Un cas d'école: Ordeal by Innocence (1984) - Dave Brubeck
Un cas d'école: Ordeal by Innocence (1984) - Dave Brubeck
Objet de railleries, la filmographie de feu la compagnie de production Cannon se caractérise aussi par des choix musicaux pittoresques.
Distribué en 1985, Ordeal by Innocence est une terne adaptation d'un roman d'Agatha Cristie (paru en 1958), dans laquelle des acteurs au prestige vacillant s'évertuent tant bien que mal à donner le change.
L'unique originalité dont peut se prévaloir le film se résume à la présence au générique du pianiste de jazz Dave Brubeck.
Les raisons qui ont présidé à son engagement restent aujourd'hui encore une énigme que l'on serait bienheureux de voir Hercule Poirot soi-même résoudre. Néanmoins, il est avéré qu'en premier lieu Pino Donaggio fut sollicité, avant que d'être éconduit une fois sa tache accomplie. Il reste de cette déconvenue, un témoignage discographique.
On devine que dans l'esprit des producteurs l'enrôlement d'un nom aussi prestigieux que celui de Dave Brubeck était censé assurer au film une notoriété instantanée que sa seule qualité n'aurait guère su lui garantir.
Pourtant, à l'évidence l'univers du créateur de Take Five est à cent lieux de l'atmosphère surannée et des ambiances – faussement – compassées dans lesquelles Agatha Christie trempait sa plume.
Il faut convenir que le résultat n'infirme en rien les appréhensions que suscitait sur le papier ce mariage contre-nature. Rarement sans doute, a-t-on été témoin d'une telle disharmonie entre les images et la musique.
Engagé pour son nom, Dave Brubeck reste fidèle à lui-même et déroule sa musique sans se soucier le moins du monde des impératifs de la narration. On ne saurait même lui reconnaître une velléité de contrepoint; à vrai dire, c'est un sentiment d'indifférence qui prédomine. La bande originale semble ignorer les images, et se pose simplement comme un jalon supplémentaire dans le catalogue fourni des œuvres du musicien – il n'en existe aucun enregistrement. On a même pu reprocher à Dave Brubeck de se contenter de paresseusement réaménager certaines pièces de son répertoire pour la circonstance.
Il résulte de cette dichotomie que la musique n'est d'aucun secours au film et qu'elle le laisse livré à lui-même face au spectateur. Une situation inconfortable dont une œuvre de qualité aurait pu se tirer avec les honneurs, mais qui relève ici de la condamnation sans appel.
Témoin indésirable sert de bouche-trou occasionnel sur les grilles du câble, j'invite donc à guetter son éventuelle diffusion afin de juger de l'étrangeté rare du résultat.
En revanche, je n'ai pu trouver aucune illustration à vous soumettre. Le film semble complétement oublié sur les sites de partage, en dépit de sa disponibilité sur support dvd.
Distribué en 1985, Ordeal by Innocence est une terne adaptation d'un roman d'Agatha Cristie (paru en 1958), dans laquelle des acteurs au prestige vacillant s'évertuent tant bien que mal à donner le change.
L'unique originalité dont peut se prévaloir le film se résume à la présence au générique du pianiste de jazz Dave Brubeck.
Les raisons qui ont présidé à son engagement restent aujourd'hui encore une énigme que l'on serait bienheureux de voir Hercule Poirot soi-même résoudre. Néanmoins, il est avéré qu'en premier lieu Pino Donaggio fut sollicité, avant que d'être éconduit une fois sa tache accomplie. Il reste de cette déconvenue, un témoignage discographique.
On devine que dans l'esprit des producteurs l'enrôlement d'un nom aussi prestigieux que celui de Dave Brubeck était censé assurer au film une notoriété instantanée que sa seule qualité n'aurait guère su lui garantir.
Pourtant, à l'évidence l'univers du créateur de Take Five est à cent lieux de l'atmosphère surannée et des ambiances – faussement – compassées dans lesquelles Agatha Christie trempait sa plume.
Il faut convenir que le résultat n'infirme en rien les appréhensions que suscitait sur le papier ce mariage contre-nature. Rarement sans doute, a-t-on été témoin d'une telle disharmonie entre les images et la musique.
Engagé pour son nom, Dave Brubeck reste fidèle à lui-même et déroule sa musique sans se soucier le moins du monde des impératifs de la narration. On ne saurait même lui reconnaître une velléité de contrepoint; à vrai dire, c'est un sentiment d'indifférence qui prédomine. La bande originale semble ignorer les images, et se pose simplement comme un jalon supplémentaire dans le catalogue fourni des œuvres du musicien – il n'en existe aucun enregistrement. On a même pu reprocher à Dave Brubeck de se contenter de paresseusement réaménager certaines pièces de son répertoire pour la circonstance.
Il résulte de cette dichotomie que la musique n'est d'aucun secours au film et qu'elle le laisse livré à lui-même face au spectateur. Une situation inconfortable dont une œuvre de qualité aurait pu se tirer avec les honneurs, mais qui relève ici de la condamnation sans appel.
Témoin indésirable sert de bouche-trou occasionnel sur les grilles du câble, j'invite donc à guetter son éventuelle diffusion afin de juger de l'étrangeté rare du résultat.
En revanche, je n'ai pu trouver aucune illustration à vous soumettre. Le film semble complétement oublié sur les sites de partage, en dépit de sa disponibilité sur support dvd.
"*I* shall not be back... but something will."
Re: Un cas d'école: Ordeal by Innocence (1984) - Dave Brubeck
Je savais pas qu'il avait fait de la musique de film. Après tout peut-être qu'il avait même pas vu les images du film quand il a composé la musique, ce qui explique le fait qu'elle soit aussi décalée.
J'ai trouvé une petite bande annonce du film ici
J'ai trouvé une petite bande annonce du film ici
Re: Un cas d'école: Ordeal by Innocence (1984) - Dave Brubeck
Et c'est bien du Dave Brubeck que l'on entend.
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Re: Un cas d'école: Ordeal by Innocence (1984) - Dave Brubeck
Et à propos, Julien, quand choisiras-tu un avatar?
"*I* shall not be back... but something will."
Re: Un cas d'école: Ordeal by Innocence (1984) - Dave Brubeck
Je ne sais pas ce que donne le score de Dave Brubeck, n'ayant toujours pas vu ce Témoin indésirable , mais le score rejeté de Pino Donaggio est de son côté un agréable démarquage de sa superbe composition pour le Don't look know de Roeg. Le CD présenté plus haut ne propose toutefois qu'une suite de 17 minutes.
Re: Un cas d'école: Ordeal by Innocence (1984) - Dave Brubeck
Ça fait envie. Reste plus qu'à trouver le cd... A un prix accessible !
Sur un autre site, l'avatar que j'avais mis a été censuré et remplacé par un autre. Remarque sur Underscores ça a l'air plus cool. Peut-être que le modérateur sera plus tolérant. Je vais voir ça.Emissary a écrit :Et à propos, Julien, quand choisiras-tu un avatar?
Re: Un cas d'école: Ordeal by Innocence (1984) - Dave Brubeck
Pour ne pas rester sur une mauvaise impression, une curiosité bien sympathique: le générique d'une obscure série télévisée des années soixante - à laquelle, néanmoins, Garson Kanin prêta son concours - dont le thème fut composé et interprété par Dave Brubeck.
Mr. Broadway
La publicité qui l'accompagne appartient définitivement à un autre âge.
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"*I* shall not be back... but something will."
Re: Un cas d'école: Ordeal by Innocence (1984) - Dave Brubeck
On reconnait bien le style rythmique de l'auteur de Take Five.
Il n'y a pas longtemps, France Musique lui a consacré une longue émission. Ils ont même était l'interviewer chez lui dans sa maison du Connecticut. On peut encore l'écouter sur leur site : Nuit spéciale Dave Brubeck
Il n'y a pas longtemps, France Musique lui a consacré une longue émission. Ils ont même était l'interviewer chez lui dans sa maison du Connecticut. On peut encore l'écouter sur leur site : Nuit spéciale Dave Brubeck
Re: Un cas d'école: Ordeal by Innocence (1984) - Dave Brubeck
Ainsi que signalé dans les news, la contribution de Pino Donaggio a reçu les honneurs du label kritzerland.
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- Cornélius
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Re: Un cas d'école: Ordeal by Innocence (1984) - Dave Brubeck
J'écoute en ce moment les extraits sur SAE et cela me plait énormément. Mais avant de me lancer, j'aimerais connaître la durée totale du disque (pas trouvée sur le site de Kritzerland).Emissary a écrit :Ainsi que signalé dans les news, la contribution de Pino Donaggio a reçu les honneurs du label kritzerland.
Re: Un cas d'école: Ordeal by Innocence (1984) - Dave Brubeck
A peu près, trente-quatre minutes (source: Bruce Kimmel himself).
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- Cornélius
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Re: Un cas d'école: Ordeal by Innocence (1984) - Dave Brubeck
Merci Emissary, je passe commande.Emissary a écrit :Trente-quatre minutes.
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Re: Un cas d'école: Ordeal by Innocence (1984) - Dave Brubeck
Peut-être faut-il maintenant espérer une reédition de l'excellent CRAWLSPACE de Donaggio ? Un futur Varèse Club ?