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Tristram Cary (1925-2008)

Publié : mar. 13 janv. 2009 14:33
par Emissary
Un hommage tardif à un compositeur dont je viens d'apprendre la disparition.

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Tristram Cary, serviteur de l’image et pionnier de la musique électronique, s’est éteint le 28 avril dernier à Adelaïde ; sur cette terre d’Australie où il avait élu domicile depuis plus de trente ans.

Troisième enfant du romancier britannique Joyce Cary, il interrompit ses études musicales pour rejoindre la Royal Navy durant la Seconde Guerre Mondiale. Son affectation au service du radar lui ouvrit l’esprit sur la possible utilisation des bandes enregistrées dans l'écriture musicale.

A la démobilisation, il entreprit de mettre sur pied son propre studio de musique électronique. Après s’être partagé entre la composition et l’enseignement, il reçut ses premières commandes de la BBC en 1954, et fut engagé dans la foulée pour écrire la musique du film d’Alexander Mackendrick, The LadyKillers (1955).

A partir des années soixante, la personnalité de Tristram Cary va trouver à s’exprimer aussi bien au théâtre (musique de scène) que dans les salles de concert, aussi bien à la télévision (Dr Who) qu’au cinéma (Sammy Goes South). Il va sans relâche creuser le sillon de l’expérimentation, multipliant les combinaisons instrumentales les moins conventionnelles.

Comme nombre de ses collègues, il officia un temps sous la bannière de la Hammer, concevant notamment les effets électroniques pour le désormais classique Quatermass and the Pit.

En 1967, il fonde le studio de musique électronique du Royal College of Music; puis au début des années soixante-dix, il émigre avec tout son équipement à l’université d’Adelaïde. De l’Exposition Universelle de 1967 au film d’entreprise, en passant par les suites tirées de ses propres partitions pour le cinéma, Tristram Cary n’aura jamais cessé d’être productif et innovant.

Cet esprit d’innovation, on en trouve la traduction tangible avec l’invention du synthétiseur VCR3 - aux côtés de Peter Cockerell and David Zinovieff – qui favorisa la large diffusion de cette technologie nouvelle, jusqu’au Dark Side of The Moon de Pink Floyd.

Sur le site officiel du compositeur, on peut écouter des illustrations de son travail.

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Re: Tristram Cary (1925-2008)

Publié : mar. 13 janv. 2009 17:11
par Julien
Très amateur de ce que faisait ce type. je regrette également sa disparition. J'avais découvert ses travaux grâce à la fabuleuse musique pour l'épisode des Daleks de la série Doctor Who. Une composition électronique étrange et atmosphérique faite de longues plages synthétiques, qui anticipe sur ce que Brian Eno et Harold Budd feront plus tard avec l'ambient Music. Ca serait bien qu'un éditeur se décide à exhumer ses oeuvres rares, dans une compilation hommage, comme l'avait Basta Music avec l'excellent coffret "Manhattan Research" de Raymond Scott. je suis sûr qu'il doit y avoir des trésors cachés.

Re: Tristram Cary (1925-2008)

Publié : mer. 14 janv. 2009 13:51
par Julien
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Et à la liste d'Emissary, je rajoute également cet excellent enregistrement, composé pour le film de la Hammer : Blood from the mummy's Tomb édité chez GDI Records. Musique de facture impressioniste écrite pour Harpe, vibraphone, tam tam, flûte et cordes éthérées qui évoque parfois l'écriture de Caplet (Le Masque de la Mort Rouge) ou celle de Debussy comme le ballet égyptien "Khamma" et "Les Epigraphes Antiques".

Quelqu'un aurait-il vu ce film d'ailleurs ? Ca me tente bien.

Re: Tristram Cary (1925-2008)

Publié : mer. 14 janv. 2009 14:12
par Emissary
CinéFx l'a programmé à plusieurs reprises ces derniers mois - et en v.o.! Dans les limites de son budget et compte tenu de ses problèmes de production - le réalisateur est mort en cours de tournage -, il s'agit d'un film très intéressant, beaucoup plus onirique qu'effrayant.

Re: Tristram Cary (1925-2008)

Publié : mer. 14 janv. 2009 14:45
par Julien
Emissary a écrit :CinéFx l'a programmé à plusieurs reprises ces derniers mois - et en v.o.!
Arrrghh ! Ca me fait vraiment râler. J'adore ce genre d'ambiance en plus. L'Egypte, l'onirisme, le Fantastique... Bon il sera peut-être rediffusé un jour...

Re: Tristram Cary (1925-2008)

Publié : mar. 4 août 2009 15:14
par Julien
On commence à en savoir un peu plus sur cette rétrospective envisagée par Trunk Records autour des travaux du compositeur. Voici ce qui se prépare :

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"his release will be a mix of rare and unreleased works ranging from soundtracks to sonic experiments, cut-ups and electronics. Apparently Tristram once composed an entire choir playing Olivetti typewriters! beat that for musical innovation."

Je sais pas encore à quelle date le disque devrait sortir mais bon c'est juste pour se mettre en appétit !

Re: Tristram Cary (1925-2008)

Publié : mer. 5 août 2009 09:13
par Emissary
Emissary a écrit : l’invention du synthétiseur VCR3 - aux côtés de Peter Cockerell and David Zinovieff
Il s'agit en vérité de Peter Zinovieff, le fondateur du Studio de Musique Electronique à Londres.

Lui-même et Tristram Cary participent au passionnant documentaire What the Future Sounded Like?, disponible sur YouTube

Re: Tristram Cary (1925-2008)

Publié : mer. 5 août 2009 13:01
par Julien
Pas mal en effet ce documentaire. Je savais pas d'ailleurs que ce Zinovieff avait travaillé avec Harrison Birtwistle. C'est lui qui a écrit le livret de son opéra "The Mask of Orpheus". Et il me semble que Zinovieff a pas mal contribué à l'élaboration des effets électroniques que l'on entend dans The Offence de Sidney Lumet. Dommage d'ailleurs qu'il se soit finalement peu investit dans la musique pour le cinéma. Comme Birtwistle d'ailleurs.

Re: Tristram Cary (1925-2008)

Publié : ven. 26 févr. 2010 17:11
par Julien
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La sortie du disque consacré aux enregistrements rares de Tristram Cary est prévu pour le 29 mars !

Quelques infos sont disponible sur le site de l'éditeur Trunk Record.

Re: Tristram Cary (1925-2008)

Publié : dim. 17 juil. 2022 19:11
par Lee Van Cleef
Time Without Pity, ou le retour en grâce que n'osait plus espérer Joseph Losey suite à ses déboires avec le maccarthysme et à son douloureux exil britannique. En pleine possession de ses moyens, contaminé pour le meilleur par le désarroi fiévreux qui ruisselle à gros bouillons du jeu de Michael Redgrave, le cinéaste soigne avec passion et réussit sur toute la ligne cette adaptation qui s'ignore de L'Horloger d'Everton, qu'écrivit Simenon trois ans auparavant. À l'évidence, une saine émulation créatrice poussa Tristram Cary à cracher lui aussi de superbes étincelles. Sa musique, réduite à de parcimonieux offices mais redoutable lorsqu'elle cingle l'écran, en témoigne. Si ses sommets futurs en matière de charivari électroacoustique demeurent loin (que le chat du Cheshire soit rasséréné, le bruitisme ingrat des épisodes sixties de Doctor Who ne chamboulera pas ses fragiles oreilles), Cary fait un sort aux canons volontiers satinés de l'époque en ruant systématiquement dans les brancards, comme si le terrible sentiment d'urgence du récit l'avait également pris à la gorge.