Franz Waxman

[Lee Van Cleef]

Au vu du nombre conséquent de partitions que les gens d'Intrada sont parvenus à caser sur chacun des quatre disques (une petite douzaine, au final), la prudence suggérait de se préparer à une balade chaotique, tantôt montées extatiques vers des sommets coiffés de nuages blancs, tantôt chavirements impromptus dans des nids-de-poule de la taille d'une baignoire. Mais si l'odeur modérément parfumée des fonds de tiroir vient anesthésier parfois nos sens, comme avec l'anecdotique Woman of the Year, trop flemmard pour tirer parti de son délicieux thème principal, le musc riche et capiteux qu'émet à profusion Franz Waxman lorsqu'il est à son summum l'emporte de très loin. Les facettes que révèle cet incontournable coffret du géant du Golden Age hollywoodien se révèlent plurielles, entre le romantisme gouttant à filets dorés de Count your Blessings, la majesté du formidable Captains Courageous que les éléments déchaînés, dont Spencer Tracy succombe à l'étreinte mortelle, offrent à Waxman de cristalliser dans un fabuleux ostinato, les ombres d'un noir d'encre qui suintent des morceaux du cinéma fantastique que sont Dr. Jekyll and Mr. Hyde et The Devil Doll, et le jazz symphonique aussi exquis que l'ambroisie de King of the Roaring 20's, imparable démonstration de la modernité d'un artiste qui, même s'acheminant vers le crépuscule d'une carrière bien remplie, refusait de se laisser moisir sur ses vieux lauriers pour embrasser sans arrière-pensée les remous qu'Elmer Bernstein, North ou Mancini soulevaient alors au coeur de l'industrie. Gloire à Waxman, mes frères !

[Sam Lowry]

Ave Waxman, ceux qui t'écoutent te saluent !

[Mortimer]

Mon dernier coup de cœur Waxman reste le double Lalaland avec Peyton Place (j’adore ce score) et Advendture of a Young man.
Sinon pour l’anecdote, dans le film The Shape of Water, le cinéma en dessous de l’appartement de l’héroïne, diffuse The Story of Ruth. Le cd est sorti il y a quelques années dans les Varèse Club.

[Dadid]

Peu d’interventions délirantes sur Waxman, apparemment, il n'a pourtant rien d'un mannequin de cire du Musée Grévin...

je n'ai pas le temps pour l'instant, but I'll be back.

[Sam Lowry]

Alors, j'y vais de mon intervention (mais pas délirante non plus ). Je crois, s'il m'en souvient correctement, que mes premiers contacts avec la musique de Waxman furent pour 3 films (à peu près coup sur coup, heureux hasard) pour Dr Jekyll & Mr Hyde, puis Prince Valliant et enfin pour Sunset Boulevard. Le premier m'avait, au-delà du film (une franche réussite), marqué par sa musique ténébreuse, un rien gothique. Le second et ses cavalcades cuivrées m'avait séduit par sa thématique (avec un très beau love thème). Et enfin, le dernier avait fini de m'achever par sa modernité d'écriture qui m'avait collé une claque rien moins que monumentale ! Ensuite, évidemment, il y eut Peyton Place (pu... quel thème !), The Spirit of Saint Louis et autre joyeusetés ! Sans oublier le sublime Rebecca qui offrait là au merveilleux film d'Hitchcock un superbe écrin musical !
Bref, depuis ce temps (reculé maintenant), je considère Waxman comme un des géants de la musique de film. Il faut ici insister sur le fait, et je dis ça pour les p'tits djeunzs qui traineraient dans le coin mais qui n'oseraient pas s'aventurer dans le répertoire de ce monstre sacré, que la musique de Waxman est très moderne dans son écriture, à mi-chemin entre l'héritage opératique des Steiner et Korngold et la verve hollywoodienne d'un John Williams qui aurait fait ses gammes chez Alfred Newman.

[Lee Van Cleef]

Peu d’interventions délirantes sur Waxman, apparemment, il n'a pourtant rien d'un mannequin de cire du Musée Grévin...

Comme souvent, tout est affaire de point de vue... Et le fait que Waxman ait avalé sa chique avant même l'avènement des seventies demeure un prétexte plus que suffisant, chez nombre d'affreux zigomars que nous avons le déplaisir de compter parmi nous, pour laisser le grand homme drainer la poussière sur les étagères bondées du taxidermiste. Mais si par extraordinaire l'un d'entre eux se résolvait à faire amende honorable, et quémandait d'une petite voix hésitante quelques pistes dignes d'être explorées d'un pied hardi, j'aiguillerais alors ses pas vers deux classiques ne générant pas une miette d'ennui : l'altier Taras Bulba, qui apporte à vaste renfort de chevauchées cuivrées et de dépaysement jouissif une éloquente définition au mot "épique", et Objective, Burma !, qui conjugue à l'intérieur d'un véritable pain de TNT action et suspense, deux virils éléments dans lesquels Waxman soutient la comparaison sans même sourciller avec le film de Raoul Walsh.

[Dadid]

Taras Bulba, oui, c'est une acquisition obligatoire pour qui aime l'action et la BO d'aventure... D'autant que le réenregistrement intégral de Tadlow, mené tambour battant et cuivres en éruption permet de le redécouvrir avec de nombreux bonus, dans un confort d'écoute propre à réunir les voisins à nos portes.

[Jimbo]

Je tierce sur Taras Bulba, son oeuvre incontournable, le chef d'oeuvre de sa carrière ! J'ai les deux enregistrements et je les écoute autant, ils sont indispensables effectivement.

[Dadid]

En refaisant un petit tour de ma CDthèque Waxman, j'en retiens en premier lieu Taras Bulba, le Korngolesque Prince Valiant, Sunset Boulevard et Rebecca (versions McNeely), Hemingway's adventure of a young man, la très glamour suite pour orchestre tirée de A place in the sun ainsi que, versant classique, les Four scenes from childwood et sa Sinfonietta for string orchestra and timpani... Mais j'ai pas mal de compils (Mills et l'indispensable Gerhardt) et surtout d'autres BO intégrales qu'il me faut absolument réécouter, comme Anne of the Indies, The silver chalice, My cousin Rachel, Crime in the streets et quelques autres... Autant de musiques qui m'ont laissé un très bon souvenir, mais que j'aurais du mal à identifier en écoute aveugle. C'est un peu mon problème avec Waxman, si problème il y a : j'ai du mal à l'identifier. Ce qui n'est pas forcément un défaut, surtout en musique de film... A suivre, donc !

[Mortimer]

Un disque que j’écoute souvent c’est l’enregistrement d’Elmer Bernstein pour les 100 ans de la musique de film. Alors il n’y a pas grand chose de neuf mais c’est surtout pour les 20 minutes du magnifique score de Sayonara

https://www.discogs.com/fr/Franz-Waxman ... e/10189837

[Dadid]

Exact, un autre beau disque !

[Nameless1138]

Je me lance enfin à la découverte de ce compositeur, après quelques extraits diffusés dans Total Trax qui m'avaient attiré l'oreille, et l'écoute de l'album de Charles Gerhardt (encore merci Dadid pour les infos sur les rééditions). Je viens de recevoir le réenregistrement de Taras Bulba de chez Tadlow et ça tourne en boucle depuis hier, je confirme pour l'aspect "moderne" de sa musique, on est vraiment à la frontière du Golden Age plus classique et des scores symphoniques plus proches de ce qu'on peut entendre chez des compositeurs comme Williams.
Je viens donc de commander dans la foulée et après écoute des extraits, le double de LaLaLand avec Peyton Place. A suivre...

[Scorebob]

Adventures of a young man est tout bonnement splendide.

[Dadid]

Ah oui, joli, surtout les passages avec flûte "bucolique" (qui me rappelle les Chants d'Auvergne de Canteloube, ou le Mockingbird de Bernstein).

merci Dadid pour les infos sur les rééditions

De rien.

[Nameless1138]

J'ai trouvé, en streaming ou download uniquement malheureusement, les CDs semblent épuisés, The Bride Of Frankenstein (un réenregistrement de 2003) et Prince Valiant. Je vais donc pouvoir poursuivre ma découverte en attendant le LLL. Sans compter qu'il y a de quoi faire avec le double de Taras Bulba que j'aime décidément beaucoup !

[Sam Lowry]

Je me lance enfin à la découverte de ce compositeur

Quelle joie de lire ceci, camarade Sans Nom ! Tu te prépares quelques heures de bonheur auditif, tu peux me croire.
J'aimerai que d'autres amateurs de BOF tentent eux aussi de laisser trainer une oreille sur l'oeuvre gigantesque de ce grand monsieur ! J'espère que ta tentative (qui semble réussie, si j'en crois tes paroles) fera naitre d'autres vocations... Waxman le mérite tellement !

[Scorebob]

J'apprécie énormément son Dr Jeckyll and Mr Hyde:

[Sam Lowry]

C'est un cd que je recherche depuis longtemps...

[Scorebob]

Ici c'est une suite que l'on peut trouver de temps en temps mais en fait le score fait partie de la box Waxman éditée il y a peu chez Intrada dans sa version originale:

http://store.intrada.com/s.nl/it.A/id.1 ... gory=23424

Dr. Jekyll and Mr. Hyde (1941)
18. Main Title (1:18)
19. First Experiment/First Failure/
In The Laboratory (3:57)
20. Ivy’s Room – Parts 1 & 2 (2:41)
21. Work Montage/Albert Hall/Mr. Higgins Died (3:03)
22. Walk Through The Park And A Letter To Miss B (1:49)
23. Unexpected Visitor (1:56)
24. Sex Montage (Daniele Amfitheatrof) (0:57)
25. See Me Dance The Polka (George Grossmith) (3:07)
26. Ivy Alone (Daniele Amfitheatrof) (0:32)
27. Piano Improvisation (1:34)
28. The Museum (2:11)
29. Grande Valse Brillante,
Op. 34 No. 2 In A Minor (Frédéric Chopin) (0:57)
30. Farewell, Beatrice – Parts 1 & 2 (0:31)
31. Hyde’s Escape/Trapped (5:36)
32. Finale (0:46)
Score Time: 31:12

[Sam Lowry]

Ah, je me suis mal fait comprendre on dirait.... je parlais bien du cd dont tu as mis un extrait en ligne (HOLLYWOOD NIGHTMARES dirigé par John Mauceri).
La box Waxman d'Intrada, je l'ai déjà... Je sais. Je suis un collectionneur avide...

[Scorebob]

Que du bonheur alors , une petite piste pour ta quête:

https://www.discogs.com/fr/sell/release/13260027?ev=rb

[Dadid]

Il y a aussi une suite réenregistrée de Jekyll and Mr. Hyde, à côté d'autres pépites, sur cette ancienne mais néanmoins excellente compil Silva.

[Scorebob]

Oui , l'ensemble dirigé par Stanley Black est excellent, la suite pour The Omen rarement aussi bien interprétée ailleurs.

[Sam Lowry]

Ah super ! Merci BobbyBob ! (je ne pense jamais à aller sur ce site)....... Le cd est bien moins cher que partout ailleurs !

[Scorebob]

Attention au frais de port cependant, parfois c'est n'importe quoi