvre de sa maturité.

[corygarvin]

Oui, je pense que c'est aussi très bien