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André Previn

Publié : mar. 24 avr. 2018 19:10
par Lee Van Cleef
Je n'aurais pas cru ! L'envie m'était venue tout à coup de m'en payer une nouvelle tranche moelleuse avec mon petit favori It's Always Fair Weather, sommet sublime de la collaboration aux mille étoiles entre Stanley Donen et Gene Kelly, fustigé pourtant par les puristes grognons du musical hollywoodien à cause de son spleen rarissime dans le genre — allez comprendre après ça comment La La Land, tout de même à cent lieues du feel good movie vanté urbi et orbi, s'est débrouillé pour remporter sans effort ses galons de super classique... Or donc, me voici souriant d'une oreille à l'autre devant les entrechats zébrant tous les coins du cadre, et pareillement charmé par le caviar musical d'André Previn, qui, dès la fantastique scène d'ouverture, en fait voir de toutes les couleurs à l'entraînante fanfare flanquant, à l'écran, un trio d'inséparables. La pensée qui traversa alors mon esprit ("Tiens au fait, quand est-ce qu'il a avalé sa chique, déjà, le père Dédé ?") n'était pas des plus charitables, j'en conviens la mine toute penaude. Et, après rapide vérification... Bam ! dans les chicots ébréchés du vieux Van Cleef ! Le compositeur, bientôt nonagénaire mais solide tel le roc, est toujours de ce monde ! En guise de pénitence, je décidai illico de lancer ce topic, où j'espère bien être rapidement rejoint par le chat du Cheshire et d'autres compagnons friands des moirures orchestrales dont Previn a si vaillamment supporté la cause.

Re: André Previn

Publié : mar. 24 avr. 2018 20:43
par Dadid
Bonne idée ce sujet.

Je dois avouer que Previn reste un artiste que j'identifie plutôt mal. Il faut dire qu'il est protéiforme ; musicalement il y a le chef d'orchestre, le pianiste, le compositeur, un touche à tout qui serait un trait d'union entre Léonard Bernstein et son ami John Williams, qu'il a énormément influencé. Influences comparables, synthèse de la côte Ouest (Hollywood) et de la côte Est (du musical new-yorkais à la tradition plus classique ou intellectuelle de Boston), un goût évident pour les musiques populaires sophistiquées. Mais Bernstein a peu travaillé à Hollywood, Previn est je pense LE père spirituel de JW... Peut-être plus de "Johnny" d'ailleurs, avant sa transformation en symphoniste, et ça se ressent dans les deux partitions de Previn que je préfère, Dead ringer et Two for the seesaw. Ses arrangements et sa direction pour la version ciné de Kismet sont formidables de couleurs. Je connais aussi The fortune cookie et The four horsemen of the apocalypse, sans en avoir de souvenir marquant. A réécouter, donc...

Re: André Previn

Publié : ven. 27 avr. 2018 20:44
par Dadid
Van Cleef, on aurait dû te previnir : apparemment André ne fait pas délirer les foules ! :mrgreen:

Je suis pourtant sûr qu'il existe ici des amateurs au moins de Dead ringer et ses cordes bien tendues.

Re: André Previn

Publié : sam. 28 avr. 2018 02:34
par DarkCat
Et tu me connais bien, mon p'tit Leelounet.
J'ai ainsi déjà dans mes armoires, les titres "All in a Night's Works", "It's Always Fair Weather", "The Subterraneans", "The Outriders", "The Fastest Gun Alive / House Of Numbers", "The Fortune Cookie".
J'ai également des albums jazz, comme "Sound Stage !" et un coffret présentant huit Lp.

Je ne désespère pas un jour de mettre la main sur le coffret "Lassie" (avec "Challenge To Lassie" et "The Sun Comes Up"), "Bad Day At Black Rock" (+ autres), "Four Horsemen Of The Apocalypse", "Two For The Seesaw", Irma La Douce (j'attends une version longue), "Inside Daisy Clover" et "The Swinger".
Son "Three Little Words" est aussi sur mes listes, car c'est l'un des rares Rhino musical qu'il me manque.

C'est vraiment un compositeur que j'apprécie beaucoup, du fait notamment de son penchant pour le jazz. :P

Re: André Previn

Publié : sam. 28 avr. 2018 11:55
par Dadid
Je savais bien que tu surgirais ici ! 8-) D'ailleurs "The Subterraneans" me fait de l’œil... Je connais surtout le thème ainsi qu'une version par Terence Blanchard...

Mais entre deux moments jazzy, ne pas oublier ceci.

Re: André Previn

Publié : sam. 28 avr. 2018 17:58
par Lee Van Cleef
Dadid a écrit :Van Cleef, on aurait dû te previnir : apparemment André ne fait pas délirer les foules ! :mrgreen:
C'est un peu la faute de Previn, aussi. Bien qu'il ait aimé passionnément la musique de film, à laquelle il a donné plusieurs dizaines de partitions éparpillées tout du long de vingt années copieusement remplies, sa décision abrupte (peut-être précipitée par l'expérience chaotique dont il fit les frais sur See no Evil ?) de tout balancer par la fenêtre à l'orée des seventies lui a interdit l'accès à une période généralement plus séductrice que ne l'est le Golden Age aux yeux d'une kyrielle de béophiles. N'empêche, UnderScoriens de tiède allégresse, n'allez surtout pas vous figurer que le vieux Van Cleef vient de vous absoudre de vos bâillements ennuyés. André Previn ne mérite certainement pas que vous l'encalminiez, tel le premier compositeur palimpseste venu, au beau milieu d'un océan d'indifférence !

Re: André Previn

Publié : mer. 2 mai 2018 19:11
par Lee Van Cleef
Par curiosité, l'un d'entre vous, gentlemen de haute extraction, aurait-il déjà vu Dead Ringer ? Chaque fois que me reviennent en pensée les cordes aussi meurtrières qu'une batterie de rasoirs décochées par Previn, je ne peux m'empêcher de songer à Hitchcock emballant avec la perverse minutie de ses grandes années un suspense quatre étoiles. A tous coups, la réalité doit être parée d'atours un chouïa plus flétris...

Re: André Previn

Publié : jeu. 28 févr. 2019 20:59
par Misquamacus
Il vient de nous quitter à l'âge de 89 ans. Une belle vie !

Re: André Previn

Publié : jeu. 28 févr. 2019 21:21
par Mortimer
En matière de musique de film je ne connaissais pas grand chose de lui à part Les quatre cavaliers de l’Apocalypse son œuvre la plus connue certainement pour le cinéma
RIP :(

Re: André Previn

Publié : jeu. 28 févr. 2019 21:25
par Dadid
Et ouais... :( Encore un digne représentant de l'ancienne école qui s'en va, à la suite de Legrand, celle des musiciens de portée internationale à la croisée des genres, ayant évolué entre jazz et classique, entre variété et musique de film, celle des pianistes / chefs d'orchestre / compositeurs / arrangeurs et je dois en oublier, le tout avec talent... Dans cette catégorie, il ne doit rester que Williams... Schifrin sans doute... je ne parle que des "anciens" bien sûr.

Re: André Previn

Publié : jeu. 28 févr. 2019 21:38
par BigJ.
Un compositeur que j'adore.

"Elmer Gantry" n'a pas encore été mentionné ici. Une des ses musiques les plus frénétiques, à mon souvenir.
"Two for the Seesaw" est probablement ma préférée, jusqu'ici. "Subterraneans", c'est géant aussi. "Dead Ringer" pareil. "4 Horsemen" a un très beau thème, et le reste est décevant.
Sa contribution à la saga "Lassie" n'est pas mémorable. (La seule vraie révélation de ce coffret pour moi fut Daniele Amfitheatrof, soit dit en passant.)

C'était aussi un très bon jazzman. J'ai une bonne compil de lui: "The Essential Collection". Seul gros défaut: les morceaux sont très courts. Rarement plus de 3 m, jamais plus de 4 mn, alors que ce n'est pas le cas de "Subt." aussi très jazz, qui a plusieurs morceaux plus longs.

Re: André Previn

Publié : ven. 1 mars 2019 08:36
par Gizmo
Grand compositeur et excellent chef d'orchestre également
Parmi ses composition pour l'image, Fortune Cookie, Two for the Seesaw et Daisy Clover font partis de mes préférés

encore un grand qui disparait... :(

Re: André Previn

Publié : ven. 1 mars 2019 19:15
par Janus
BigJ. a écrit : "4 Horsemen" a un très beau thème, et le reste est décevant.
Dans The four horsemen of the Apocalypse (1961), à quel thème fais-tu allusion? Le morceau qui m'a plus particulièrement marqué dans cette B.O. n'est pas le pourtant très martial et passionné "Main Title", mais un morceau complètement endiablé et obsessionnel que je fus surpris de retrouver là. En réalité, ce morceau que je trouve génial dans sa construction m'avait d'abord ébloui dans son Concerto pour guitare et orchestre (1970?) qui est l'oeuvre (avec son concerto pour piano) par laquelle j'ai découvert ce compositeur. Depuis, il est devenu le compositeur américain que j'ai le plus approfondi et dont j'ai le plus d'albums (pas seulement en musiques de films) après Lalo Schifrin, Quincy Jones et John Corigliano. Ce morceau endiablé et obsessionnel réapparaît également dans Dead Ringer (1964), j'en tire donc la conclusion qu'il devait en être très satisfait. Sa mort m'attriste donc beaucoup.

Re: André Previn

Publié : ven. 1 mars 2019 20:03
par BigJ.
En cours de réécoute:
Je pensais à l'espèce de "Love Theme" qu'il y a dans l'Ouverture en tout cas.

Je vais aussi vérifier si le score contient d'autres passages mémorables.

Re: André Previn

Publié : ven. 1 mars 2019 21:06
par Janus
BigJ. a écrit :En cours de réécoute:
Je pensais à l'espèce de "Love Theme" qu'il y a dans l'Ouverture en tout cas.
Notamment une reprise avec violon solo...ce n'est pas celui-là qui m'a marqué même si je l'aime bien.

Re: André Previn

Publié : sam. 2 mars 2019 21:02
par BigJ.
Réécoute terminée et... j'ai eu du mal.
Le fameux thème de type sentimental est, de mon point de vue, superbe, MAIS... il est répété ad nauseam out au long du CD.
Pour le reste, c'est globalement moyen. Et il y a un motif martial aux tambours, repris au moins 3 fois, qui est assez casse-pieds.

Sinon, j'ai découvert que j'avais 2 CD "classiques" d'oeuvres de Previn: 1 qui contient son Concerto pour Violon, et l'autre qui s'intitule "Diversions - songs" et contient 5 oeuvres vocales.
Pas de souvenirs, et donc à réécouter.

Re: André Previn

Publié : sam. 2 mars 2019 23:17
par Lee Van Cleef
Le vieux Van Cleef demande un peu d'honnêteté nue. Combien, parmi nous, ont-ils froncé des sourcils circonspects en apprenant la triste nouvelle, puis marmonné avec une note incrédule dans la voix : "Bah ? Je croyais qu'on l'avait collé au boulevard des allongés depuis belle lurette, le lascar" ? Il n'y a encore pas si longtemps que ça, j'aurais dû admettre, la mort rouge dans mon âme mortifiée, faire partie de ces philistins guère au parfum... Le réflexe, semblerait-il, est ancré à grande échelle de supposer que sont tous trépassés les compositeurs qui donnèrent sa musique reconnaissable entre mille à un Hollywood d'antédiluvienne mémoire, celui du Technicolor qui crache, du star system à son apogée glamour et des musicals élastiques. Previn n'était sans doute pas le plus fameux de ces braves, mais son talent débordant rattrapait sans mal ce relatif déficit de notoriété.

Re: André Previn

Publié : dim. 3 mars 2019 00:04
par Dadid
N'oublions pas non plus que, par un fameux effet de bande, une foule innombrable doit beaucoup à Prévin sans le savoir, Williams ayant enregistré Star Wars avec le LSO grâce à lui. Certes, Star Wars aurait existé avec un autre orchestre, mais peut-être pas si bien, et l'orchestre participa ensuite beaucoup à l’essor de Williams comme au renouveau de la musique de film des années fin 70-80 ; du reste Prévin influença Williams de diverses manières bien avant (Il suffit d'écouter Two for the Seesaw). Tout ça pour dire qu'il n'est pas évident d'évaluer l'apport d'un musicien protéiforme comme lui.