Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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ZrK
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Merci pour ces infos mais elles viennent de vous : quelles sont vos sources ? Parce que j'ai beau chercher, tous les sites qui parlent du score du dernier Tarantino évoque une interview dans laquelle Morricone et le cinéaste disent que le score original ne contient que 25 min de musique...alors là je suis perdu. Qui croire ?
“[Morricone said] ‘I wrote a whole orchestra score [for The Thing], and I wrote a whole synthesizer score, because I knew that was what [John Carpenter] was used to’,” explained Tarantino, paraphrasing the composer. “’I gave him everything, and the only thing [Carpenter] used in the entire movie was the synthesizer main title [track].’ So basically, if you stay away from the synthesizer main title, all that music that’s on the soundtrack album has never been used in a movie ever. So, [Morricone] goes, ‘What I can do is I’ll write the theme… and with the other Thing pieces of music, now you have your original score that’s never been used in a movie before.’”

After composing an original main theme and handing over the older tracks, Morricone, impressed by the footage he’d seen from the film, composed an additional 15 minutes of new music
But when he went to Rome to ask Morricone, the composer didn’t have the time to write a full score. Eventually, Morricone agreed to write 25 minutes of music, including the theme. For the rest of it, he was able to take previously unused tracks from the score he wrote for John Carpenter’s The Thing in 1982—which Tarantino independently cites as the greatest cinematic influence on The Hateful Eight.
A noter que je ne suis pas bilingue et que je comprends surement mal ce qui se dit là. Je pense qu'il y a une incompréhension de certains à cause des traductions et surtout d'une écriture qui manque de clarté et d'informations précises.

Enfin je trouve ça :
But the composer found himself writing more and more new music. "He asked me for some pieces for important moments of the film," said Morricone, "but I actually wrote much more on the basis of what I read in the script." (Ultimately Tarantino employed only two unused "Thing" cues.)
Ca rejoint ce que vous dites. Je vais m'en sortir ne vous inquiétez pas. :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:
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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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ZrK a écrit :Merci pour ces infos mais elles viennent de vous : quelles sont vos sources ? Parce que j'ai beau chercher, tous les sites qui parlent du score du dernier Tarantino évoque une interview dans laquelle Morricone et le cinéaste disent que le score original ne contient que 25 min de musique...alors là je suis perdu. Qui croire ?
J'ignore où ces sites ont trouvé leur information ni ce qu'ils ont compris, toujours est-il que le cd contient une petite cinquantaine de minutes de musique originale. Il suffit d'écouter pour en être convaincu. La réponse est dans la musique elle-même pour les raisons que PatrickB et moi-même avons expliquées. Si tu additionnes en durée le thème principal "L'ultima diligenza di red rock - version intégrale" (7'30) et la version courte (2'37) et "Neve - version intégrale" (12'16) et la version courte (2'05), tu obtiens déjà une durée de 24' 28" de musique originale, durée provisoire à laquelle il te faut rajouter les déclinaisons du thème principal. Rien que là, tu dépasses nettement les 25 minutes de musique originale prétendue. Cela sans compter les deux versions de "L'inferno Bianco" d'une durée totale de 7'02" dont l'écoute suffit pour déterminer qu'ils ont bien été composés pour "The Hoful Eight" et certainement pas pour "The Thing". Cependant, même sans les compter, on dépasse de toute manière les 25 minutes. Avec la meilleure volonté du monde, je ne peux pas faire mieux. Je n'ai même pas compté non plus "La Lettera di Lincoln" qui est le seul morceau qui fasse un peu western, d'une durée de 1'41", ni le second thème "Overture" d'une durée de 3'11" dont le motif obsessionnel réapparaît ci et là, notamment sur une plage - je ne sais plus laquelle - où il se superpose au thème principal ou vice-versa. :D
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Docteur Zaïus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Janus a écrit :
Docteur Zaïus a écrit :J'ai une petite question pour ceux qui ont déjà écouté la BO de Hateful 8. Quand je lis les titres du disque, je m'aperçois qu'il y a des plages créditées aux noms des acteurs ? Est-ce que cela veut dire que les musiques sont entrecoupées d'extrait dialogués du film ?

Merci.
Malheureusement oui, c'est le gros reproche que je fais au disque, dans sa conception, d'autant plus que mon programmateur est défaillant. Bien sûr, si tu as un meilleur programmateur que le mien tu peux aisément éluder ces plages et ne conserver que la musique.
Merci pour vos réponses. Je n'ai pas de programmateur :(

Mais pourquoi ils font ça, les dialogues sont si brillants et cools qu'ils doivent interférer dans l'écoute de la musique ? Ça n'a vraiment pas de sens pour moi.
Scorebob
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Le film semble pas mal basé sur ces palabres comme pour Inglorious Bastard et ce n'est pas un procédé nouveau en BOF, on le retrouve pour Baaria , Yentl , Flash Gordon et Angela Ashes (l'une des deux éditions).
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Hutch
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Le "concept" de l'album provient surtout de Tarantino, apparemment très fier de ses dialogues.
Je n'aime pas non plus la réalisation de cet album et aurais préféré pouvoir écouter d'une traite la musique de Morricone mais comme on dit, faute de grives...
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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Scorebob a écrit :ce n'est pas un procédé nouveau en BOF, on le retrouve pour Baaria , Yentl , Flash Gordon et Angela Ashes (l'une des deux éditions).
Effectivement, le procédé n'est pas nouveau, toutefois, sur Baaria, pour ceux qui ne connaissent pas l'album, les dialogues n'interviennent que sur la fin de la première plage et c'est tout. J'aurais biensûr préféré sans. Sinon, on retrouve le concept des interludes avec dialogues dans "Regarde les hommes tomber" et "Marie-Louise en permission" d'Alexandre Desplat et la première édition de "Les 4 saisons d'Espigoule" de Michel Korb. Il y a d'autres exemples mais ce sont les premiers qui me sont venus en tête. Ceci-dit en passant, les dialogues en français et très courts dans "Regarde les hommes tomber" et "Les 4 saisons d'Espigoule" ne me dérangent pas du tout.
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Julien
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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C'est vrai qu'il y avait une mode à un moment d'intercaler des dialogues de films entre la musique. (Vers le milieu des années 90 je crois) Je me souviens de celles de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" et de "Carrie" qui exploitaient ce procédé. Heureusement j'ai l'impression que ça s'est perdu.
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Walden
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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pour faire "vintage" ça revient avec CREED, le score totalement lourdingue de Ludwig machin pour le dernier avatar de la saga ROCKY
BRAINSTORM main title (James Horner)
http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
Film composer great Elmer Bernstein (Magnificent Seven, To Kill A Mockingbird) once said to me, “The dirty little secret is that we’re not musicians – we’re dramatists.”(Michael E Levine)
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Hutch
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

Message non lu par Hutch »

En ce qui me concerne, au-delà de la conception très discutable de l'album, le coup de l'ostinato servant de base à la BO, le maestro transalpin nous a déjà fait le coup des centaines de fois. Pourtant, grâce à une orchestration bien pensée et au cordeau, cette musique possède sa propre ambiance, à laquelle j'accroche plutôt bien. Avec STAR WARS, et dans un genre bien différent, l'une des meilleures BO de 2015!
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Docteur Zaïus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

Message non lu par Docteur Zaïus »

Scorebob a écrit :Le film semble pas mal basé sur ces palabres comme pour Inglorious Bastard et ce n'est pas un procédé nouveau en BOF, on le retrouve pour Baaria , Yentl , Flash Gordon et Angela Ashes (l'une des deux éditions).
Oui ça n'est pas nouveau, il y a ça aussi sur Escape from NY. Après, quand il y a 10-15 secondes maxi, ça peut encore passer mais là, quand j'en vois qui dépassent les deux minutes... :-C
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Taboulez
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Je suis actuellement en pleine écoute de Hateful 8...

Heu, c'est moi où cette nouvelle partition pourrait éventuellement prétendre au rang de classique morriconien instantané ?

En effet, pour le coup il ne s'agit pas du tout d'une musique de western, genre auquel l'ami Ennio avait déjà offert dans les années 90 un testament indépassable, à l'occasion de sa contribution sur U-Turn, où il revenait alors, avec 30 ans de recul, à ce qui jadis l'avait rendu célèbre, afin de délivrer ce qui m'apparait comme, de très loin, sa partition la plus aboutie et raffinée du genre. Bref, son western de la maturité.


Pour ce qui concerne son dernier né Hateful 8, Morricone a donc définitivement tourné la page, et décide de se lancer pleinement dans la confection d'une grande musique macabre, genre balisé s'il en est (Herrmann, Fury de Williams, Ghost Story de Sarde et tellement d'autres encore,...), mais qui fait toujours un effet bœuf lorsqu'il est habillé d'un thème funèbre bien charismatique comme on l'aime.
Ceci agrémenté de tout un tas de fioritures esthétiques enthousiasmantes qui viennent l'ornementer tout du long de l'album (je note tout particulièrement un fameux Raggi di Sole Sulla Montagna, morceau modalo-atonal d'un tempérament post-impressionniste et dissonant, un type d’esthétique à mi-lieu entre Takemitsu et Jean Louis Florentz, assez rare dans la carrière de Morricone).



Punaise, ça fait tellement longtemps que le cinéma ne nous offre plus de vrais grands thèmes remarquables qui se respectent, ni grossiers, ni vulgaires, que j'avais presque oublié ce que ça faisait. J'ai envie de dire, merci Ennio, de nous rappeler pourquoi on a tous un jour, dans nos plus jeunes années, tendu l'oreille en plein milieu d'un film en y prêtant un intérêt particulier, qui nous mènerait quelques temps plus tard à découvrir le monde des compositeurs de cinéma. On commençait singulièrement à l'oublier ces derniers temps.
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Taboulez
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Je viens de lire l'intégralité des 3 ou 4 dernières pages qui faisaient mention de cette partition afin de connaitre en détail les opinions des forumeurs qui se sont déjà exprimés sur le sujet (je m'étonne d'ailleurs que si peu de personnes ait encore commenté ce pur joyaux, à vrai dire depuis une réécoute de l'objet en question le terme ch.f d'.e.vr. me brule les lèvres mais il est peut-être encore trop tôt pour l'affirmer, le mot mérite-t-il déjà d'être lâché ?), et un détail anodin m'a pas mal amusé:
Janus a écrit :The Hoful Eight
Janus a écrit :The Holeful Eight
Janus a écrit :"The Hoteful Eight"
Janus a écrit :THE HOLEFUL EIGHT
Janus a écrit :"The Hoful Eight"
Ce qu'il y a de bien avec toi Janus, c'est que le titre en question change sans arrêt selon les pages de ce sujet, et qu'au final tu ne l'as encore jamais correctement orthographié :D :D :D .
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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Pour l'avoir écrit "The Hoful Eight", l'erreur provient du titre tel qu'il est écrit sur la pochette du disque: "The H8ful Eight". J'ignore pourquoi j'ai pensé que le 8 remplaçait un "O". :oops: Pour l'avoir écrit successivement "The Holeful Eight" et "Hoteful Eight", je n'ai aucune explication. :lol: Sur le cd lui-même, je viens de m'apercevoir qu'il est ortographié différemment que sur la pochette: "The Hateful 8", qui serait donc la bonne orthographe. C'est marrant, je fais plus de fautes en écrivant l'anglais que l'italien alors que, verbalement du moins, je pratique plus le premier que le second. Cela s'explique sans doute par le fait que lorsque j'écris un titre en italien, n'étant jamais sûr de moi, je vérifie systématiquement. :mrgreen: De plus, "Hateful" est un mot que je ne connaissais pas.
Taboulez a écrit :à vrai dire depuis une réécoute de l'objet en question le terme ch.f d'.e.vr. me brule les lèvres mais il est peut-être encore trop tôt pour l'affirmer, le mot mérite-t-il déjà d'être lâché ?)...
Selon mon humble avis, si "The Hateful 8" est un coup de maître de la part d'Ennio Morricone, un opus marquant (alors que certains l'avaient déjà enterré depuis longtemps :mrgreen:), je ne pense pas qu'il puisse être mis au rang de chef d'oeuvre. Personnellement, je n'irai pas jusque-là, pas tout-à-fait du moins, mais il n'en est pas très éloigné...Il faut dire que "Chef d'oeuvre" est un terme qui ne revient pas souvent dans mon langage. Les chefs d'oeuvre sont rares de toute façon, mais c'est peut-être aussi moi qui suit un peu frileux ou méfiant dans l'utilisation de ce terme fort élogieux. En même temps, dans le genre, c'est une musique qui me semble très aboutie, très réussie dans ce qu'elle a voulu évoquer ou exprimer. Attendons de voir son impacte à l'image et de quelle façon Tarantino aura su l'exploiter dans son film.
Daisybraille
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Meilleurs voeux !

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Cher(e)s Morriconien(ne)s, je vous adresse tous mes bons souhaits pour l'an qui vient !
Linda
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Julien
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

Message non lu par Julien »

Janus a écrit :
ZrK a écrit :Merci pour ces infos mais elles viennent de vous : quelles sont vos sources ? Parce que j'ai beau chercher, tous les sites qui parlent du score du dernier Tarantino évoque une interview dans laquelle Morricone et le cinéaste disent que le score original ne contient que 25 min de musique...alors là je suis perdu. Qui croire ?
J'ignore où ces sites ont trouvé leur information ni ce qu'ils ont compris, toujours est-il que le cd contient une petite cinquantaine de minutes de musique originale. Il suffit d'écouter pour en être convaincu. La réponse est dans la musique elle-même pour les raisons que PatrickB et moi-même avons expliquées. Si tu additionnes en durée le thème principal "L'ultima diligenza di red rock - version intégrale" (7'30) et la version courte (2'37) et "Neve - version intégrale" (12'16) et la version courte (2'05), tu obtiens déjà une durée de 24' 28" de musique originale, durée provisoire à laquelle il te faut rajouter les déclinaisons du thème principal. Rien que là, tu dépasses nettement les 25 minutes de musique originale prétendue. Cela sans compter les deux versions de "L'inferno Bianco" d'une durée totale de 7'02" dont l'écoute suffit pour déterminer qu'ils ont bien été composés pour "The Hoful Eight" et certainement pas pour "The Thing". Cependant, même sans les compter, on dépasse de toute manière les 25 minutes. Avec la meilleure volonté du monde, je ne peux pas faire mieux. Je n'ai même pas compté non plus "La Lettera di Lincoln" qui est le seul morceau qui fasse un peu western, d'une durée de 1'41", ni le second thème "Overture" d'une durée de 3'11" dont le motif obsessionnel réapparaît ci et là, notamment sur une plage - je ne sais plus laquelle - où il se superpose au thème principal ou vice-versa. :D
En fait si on enlève les redites, on doit arriver à une trentaine de minutes de musique je pense, ce qui est déjà pas mal. Après écoute, je me range du côté des conquis malgré quelques réserves. Un peu trop minimaliste/répétitif par moment, mais Morricone arrive à tisser une ambiance froide et inquiétante très efficace, qui rappelle en fait bien plus le giallo italien que la musique de western proprement dite. J'ai pas mal pensé au Syndrome de Stendhal ou à certains compositeurs de musiques contemporaines, comme par exemple Giacinto Scelsi, pour le côté lancinant, les sonorités longuement tenues et les cuivres barrissants. Une bonne surprise en tout cas, de la part d'un compositeur que je pensais assagit depuis plusieurs années, mais il faut croire que le vieux a encore de la réserve !
Taboulez a écrit :Ceci agrémenté de tout un tas de fioritures esthétiques enthousiasmantes qui viennent l'ornementer tout du long de l'album (je note tout particulièrement un fameux Raggi di Sole Sulla Montagna, morceau modalo-atonal d'un tempérament post-impressionniste et dissonant, un type d’esthétique à mi-lieu entre Takemitsu et Jean Louis Florentz, assez rare dans la carrière de Morricone).
Cela étant, c'est vrai qu'on a tendance parfois à oublier que Morricone peut souvent exceller dans ce registre contemporain, moins connu de son œuvre, comme pouvait en témoigner par exemple l'étonnant "Vertiges", composé pour le film de Bolognini. (Film un peu aride d'ailleurs où j'ai décroché au bout d'une demi-heure!)
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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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Julien a écrit :Une bonne surprise en tout cas, de la part d'un compositeur que je pensais assagit depuis plusieurs années
C'est souvent un film en particulier ou l'audace d'un cinéaste peu frileux qui permet à un compositeur de cette trempe de pouvoir sortir artistiquement de ses gonds. Je ne sais pas sur quel film aujourd'hui, il pourrait coller un morceau de huit minutes comme The Poison gas battle at Ypres extrait de Fräulein Doktor? D'ailleurs, à propos de cette page symphonique terriblement atonale - j'ignore si tu l'as en mémoire, Julien - à un moment donné, il y a justement de véritables barrissements émis par des cuivres lorsque la machine orchestrale se déchaîne à une allure pachydermique...N'ayant jamais vu le film, j'ai d'abord pensé à un effet de style mais lorsque j'ai pu me faire une idée visuelle de la scène à laquelle cette fulgurance symphonique se rapporte, j'ai cru comprendre une filiation plus imagée: on y voit des soldats allemands sur leurs chevaux, dans leurs tenues sombres de combat et avec des masques à gaz. En observant cette meute de fous furieux sur leurs montures avec une espèce de tuyau devant la bouche, je voyais plus un troupeau de créatures hybrides mi-hommes, mi-éléphants particulièrement terrifiantes. J'aimerais que ce morceau soit rejoué avec la qualité d'enregistrement d'aujourd'hui, pourquoi pas en concert...même si je risque de me retrouver tout seul dans la salle! :lol:
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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

Message non lu par Janus »

Julien a écrit :Cela étant, c'est vrai qu'on a tendance parfois à oublier que Morricone peut souvent exceller dans ce registre contemporain, moins connu de son œuvre, comme pouvait en témoigner par exemple l'étonnant "Vertiges", composé pour le film de Bolognini. (Film un peu aride d'ailleurs où j'ai décroché au bout d'une demi-heure!)
Personnellement, j'ai résisté jusqu'à la fin mais il faudrait quand même que je refasse une tentative car je ne saurais dire si j'ai vraiment tout saisi. En général, j'aime beaucoup le cinéma de Mauro Bolognini. Sinon, pour en revenir à "Vertiges", PatrickB ne sera pas surpris d'apprendre que j'aime beaucoup cette partition :mrgreen: , mais, en réalité, je crois que j'aime toutes les musiques qu'Ennio Morricone a composées pour ce réalisateur, et elles ne sont pas toutes atonales, na!
Julien a écrit :En fait si on enlève les redites
Il s'agit plus exactement de déclinaisons du thème principal. "Redites" évoquent plus dans mon esprit des reprise bêtes et méchantes d'un des thèmes principaux, ce qui n'est pas le cas ici. Les déclinaisons sont intéressantes parce qu'elles proposent une autre physionomie du thème repris. Le caractère minimaliste et répétitif ne me gêne pas. C'est vrai qu'il y a peu de place dans cette B.O. pour le lyrisme ou le romantisme. "Le Grand Silence", autre western enneigé, a cette dimension-là en plus, mais sur "Hateful 8", le concept de l'austérité n'est pas pour me déplaire d'un point-de-vue purement climatique et poétique. ;)
Daisybraille
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Bonjour tout le monde,

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Merci pour ces belles analyses. Elles me donnent envie d'entendre toutes ces musiques d'Ennio.
Il faudrait qu'il lise ce fil pour nous donner son avis.
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Dadid
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

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C'est vrai ! Il serait certainement surpris par l'érudition de certains à propos de sa musique, parfois de musiques qu'il ne se rappelle probablement plus lui-même.
Daisybraille
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Salut !

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Dadie, je crois qu'il se demanderait pourquoi on l'appelle génial stakhanoviste.
Ah, cet homme à l'harmonica ! Quand je pense à cet extrait, ça m'arrache le cœur, mais je retrouve le sourire en écoutant la piste 9 du CD de Il était une fois dans l'Ouest : cette petite square dance au rythme bien enlevé, toute joyeuse... Dans le film, on l'entend en fond pendant que, je crois, les acteurs jouent au pocker... Me gourre-je ?
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Julien
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

Message non lu par Julien »

Janus a écrit :C'est souvent un film en particulier ou l'audace d'un cinéaste peu frileux qui permet à un compositeur de cette trempe de pouvoir sortir artistiquement de ses gonds. Je ne sais pas sur quel film aujourd'hui, il pourrait coller un morceau de huit minutes comme The Poison gas battle at Ypres extrait de Fräulein Doktor? D'ailleurs, à propos de cette page symphonique terriblement atonale - j'ignore si tu l'as en mémoire, Julien - à un moment donné, il y a justement de véritables barrissements émis par des cuivres lorsque la machine orchestrale se déchaîne à une allure pachydermique...
Je possède un enregistrement de ce score, par contre dans l'édition que j'ai, il n'y a pas le titre des pistes (je me demande d'ailleurs si ce n'est pas une édition pirate), mais je crois savoir à quel morceau tu fais allusion. Un passage à la rythmique militaire avec des cuivres braillards. Très bon passage, et effectivement c'est tout à fait ce style là auquel je faisais allusion. J'en ai profité aussi pour réécouter sa première musique de film, Il Federale, et déjà à certains moment on retrouve aussi cette utilisation des cuivres, grinçants et dissonants, même si ça reste moins avant-gardiste. On se rend compte déjà qu'une bonne partie du style musical de Morricone à venir est présent dés sa première bo.
Janus a écrit :En observant cette meute de fous furieux sur leurs montures avec une espèce de tuyau devant la bouche, je voyais plus un troupeau de créatures hybrides mi-hommes, mi-éléphants particulièrement terrifiantes.
Une certaine vision de l'enfer ! Dans le Syndrome de Stendhal, le parallèle est d'ailleurs assez évident puisque l'on entend ces cuivres gémissants sur un plan du tableau de la méduse peinte par Le Caravage. On entend aussi un trombone vers la fin du morceau ; un instrument particulièrement utilisé pour suggérer la mort ou le monde des enfers. Ligeti en avait fait une utilisation dans son opéra Le Grand Macabre et surtout Stockhausen dans Licht, qui l'avait accolé à Lucifer en personne.
Bruno09
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

Message non lu par Bruno09 »

J'ai pu visionner quelques passages du film de Tarantino, au début du film la musique originale d'Ennio est assez présente.
Pour le reste le Réalisateur semble avoir comme à son habitude utilisé pas mal de musiques additionnelles, et le thème "Bestiality" composé à l'origine pour THE THING est entendu au moins deux fois dans le film.
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Janus
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

Message non lu par Janus »

Bruno09 a écrit :J'ai pu visionner quelques passages du film de Tarantino, au début du film la musique originale d'Ennio est assez présente.
Pour le reste le Réalisateur semble avoir comme à son habitude utilisé pas mal de musiques additionnelles, et le thème "Bestiality" composé à l'origine pour THE THING est entendu au moins deux fois dans le film.
Il aurait aussi employé le "Thème de Reagan" de L'Exorciste II, des thèmes qui n'apparaissent pas sur le cd, bien évidemment.
Bruno09
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

Message non lu par Bruno09 »

[

Il aurait aussi employé le "Thème de Reagan" de L'Exorciste II, des thèmes qui n'apparaissent pas sur le cd, bien évidemment.[/quote]

Effectivement ce thème de L'EXORCISTE II est cité au générique de fin ainsi que les thèmes de THE THING "éternity" "despair" et "bestiality" il y a aussi 4 chansons non écrites par Morricone.

Par ailleurs, la musique du Maestro au début du film colle parfaitement aux magnifiques images, mais le reste du film semble très bavard, il ne faut pas s'attendre à de longues séquences musicales sans dialogues ni bruitages comme dans les films de Leone. Mais j'attend de voir le film en entier pour me faire une réelle opinion.
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Julien
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Re: Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

Message non lu par Julien »

Et il parait aussi que le film n'est pas terrible d’après les échos que j'ai pu avoir. (Cela dit j'avais trouvé déjà que la bande annonce n'augurait rien de bon).
Bruno09 a écrit :mais le reste du film semble très bavard, il ne faut pas s'attendre à de longues séquences musicales sans dialogues ni bruitages comme dans les films de Leone.
Bon de toute façon, Tarantino s'est toujours plus réclamé de Rohmer que de Leone.
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